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globe, & y décrire un petit cercle parallèle à l'équateur. Il faut donc connoître encore la diftance du lieu d'où l'on eft parti, la différence de longitude, & déterminer le méridien qui coupe le parallèle dans le lieu occupé par le vaisseau (a). On ne pouvoit y parvenir alors que par les phénomènes, par les fignaux céleftes. Ces fignaux fe réduifoient aux éclipses de foleil & de lune; ces éclipfes font trop rares, un besoin du moment ne peut pas les attendre. Galilée vit que les phénomènes des fatellites de Jupiter, prévus & calculés pour un lieu connu, & à des heures convenues, pourroient donner la longitude par la comparaison de l'heure où ils feroient obfervés fur la mer. Nous ignorons quels étoient les phénomènes dont Galilée propofoit de fe fervir; mais il falloit toujours une connoiffance entiere & précise du mouvement de ces astres. Ici le génie ne pouvoit être fecondé que par un long travail, par une observation conftante; Galilée offrit de s'y dévouer. Les Hollandois, à qui rien n'échappe de ce qui eft utile au commerce, accepterent fes offres, ils lui députerent Hortenfius & Blaeu, ils lui deftinerent une chaîne d'or, parce que les services rendus à l'humanité, & fur-tout le génie ne se payent dignement que par l'honneur. Cette méthode n'a cependant point encore accordé à la navigation les fecours qu'elle demandoit. D'ailleurs elle devoit recevoir fa perfection & sa véritable utilité des mains de Dominique Caffini; mais Galilée la lui avoit indiquée, & il en eft le premier auteur. Peu de tems après l'arrivée des députés, Galilée perdit fubitement la vue; le ciel se ferma pour lui, comme fi la nature avoit dit, tu as assez vu. Il communiqua fes observations & fes idées à fon disciple Reinieri; il put voir encore par fon

(a) Suprà, Tom. I, p. 113. Tome II.

organe, mais

S

depuis qu'il ne voyoit plus lui-même, la vie fembloit lui devenir inutile. L'âge avançoit, & le traînoit honorablement vers la tombe, qui s'ouvrit en 1642; heureux encore dans fa prifon, ou plutôt dans fon exil, d'avoir pofé la loi fondamentale du mouvement accéléré, fatisfait d'avoir vu des merveilles que nul mortel n'avoit vues avant lui, certain fur-tout de n'avoir point offensé l'Être fuprême, en démontrant une de ses vérités, il mourut tranquille avec toute fa gloire, plus difficile à ravir que la liberté.

HISTOIRE

DE

L'ASTRONOMIE MODERNE.

LIVRE TROISIE ME.

Des Aftronômes contemporains de Képler & de Galilée, & de ceux qui les ont fuivis.

S. PREMIER.

ont

Nous avons montré deux hommes, qui ont été des réformateurs, & qui, en créant des vues de la nature ouvert une vaste carriere. Une foule de contemporains & de fucceffeurs ont marché fur leurs pas, mais le nombre des idées acquifes n'eft pas proportionné au nombre des hommes. Dans l'hiftoire des fciences, une feule tête occupe une grande place, plufieurs font ferrées dans un petit espace, & l'espace paroît encore vide. Il eft des circonstances où c'est beaucoup de ne pas rétrograder; lorfque la lumiere eft encore incertaine

pas

& vacillante, le génie peut feul appercevoir & combattre les erreurs. En son absence, c'est donc beaucoup fi les anciennes erreurs n'ont pas été rappelées, s'il ne s'en eft élevé de nouvelles : enfin fi l'efprit humain n'a rien perdu dans l'intervalle depuis Képler & Galilée jusqu'à Descartes, où la France commence à influer fur les sciences, & jufqu'au tems de l'établissement des sociétés favantes, qui font les jours de gloire de la nouvelle astronomie.

S. I I.

Si nous jetons un coup d'œil fur le Dannemarck, nous y verrons les regrets du départ de Tycho, & des injustices qu'il avoit fouffertes. Chriftiern IV, le même Roi qui l'avoit laiffé s'expatrier, fentit la perte des fciences exilées avec ce grand homme. On donna une chaire de mathématiques à Longomontanus & on éleva à Coppenhague même un temple, c'est-à-dire, un observatoire à l'astronomie. On y retraça une foible image d'Uranibourg, dont les veftiges mêmes étoient effacés, & c'eft aux follicitations de Longomontanus que fut dû ce nouvel établissement (a).

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Longomontanus fortit d'un village de Jutland en Dannemarck; fon pere étoit laboureur, & il paffa fa jeunesse entre l'étude, qui étoit la paffion de fon ame, & la culture de la terre, qui le faifoit vivre. Tycho le reçut parmi fes difciples en 1589, il le garda près de lui, & l'emmena même à Prague, où l'Empereur le lui donna avec Képler pour l'aider dans fes obfervations. Mais l'amour de la patrie parla au cœur de Longomontanus, & il abandonna fon maître pour elle. Il ramena dans le Dannemarck le goût de l'astronomie. On s'occupa de

(a) M. Picard, Voyage d'Uranibourg; Mém, Acad. Scien,

construire un obfervatoire à Coppenhague; les fondemens en furent jetés le 7 Juillet 1632; il ne fut totalement achevé qu'en 1656, & il a été détruit par l'incendie de 1728. La tour avoit cent onze pieds de haut & quarante-fept de diametre: elle étoit meublée des inftrumens néceffaires. M. Picard en 1671 y vit le fameux globe de quatre pieds & demi de diametre, où Tycho avoit deffiné les conftellations. Ce globe avoit été transporté en Bohême, & fut rapporté précieusement en Dannemarck, comme un reste d'un grand homme dont les travaux glorieux avoient été fi mal récompensés.

S. II I.

LONGO MONTANUS fut un obfervateur pour le tems, il fortoit de l'école de Tycho; du refte fidelle aux premieres impressions, il conferva les opinions de fon maître; il avoit fans doute une grande partie de ses observations, il en profita pour compofer un grand ouvrage intitulé l'Aftronomie danoife, où l'astronomie étoit en effet réformée fur les obfervations de Tycho. Mais Longomontanus y conserve toute la vieille forme de l'aftronomie; ce font les épicycles, le mouvement du centre de l'excentrique établi par- Ptolémée, la libration du centre de l'épicycle le long de fon diametre, imaginée par Tycho. Il n'inventa rien après lui, & il n'étoit pas au niveau de Képler qui élevoit fon fiecle (a). Il donne à la fois les formes du calcul dans les trois fyftêmes, de Ptolémée, de Copernic & de Tycho ; ce qui fignifie qu'il n'avoit pas affez de lumieres pour faire un choix. Il n'ofoit produire feul l'opinion de Tycho, il n'ofoit cependant lui en préférer une autre. Il corrige la

(a) Aftron, Danic,

Riccioli Almag. T. I, p. 263, 519.

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