Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Naucler.vol. 3.

main. Mais ce dernier s'étant relâché de fon droit ou AN. 1458. prétendu ou réel, les deux freres demeurerent encore quelque tems aux prises, jufqu'à ce qu'après beau- general. 49. p. coup d'évenemens dont nous ne toucherons ici que les plus confiderables, ils fe réconcilierent enfin par un traité fait à Fribourg.

La Hongrie avoit auffi plusieurs concurrens, mais la mémoire des fervices qu'Huniade avoit rendus, réunit prefque tous les fuffrages en faveur de Matthias fon fils. Ce prince étoit prifonnier en Bohême; mais Michel Zilagius fon oncle voiant que les efprits étoient déja difpofez en fa faveur, fçut les ménager adroitement; & tant par fon industrie que par fes intrigues, il fit fibien, que Matthias fut proclamé. hautement roi de Hongrie.

481.

XLVII.

Matthias fils d'Huniade élû

epift. 523.

9.

Le cardinal de Saint Ange qui étoit légat en Bohême auprès de Ladiflas, ne s'attacha pas feulement roi de Hongrie. à faire valoir les mérites du pere pour l'établissement du fils, mais il étendit encore fon zéle à fe rendre En. Sylv. solliciteur de son élargissement, auprès de Pogebrac, Bonfin 3. dec. qui fut charmé de trouver une occafion dans laquelle il pût donner des marques de fa genérofité, à condition toutefois que Matthias épouferoit fa fille. L'affaire réüffit felon fes projets, & Matthias fut élu roi de Hongrie. Pogebrac eut encore pour fa récompenfe foixante mille écus d'or.

XLVIII.

L'empereur

tend au roïaume de Bohéme

L'empereur Frederic prétendant qu'il lui appartenoit de difpofer de la couronne de Bohême, parce Frederic préque Ladiflas avoit négligé d'en rendre hommage avec les céremonies ordinaires, la deftinoit déja pour lui, ou pour quelqu'un des fiens. Cafimir beau-frere de Ladillas faifoit valoir la raison en quelque ma

AN.1458.

niere apparente d'avoir époufé la fœur du dernier roi de Boheme; & par cette même raifon Guillaume duc de Saxe qui avoit épousé l'aînée, prétendoit avoir la préference. Albert & Sigifmond ducs d'Autriche fe fondoient fur l'ancienneté de l'alliance depuis long-tems contractée entre les maifons d'Autriche & de Boheme, touchant leur fucceffion réciproque faute de mâles. Pogebrac de fon côté faifoit valoir fon droit qui confiftoit en ce que depuis long-tems il gouvernoit le royaume, & que d'ailleurs il n'étoit point étranger: & quoique cette raison ne fut pas d'un grand poids, les états néanmoins y eurent beaucoup d'égard, parce que Rocquefane, qui étoit comme le moteur de cette élection, n'ignoroit pas que le prétendant n'étoit point ennemi de fa fecte; & cette confideration prévalut fur toutes les autres. Pogebrac élú Pogebrac fut proclamé roi de Boheme le cinquiéme roi de Boheme. de Mars 1458. & facré par deux évêques Hongrois le jour de l'Afcenfion: & quoiqu'il fut fecretement imHuffit. lib. 12. bu des erreurs de Jean Hus, il ne laissa pas de ména‐ Dubrav. lib. ger le pape, & de déclarer le jour de fon couronnement, qu'il fe foumettroit à fon autorité fpirituelle touchant la foi de l'églife.

30.

XLIX.

Cochlée hift.

Papieus lib. 6.

Son élection fe fit fans prefque aucune oppofition. La pluralité des voix fut pour lui. Ceux des Catholiques qui craignans que ce nouveau roi n'abolît la veritable religion, lui avoient refufé leurs fuffrages, fe tromperent néanmoins, parce que Pogebrac étoit perfuadé qu'il ne pouvoit regner en paix qu'en fe réconciliant avec l'église. Il est vrai qu'il ne laissa pas de poursuivre les rebelles; mais il ne les eut pas plûtôt foumis, que pour témoigner un plus grand

defir de rentrer dans la communion de l'églife, il extermina les Thaborites par cet artifice. Leur divi- AN. 1458. fion avec les Orphelins avoit ceffé par la defaite de

:

L.

extermine leur armée mais la réunion de ces deux fectes n'a- les Thaborites. voit point empêché que les Huffites ne se séparassent les uns des autres une feconde fois. Ceux qui n'avoient pas voulu fe retrancher à la communion fous les deux efpeces, fe trouvant les plus forts, s'étoient faifis par adreffe de la ville de Thabor, où ils profeffoient en toute liberté les quarante-cinq articles de leur créance, lorfque Pogebrac defefperant de les réduire, s'en défit par ce moyen.

Il gagna Roquefane, qui feignant d'être encore de leur parti, leur perfuada de fe foumettre fans appel à ce qui feroit réfolu dans l'assemblée genérale des Huffites, & d'y envoyer leurs députez. Ils y furent condamnez, & fur le refus qu'ils firent de fe foumettre, Pogebrac marcha contre eux avec toutes fest forces. Il les afficgea dans Thabor,où ils fe défendirent avec beaucoup de valeur & d'opiniâtreté. Mais après un an de résistance, ils furent emportez d'affaut, & tuez avec tant d'exactitude, qu'il n'en refta. pas un feul. Pogebrac ne voulut pas même conferver la ville de Thabor qu'ils avoient fi régulierement fortifiée, de peur qu'il ne reftât quelques marques de ville de Tha rebellion dans un royaume où il prétendoit jouir dé- for & y met le formais d'un profond repos; il fit mettre le feu, & ordonna qu'on démolit les remparts jusqu'aux fondemens.

la

feu.

II.
Il détruit las

[ocr errors]

Le roi de Por

Alphonfe roi de Portugal s'embarqua cette année avec fon frere, dom Fernand de Villo fon oncle, tugal tait la dom Henrique grand-maître de l'ordre de Chrift, guerre

Eiij

Maures
Afrique.

[ocr errors]

Hifp. lib. 22.

& l'élite de la nobleffe de fon roiaume: il fit voile en AN. 1458. Afrique, & alla moüiller devant Alacer-Seguer où Alcaçar à fix lieux de Ceuta. Il mit pied à terre nonobstant la vigoureuse résistance des Maures qui bordoient le rivage. Il attaqua auffi-tôt la place, & l'emporta dès le premier affaut. Le mercredi dix-huitiéme Octobre, fête de faint Luc, il y fit fon entrée & y aiant laiffé pour gouverneur Edouard de Menezès fils naturel de D. Pedre de Menezès comte de Valence, il alla à Ceuta. A peine fut-il parti que le roi de Fez investit Alacer-Seguer avec trente mille chevaux & une très-nombreuse infanterie; il fit battre en même tems la place avec plus de cinquante piéces d'artillerie, dont il y en avoit qui portoient jufMarianahi. qu'à quatre cent livres de bale. Les affiégez fe défendirent avec une valeur extraordinaire, les vivres leur aïant manqué, ils tuerent leurs chevaux pour leur fervir de nourriture à la réserve de trente, avec lef quels trente Portugais commandez par D. Henrique de Menezès fils du gouverneur, firent une fortie, nettoïerent la tranchée, encloüerent le canon,& firent des actions dignes d'une éternelle mémoire. Martin de Tavora fauva la vie à Gonfalo Vas-Continho fon plus grand ennemi, fans vouloir toutefois fe réconcilier avec lui. Les Maures après avoir continué le fiége tout le refte de l'année, voïant que les Portugais ne marquoient aucune envie de capituler, prirent le parti de fe retirer après avoir perdu plus de cent mille hommes, & abandonnerent aux affiégez une partie de leurs canons & de leur bagage.

[ocr errors]

L'autre Alphonfe roi d'Arragon & de Naples fut ragon affiege encore plus malheureux devant Genes, que n'avoit

Alphonfe d'Ar

à Naples.

Naucler. vol.

Colinutio

été le roi de Fez devant Alacer-Seguer. Il affiégea AN. 1458. cette fuperbe ville par mer & par terre. Bernard de Villa-Major fon amiral s'étoit avancé jufqu'à Porto-Genes, & meurt Fino avec vingt navires & dix galeaffes. Il lui donna ordre de venir bloquer le port de Genes, pendant que Palerme Napolitain s'approchoit avec l'armée de terre. Il ferma fi bien les avenues de tous côtez, qu'il • gener. 49. réduifit la ville à la derniere extremité, & l'auroit infailliblement obligé de fe rendre, fi une fiévre ma- Blondus. ligne n'eût réduit Alphonfe au tombeau le vingt- Summont feptiéme de Juin 1458. lorfqu'il étoit encore à Na- Surita ples. Ce prince fut vaillant, affez dévot, libéral & Spon. protecteur des gens de lettres. Il étoit fçavant, & entendoit affez bien la théologie. Il fit du bien à Barthelemi de Faccio qui a écrit l'histoire de fon tems à George de Trebizonde, à Laurens Valle, & à Antoine Panorme Boulonnois, tous illuftres par leur profonde érudition. Il étoit âgé de foixante fix ans lorfqu'il mourut; & dom Juan fon frere lui fucceda aux roïaumes d'Arragon & de Sicile, parce qu'Alphonfe n'avoit point d'enfans. Ce dom Juan étoit déja roi de Navarre.

Fazel.

LIV. Ferdinand fils d'Alphonfe eft roi

Alphonfe avant fa mort avoit difpofé du roïau- naturel me de Naples en faveur de Ferdinand for fils natu- de Naples. rel, auquel il recommanda trois chofes en mourant. La premiere, de chaffer les Arragonois & les Catalans, comme fort hais dans le pais, s'il vouloit regner en paix. La feconde, d'ôter les taxes & les impôts. La troifiéme, de conferver la paix avec l'église, les communautez & les feigneurs d'Italie. Le pape Callixte qui avoit toûjours eu beaucoup d'aversion, quoiqu'en fecret, contre Alphonfe, n'ofant le té

S. Antonin tit. 22. cap. 160 S. I.

« AnteriorContinuar »