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AN.1458.

paix ou la tréve avec ceux qui étoient en differend avec la France; afin que tous les fidéles jouiffant d'une paix conftante & folide, on pût confommer l'ouvrage dans une parfaite union. Il reprefente au roi qu'il a juftement herité de fes prédeceffeurs le nom de Trèschrétien, pour avoir dignement défendu la religion de Jesus-Chrift, & que Dieu ne lui a donné une portion de fa puiffance, que pour être le protecteur de fon troupeau dans ces fâcheufes conjonctures. Enfin il lui fait fçavoir qu'on a exprès choisi Mantouë, afin qu'il y pût venir plus commodement, ou du 1oi de France au moins quelque prince du fang en fa place. Dans la réÆn. Sylvius, ponse que le roi fit à cette lettre, il louë le de fes pieux deffeins, & promet d'affembler les prélats, Cochlée hift. les grands feigneurs & autres perfonnes confidérables de fon royaume, pour traiter plus mûrement de cette affaire. Il l'affure auffi qu'il lui fera fçavoir ce qu'on auroit déterminé par fes ambaffadeurs aufquels il donneroit des pleins-pouvoirs.

7 LXXVI.

Réponse du

pape.

epist. 386.

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LXXVII.

pape

Pie II. écrivit auffi aux autres princes en des terLe pape écrit mes conformes à leur état & à leur condition: Il inà Pogebrac roi de Boheme. vita pareillement Pogebrac à cette affemblée, & ne Cohl. hift. fit point difficulté de lui donner la qualité de roi de Hussit. lib. 12. P. Boheme, à l'exemple de Callixte III. parce qu'il avoit

416.

abjuré au moins exterieurement fon hérefie. Pogebrac répondit au pape qu'il ne pouvoit pas fe trouver en perfonne à l'affemblée de Mantoue, ayant à réduire les Silefiens qui perfeveroient dans leur révolte: mais il promit d'y envoyer fes ambassadeurs. Comme l'empereur étoit par fa qualité celui qui Bellarion en- devoit faire le premier pas & le plus grand éclat, le reur & aux au- cardinal Beffarion lui fut envoyé par le pape, de mê

LXXVIII.

Le cardinal

voyé à l'empe

tres princes

me que vers tous les autres princes d'Allemagne, les folliciter tous ensemble à concourir unanipour AN.1458. mement pour un fi noble deffein : mais il y trouva d'Allemagne. les affaires tellement embaraffées par la mésintelligence de ces princes, & par la difpofition qu'il y avoit déja à une rupture ouverte,qu'on n'eut pas feulement le loifir de lui donner audience. Matthias roi de Hongrie étoit irrité contre l'empereur, de ce qu'il refufoit de lui rendre la couronne facrée dont fa majesté impériale s'étoit emparée,& fans laquelle néanmoins,fuivant une coûtume fuperftitieuse de cet état, il n'avoit que le nom de roi, la poffeffion du royaume ne lui pouvant être justement acquife que par l'impofition de cette couronne.Pogebrac sensible aux oppofitions ouvertes & fecretes que l'empereur formoit tous les jours, & qu'il continuoit de fomenter contre fon établiflement dans le royaume de Boheme, s'ouvroit de bon cœur à toutes les propofitions qu'on lui faifoit pour détrôner Frederic. Albert IV. & Sigifmond I. duc d'Autriche, l'un frere & l'autre cousin germain de fa majefté impériale, le prince de Baviere, les électeurs de Mayence, & palatin du Rhin, & presque toute l'Allemagne, étoient de la partie; tellement que la tempête groffiffoit tous les jours par le concours des puiffances qui venoient en foule. L'orage étoit prêt à tomber fur Frederic, fi fon bonheur & l'amitié du marquis de Brandebourg, qui s'y oppofa fortement,ne lui euffent épargné cette difgrace, en les garantiffant d'une chûte prefqu'infaillible.

Il eft vrai qu'il appaifa Matthias & Pogebrac par les affûrances fecrettes qu'il leur fit donner, au pre

LXXIX.

Troubles qui

regnent en Al

lemagne,

LXXX.

ménage les rois

de Boheme.

mier, de lui rendre la couronne de Boheme: au fe AN.1458. cond, de ceffer deformais de traverser son établissement par aucune voye directe ou indirecte, & d'appuyer encore fes interêts auprès du pape qu'il fçavoit L'empereur lui être contraire, & de ménager fi adroitement les de Hongrie & difpofitions du faint fiége, qu'il empêcheroit toûjours qu'on y procedât au préjudice de fa couronne. Ces mefures étant prifes par l'empereur, il fallut néceffairement que la confpiration échouât, & que ceux qui s'y trouvoient encore engagez, effuyaffent tous les reffentimens de Frederic, qui n'ofant attaquer les électeurs qui fembloient avoir confenti au projet de fa difgrace; ou peut-être ne voulant pas. tout à la fois s'attirer tant de puiffances, s'attacha feulement à agir contre les deux princes de fa maifon Albert & Sigifmond, comme aux deux principaux mobiles de la conspiration qui s'étoit tramée contre fon autorité. Tous ces troubles lui fervirent d'excufes auprès du pape, pour ne se point trouver à l'affemblée de Mantouë.

LXXXI.

Le pape con

me de Naples à Ferdinand.

La mort du pape Callixte ayant fini toutes les difficultez qui empêchoient l'investiture & le couronfirme le royau- nement de Ferdinand pour le royaume de Naples, Pie II. qui lui fucceda, fut bien-aise d'avoir la protection de ce prince, pour retirer des mains de Pifcinin les villles d'Affife, de Gueldo & de Nicera,dont il s'étoit emparé avec les troupes du feu roi Alphonfe qu'il commandoit. Ferdinand lui fit rendre ces places, & lui ceda Benevent & Terracine que fon avoit retenuës, & que le pape prétendoit être du domaine de l'églife. Pie II. par reconnoiffance lui envoya à Naples le cardinal des Urfins pour le couron

Spond. ad ann. 1458. n. 12.

pere

AN. 1458.

Vide Baron. tom. XI. annal.

tom.
no n. 26.

eod. an.

ner & le mettre en poffeffion du royaume, fans avoir égard aux oppofitions de René d'Anjou & de Jean duc de Calabre fon fils, qui étoit alors à Genes dont on l'avoit fait gouverneur, pour s'opposer à Alphonse. Cependant en faveur de ces deux princes, on ajoûta dans l'acte d'inveftiture, fans préjudice du an.1097.epidroit d'autrui, outre les autres conditions qu'on avoit coûtume de mettre dans l'inféodation du royaume. Ferdinand de fon côté, pour ne pas paroître Colleut. 1.6. ingrat envers le pape maria une de fes foeurs avec ex Monftrelet. Antoine Piccolomini neveu de fa fainteté, & lui donna le duché d'Amalfi pour fa dot, avec une grande fomme d'argent que Meyer fait monter à fix-cent mille écus d'or; fon pere Alphonfe, à ce qu'on difoit, lui ayant laiffe plus de fix millions. Piccolomini fut fait intendant de juftice dans tout le royaume de Naples. Par cet accord Ferdinand devint paisible poffeffeur de ces états.

LXXXII. Mahomet II,

prend Corinthe

& rend le Peloponéfe tribu

taire.

Tout n'étoit pas fi tranquille en Orient. Mahomet II. empereur des Turcs s'empara dans cette année de Corinthe qu'il prit par force, & rendit tout le Peloponese tributaire, pendant que les deux freres Paleologues Demetrius & Thomas fe faifoient la guerre, travailloient à leur propre ruine, & follicitoient les Latins à les fecourir. Phranzès déplore ici Phranz.lib.z. l'aveuglement de ces princes fur qui la colere de cap.3. Dieu éclatoit d'une maniere fi vifible; & Chalcondyle ajoûte, qu'il ne fe paffoit point d'année que les infidéles n'enlevaffent quelque chofe aux chrétiens. Il compte deux empires, douze royaumes, un grand nombre de provinces, deux cens villes confiderables; deforte que fi Dieu n'eût abregé les jours

Chalcondyl

liv. 9.ch. I.

de Mahomet, il fe feroit peut-être rendu maître de AN. 1458. toute l'Italie, fur laquelle il avoit déja gagné beaucoup de terrain.

LXXXIII, Gennadius fe

triarchat de

to.

Gennadius qui avoit été élu patriarche de Conftantinople, & inftalé par Mahomet aprés la prise de démet du pa- cette ville, affembla les évêques, le clergé & les Conftantinople principaux du peuple, & renonça en leur prefence au patriarchat qu'il avoit poffedé durant cinq ans & Voyez la contin. quelques mois. Il fe retira au monaftere de S. Jean 22 4.110.7.121 Prodome en Macedoine, où il finit fes jours en paix, quelques inftances qu'on lui fift pour l'arrêter à Conftantinople. On lui donna pour fucceffeur un certain Ifidore homme fimple & de mœurs reglées ; mais il ne jouit pas long-tems de cette dignité. Joafaf fut mis en fa place, homme fort paifible, & qui haiffoit les difputes.

LXXXIV.

En France le roi Charles VII. fouffroit avec peine Le roi de Fran- que les Anglois fuffent encore maîtres de Calais & ce fait la guerre de Guines en Picardie. Dans le deffein de retirer ces

aux Anglois.

places de leur domination, il fit un traité avec Chriftiern I. roi de Dannemarck, par lequel ce dernier s'obligeoit de fournir à la France quarante vaisseaux & fix à fept mille hommes à la folde du roi Charles, & qui feroient employez contre l'Angleterre. Ce traité avoit été conclu dès l'an 1456. fans qu'on voye qu'il ait été exécuté, fans doute parce que le roi de Dannemarck étoit brouillé avec le roi d'Ecoffe allié de la France. Cela n'empêcha pas le roi d'attaquer les Anglois, il le fit même à la follicitation de la reine d'Angleterre, qui voyant que Richard duc d'Yorck vouloit fe rendre maître abfolu des affaires, & usurper la royauté sur la maison de Lancastre,pour

la

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