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guerra fa mere étant en ceinte de lui, avoit fongé qu'elle accouchoit d'un enfant mitré ; & comme c'é- AN. 145 8. toit alors la coûtume de dégrader les clercs en leur mettant une mitre de papier fur la tête, elle crut qu'Enée feroit la honte & le deshonneur de fa famille mais la fuite justifia le contraire. Il fut élevé avec affez de foin, & fit beaucoup de progrès dans les belles lettres. Après avoir fait fes études à Sienne: il alla en 143 1. au concile de Bafle avec le cardinal Dominique Capranica qu'on appelloit de Fermo,. parce qu'il étoit administrateur de cette église. Enée fut fon fecretaire, & n'avoit alors que vingt-fix ans.. Enfuite il exerça la même fonction auprès de quelques autres, & du cardinal Albergati qui l'envoïa en Ecoffe. A fon retour il fut honoré par le concile de Bafle des charges de reférendaire, d'abbréviateur, de chancelier, d'agent géneral, fut envoïé plufieurs fois à Strasbourg, à Francfort, à Constance, en Savoye, chez les Grifons, & fut pourvû de la prévôté de l'église collégiale de faint Laurent de Milan. Au milieu de ces négociations il publioit toûjours quelque ouvrage ; ce fut alors qu'il compofa ceux qui étoient favorables au concile de Bafle, & défavantageux au pape Eugene IV. Il changea de fentiment dans la fuite, lorfqu'il fut devenu pape, comme on le voit par fa bulle du vingt-quatrième d'Avril 1463. qui eft au commencement du recueil de fes œuvres, & dans laquelle il rétracte tout ce qu'il avoit écrit autrefois en faveur de ce concile, & fait défense d'appeller des jugemens du pape à aucun concile.

Felix V. voulut l'avoir pour fecretaire; & l'empereur Frederic l'appella en 1442.pour exercer le même

emploi auprès de fa majesté imperiale, qui l'honora AN.1458. de la couronne poëtique, & l'emploia en differentes ambassades, à Rome, à Milan, à Naples, en Bohême & ailleurs. Le pape Eugene IV. dont il avoit combattu les interêts dans fes écrits, fit néanmoins beaucoup d'estime de fon génie; & le pape Nicolas V. lui confera l'évêché de Triefte qu'il quitta quelque tems après pour celui de Sienne. Le même pape fe fervit de lui en qualité de Nonce dans l'Autriche, la Hongrie, la Moravie, la Bohême & la Silefie, où il réüffit très-bien, & fit des merveilles dans les dietes de Ratisbonne & de Francfort qu'il fit affembler pour former une ligue contre les Turcs. La mort de Nicolas V. fit échouer ce projet. Callixte III. qui fut fon fucceffeur, arrêta à Rome l'évêque de Sienne qui vouloit s'en retourner en Allemagne, & le fit cardinalen 1456. Enfin lorfque ce pape fut mort, on le choifit pour remplir fa place, comme on vient de le rapporter. Nous avons les œuvres en un volume imprimé à Bafle en 1551. Le recueil de fes lettres a été auffi imprimé à Nuremberg, à Louvain & à Lyon. Son fecretaire Jean Gobelin Perfona a écrit fon hiftoire en douze livres, ou, felon les meilleurs critiques, a prêté fon nom à ce pape, que lui-même l'a compofée. Elle a été imprimée à Rome in - 4°. en 1584. & 1589.& à Francfort in-fol. en 1614.

LXXI. Divers fenti

mens des princes fur l'elec

tion du pape.

Quoique fon élection ne fût pas également approuvée de tous les princes, toutefois ils en parurent à l'extérieur affez contens. Ferdinand roi de Naples en témoigna beaucoup de joie ; Alphonfe fon prédeceffeur & fon pere aiant été intime ami du cardinal de Sienne. Quoique François Sforce duc de Mi

lan

lan eût defiré qu'un autre eût été élevé à cette dignité, il ne laiffa pas d'ordonner des réjouiffances publiques dans tous fes états au fujet de cette élection. Le duc de Modene qui avoit de l'obligation à Piccolomini, parce qu'il s'étoit employé auprès de l'empereur Frederic pour lui faire donner l'inveftiture de ce duché, ne voulut pas fe montrer ingrat de fes bienfaits, afin qu'il lui continuât fa protection dans un tems où il étoit plus en état de lui faire du bien. Il fit faire un feu d'artifice à Ferrare, enfuite un tournois magnifique, & n'oublia rien pour marquer fa joye & fa réconnoiffance. Les marquis de Mantouë, de Monferrat & de Saluces qui étoient auffi amis du pape firent leur devoir en cette occafion. Les Vénitiens & les Florentins ne furent pas contens, parce qu'ils étoient anciens ennemis des Siennois; & ils furent fi peu maîtres de leur reffentiment, que fi quelqu'un de Sienne leur difoit dans les rues en les faluant, Dieu vous conferve, ils répondoient par des injures. Ils ne laifferent pas toutefois d'envoyer des ambaffadeurs à Rome pour féliciter le nouveau pape. L'empereur Frederic qui avoit fait donner à Piccolomini le chapeau de cardinal, apprit fon élection avec plaifir. Le roi d'Espagne en reffentit auffi beaucoup de joye. Mais ceux de France, d'Ecoffe, de Dannemark, de Pologne, de Hongrie & de Chypre n'en parurent pas fort fatisfaits.

AN. 1458.

LXXII.

dinal Capranica

Dans le tems qu'on faifoit les obféques du pape Mort du carCallixte, le cardinal Dominique Capranica mourut. Il fut beaucoup eftimé pour fon érudition, pour fon de Fermo experience dans les affaires, & pour les mœurs; on penfa même à lui pour le faire fucceder à Callixte, Tome XXIII.

H

AN. 1458.

LXXIII.

'Mort de Ma

phée Vegius.

pag. 45. tom.

felon quelques hiftoriens. Tous les gens de bien lè pleurerent ; & Gobelin dit que c'eût été un modele achevé de vertu, s'il eût été moins fujet à la colere. Il a compofé quelques ouvrages qui font une introduction pour le gouvernement du pontificat,un traité de l'art de bien mourir, un difcours à Alphonfe roi de Naples, & quelques autres.

Dans la même année mourut encore Maphée Vegius de la ville de Lodi proche Milan, dataire de Dupin, Bibl. Martin V. Il eft des auteurs de fon fiécle, dit Mr. Dudes Aut.15. fiecl pin, celui qui a écrit le plus utilement, le plus agréaXII. edit.d' Holl. blement & le plus élegamment. Le meilleur & le plus travaillé de fes ouvrages eft un traité de l'éducation chrétienne des enfans, dans lequel il parle avec beaucoup de folidité des devoirs des peres & meres, des études des enfans, & des vertus qu'on doit leur infpirer. Il eft plein d'une morale très - chrétienne & d'une fageffe peu commune. Les fix livres du même auteur, de la perfevérance dans la religion, contiennent une pieté très-folide, & des instructions très-utiles pour y faire de grands progrez, & pour entretenir & conferver des fentimens de piété & de religion; auffi-bien que les difcours des quatre dernieres fins de l'homme, qu'il traite avec beaucoup de nobleffe. Le dialogue de la verité exilée eft un jeu d'efprit. On a encore de lui un fupplément du douziéme livre de l'Eneide de Virgile, & quelques piéces de poëfie & d'éloquence.

LXXIV. Couronne

Pie II. s'étant fait couronner à Rome le troifiéme de Septembre, donna avis de fon élection à tous les ment du pape princes chrétiens, & demanda humblement leurs prieres. Il écrivit de même à l'univerfité de Paris. Sa

Pie II.

Pii II.

LXXV.

Il convoque l'affemblée de

écrit au roi de France.

lettre eft du quatriéme du mois de Decembre.Comme AN. 1458. il étoit perfuadé que les Turcs feroient toûjours de En. Sylv. grands progrez, tant que les princes chrétiens fe- epift. 84. roient divifez, il s'appliqua à les réunir; & comme il étoit très-difpofé à recevoir les confeils de ceux qui doivent contribuer au fecours de la religion chrétienne contre les infidéles, il convoqua une af femblée à Mantouë, comme en un lieu fort commode, & il y invita tous les princes chrêtiens, pour Mantouë, & en déliberer des moyens d'empêcher les conquêtes des Turcs. Quoiqu'il ne fût pas bien intentionné pour la France, à caufe de la pragmatique-fanction dont epist. 3850 il avoit été toutefois un des principaux auteurs, lorfqu'il étoit au concile de Bafle tout-à-fait déclaré contre Eugene IV. il ne laiffa pas d'écrire au roi Charles VII. pour le prier de fe trouver à Mantouë en perfonne dans le mois de Juin de l'année suivante, auquel tems elle étoit indiquée. Sa lettre eft du troifiéme du mois d'Octobre.

Il exhorte le roi comme le prince le plus pieux & le principal défenfeur de la religion chrétienne, à honorer cette affemblée de fa présence, parce qu'on tireroit de grands avantages de fes fages confeils dans une affaire de fi grande importance ; & que les autres princes, les nations & les royaumes voyant le fils aîné de l'églife fe trouver en perfonne à cette affemblée pour la défense de la cause commune, auroient honte de ne pas fuivre fon exemple. Il ajoûte que fi sa majesté n'y peut venir elle-même, elle y envoye du moins fes ambaffadeurs avec un plein pouvoir, non-feulement touchant l'affaire pour laquelle on devoit s'affembler, mais auffi pour ce qui regarde la

An. Sylvius

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