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toujours fous des habits nouveaux, pour mon. trer fa grace & fa richeffe; enfin, quand l'af Egypte. femblée s'eft retirée, le mari entre dans la

Haute

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chambre nuptiale; le voile fe lève, & il voit

sa femme pour la première fois. Quand c'eft une fille, il faut que les fignes de la virginite paraiffent; autrement il eft en droit de la renvoyer le lendemain à fes parens: & c'eft le plus grand déshonneur qui puiffe arriver à une famille. Auffi il n'y a point de pays fur la terre, où les jeunes filles foient gardées avec plus de foin, & où l'on foit plus fûr d'épou fer une vierge.

Telles font, parmi les Égyptiens, les lois & les cérémonies du mariage. Le pauvre, comme le riche, les obferve fcrupuleusement. La fille de l'artifan eft conduite de la même manière à fon époux; toute la différence confifte dans l'appareil qui l'entoure. Au lieu de flambeaux, on la promène à la lueur du bois de fapin, qui brûle dans des réchauts de fer, portés fur de longs batons; au lieu de danfeufes & de muficiens, elle eft précédée de tambours de bafque & de baladins. Enfin la fille du pauvre, qui ne peut avoir un dais & un cortége, emprunte un voile; marche au bruit des cymbales ou de morceaux de métal, que des malheureux agitent en cadence.

Les Cophtes obfervent à-peu-près les mê

mes cérémonies; mais ils ont coutume de Hautefiancer de jeunes filles de fix-à fept ans. Un Égypte. anneau qu'ils leur paffent au doigt, eft le figne de cette alliance. Souvent ils obtiennent des parens la permiffion de les élever chez eux, jufqu'à ce qu'elles foient nubiles; feulement ils ne peuvent avoir qu'une femme à-la-fois.

Un Mufulinan ne peut époufer une femme, fans lui affigner une dot proportionnée à ses facultés. S'il veut s'en féparer, il fait venir le juge, & déclare, en fa préfence, qu'il la répudie; & lorfque les quatre mois de grace font expirés, il lui remet la dot portée dans le contrat de mariage, & les biens qu'il en a reçus; s'ils ont des enfans, le mari retient les garçons, & la femme emmène les filles. Dès ce moment, ils deviennent libres de contra&ter de nouveaux engagemens.

Haute

Égypte.

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pour

LE
E climat de l'Égypte paffe avec raison
très-chaud. Ce royaume commence à la zone
torride, & le prolonge l'efpace de neuf degrés
dans la zone tempérée. Il eft vrai que les cha-
leurs de la Thébaïde furpaffent celles que l'on
éprouve dans beaucoup de contrées placées
directement fous l'équateur. Le thermomètre
de Réaumur, quand l'haleine embrâsée du vent
de fud fe fait fentir, monte quelquefois à trente-
huit degrés au-deffus du terme de la glace, & fou-
vent à trente-fix. Il faut attribuer ce phénomène
à l'aridité des plaines de fables, dont la haute
Égypte eft environnée, & à la réverbération
des monts qui la refferrent dans toute fa lon-
gueur. Si la chaleur était le principe des ma-
ladies, le Said ferait inhabitable. La feule
qu'elle paraît occafionner, eft la fièvre ardente
à laquelle les habitans font fujets, & dont ils
fe débarraffent avec la diète, en buvant beau-
coup d'eau & en fe baignant dans le fleuve,
Ils font d'ailleurs fains & robuftes on y voit

un grand nombre de vieillards, & plufieurs montent à cheval à l'âge de quatre-vingts ans. HauteLe régime qu'ils obfervent pendant la faifon Egypte. brûlante, contribue beaucoup à la confervation de leur fanté : ils ne fe nourriffent prefque que de végétaux, de légumes & de lait; ils ufent fréquemment du bain, mangent peu, boivent rarement des liqueurs fermentées, & mêlent beaucoup de jus de citron dans leurs alimens. Cette fobriété conferve leur vigueur jusques dans un âge très-avancé.

Auffi-tôt après l'inondation, les champs se couvrent de moiffons. Les exhalaifons des eaux que le foleil élève pendant le jour, condensées la fraîcheur des nuits, retompar bent en rofées abondantes. Le vent de nord, qui, durant l'été, fouffle continuellement, ne trouvant point d'obftacle à fon cours dans l'étendue de l'Égypte, dont les montagnes font peu élevées, chaffe vers l'Abyffinie les vapeurs des marais & des lacs, & renouvelle fans ceffe l'atmosphère. Peut-être que les émanations balfamiques de la fleur d'orange, des roses, du jasmin d'Arabie, & des plantes odorantes, contribuent à rendre l'air falutaire. Sans doute auffi que les eaux du Nil, plus légères, plus douces, plus agréables au goût qu'aucunes de celles qui font connues, ont

une grande influence fur la fanté des habitans. Haute- Toute l'antiquité a reconnu leur excellence : Égypte. ce qu'il y a de certain, c'est qu'on les boit avec une forte de volupté, & la quantité ne fait ja mais de mal. Seulement, comme elles font impregnées de nître, elles purgent doucement ceux qui en ufent avec excès. Je ne dirai pas avec plufieurs écrivains, qu'elles procurent la fécondité aux femmes, qu'elles donnent de la vigueur & de l'embonpoint aux hommes le voyageur fidèle doit s'arrêter là où commence le merveilleux, & ne citer que les faits qu'il peut garantir.

Dans la baffe Égypte, le voifinage de la mer, la grandeur des lacs, l'abondance des eaux, amortiffent les feux du foleil, & y entretiennent une température charmante. Il était réfervé à quelques modernes de nous enfeigner une doctrine contraire. Ils prétendent que de nos jours, cette contrée eft devenue, par la négligence des Turcs & des Arabes, le berceau de la pefte; que la culture du ris fuf

fit
pour engendrer des maladies nombreuses.
Ces affertions ont un air de vraisemblance qui
pourrait en impofer aux perfonnes qui n'ont
point habité l'Egypte.

Dans des vallées fermées par de hautes montagnes, où l'atmosphère ne peut être fans

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