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bolique, ou du moins une route courbée, parce que la force de la poudre qui lance obliquement les unes, est altérée eft altérée par la pefanteur qui veut les ramener vers la terre; parce que la force des bras & des rames qui dirige un bateau d'un bord à l'autre, est contrariéé par le courant qui tend à l'entraîner. Hévélius chercha deux forces dans les cometes; l'une eft la force d'impulfion, par laquelle, felon lui, elles fortent de l'atmofphere des planetes où elles font nées (a); l'autre eft une tendance vers le foleil, à qui e'les doivent toujours préfenter la même face (b); il alla même jufqu'à remarquer que la vîteffe des cometes étoit la plus grande dans le point où leur courbure eft la plus marquée, où la ligne menée du foleil eft perpendiculaire à leur route, en un mot au fommet de la parabole (c). Hévélius favoit affez de mathématiques pour en conclure que le foleil étoit dans le plan de la courbe, puifqu'il est le centre de regard & de tendance, & qu'il étoit en même tems placé dans la ligne que nous nommons l'axe de la parabole. Mais il n'alla pas plus loin; les progrès & les pas ultérieurs étoient réfervés à d'autres aftronômes. Si la tendance vers le foleil, apperçue par Hévélius, est présentée d'une maniere occulte, elle est la lueur d'une vérité qui devoit fe montrer un jour avec plus d'éclat : mais il rappela formellement l'analogie intéreffante des cometes avec les planetes; il rompit le préjugé à cet égard. Les unes, vrai, font des corps formés tout à coup, paffagers, déjà caducs, quoique nouveaux; les autres font des corps permanens, & qui durent avec le tems. Mais les cometes décrivent une parabole en s'éloignant, ou en s'approchant du foleil ; & comme les planetes parcourent autour de lui une ellipfe fermée, les unes

(a) Hévélius, Cometog. pag. 666 & 670.

(b) Ibid. p. 666.
(c) Ibid. p. 669.

il eft

& les autres fuivent donc une trajectoire conique, avec une affinité inconnue, mais remarquable, & avec une harmonie incompréhensible : ce sont ses termes (a).

Voilà le degré ou Hévélius, Huygens, Bouillaud & l'Europe avec eux, avoient porté l'aftrohomie à cette époque de l'année 1665. La fin de cette année & le commencement de la fuivante. font mémorables; c'est l'époque de l'établissement des Académies en France & en Angleterre ; c'est le tems où les progrès devinrent rapides, où les travaux font multipliés & mêlés. Dans les deux livres fuivans nous réunirons les inftrumens inventés pour une perfection jufqu'alors inconnue & inefpérée ; nous décrirons la nouvelle maniere d'observer, qui fonda une nouvelle astronomie; mais nous ne pourrons plus déformais féparer les hommes & les présenter isolés. L'édifice de la science commence à s'élever par un concours; tant de bras y travaillent à la fois, que nous ne pouvons plus faire un ensemble de la vie des astronômes, & profiter de l'intérêt qu'ils inspirent comme hommes. Nous ne devons avoir égard qu'aux chofes; ce font elles qui formeront le tableau. Il nous faut suivre les années, marcher non avec l'homme, mais avec l'efprit humain, & développer par degrés les vérités & les idées dans l'ordre que fuit le tems, en les répandant fur la terre.

(a) Cometog. p. 704.

Borelli a comparé auffi la route des cometes à une parabole. M. Fossombroni nous mande d'Italie que dans le 1er vol. des Lettres non publiées des hommes illuftres, volume imprimé en 1773, on trouveune lettre de Borelli, du 4 Mai 1665, au prince Léopold, où il dit: » il me femble

» que le mouvement réel & véritable de » la comete actuelle ne fauroit en aucune → maniere avoir lieu dans une ligne droite, » mais dans une courbe, tellement fem» blable à une parabole, que c'eft un fujet » d'étonnement. Cela fe démontre non feulement par le calcul, mais par une expé rience mécanique.

HISTOIRE

HISTOIRE

DE

L'ASTRONOMIE MODERNE.

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LIVRE SIXIE ME.

De l'Établissement des Académies, & de l'Invention des nouveaux Inftrumens.

S. PREMIER.

LES premiers inftrumens pour les progrès des sciences furent les Académies. Au milieu des opinions diverses qui naissent & meurent fur la terre, qui fe combattent & fe détruifent, la vérité trouva des afiles. On dit tout ce qu'on veut dans le filence du cabinet, on y parle fans contradicteurs; il n'en eft pas de même dans une affemblée de favans, dont on craint le regard pénétrant & la cenfure éclairée. Les opinions ne s'établiffent point fans combat ; les vérités ne font admises qu'après Tome II.

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avoir été reconnues : le dépôt qui s'y forme croît avec les années, & s'épure à tous les momens. Un avantage non moins grand de ces corps eft celui de leur unité & de leur durée ; ils font toujours vivans, les hommes fe fuccedent, le même efprit demeure. Le feu facré n'eft plus confié aux foins des particuliers, il est confervé dans le temple de Vesta: tant que ces temples subsisteront, l'ignorance ne se montrera pas; l'inftruction durera autant que ces dépôts de lumiere. Si l'efprit humain est le résultat des travaux de nos ancêtres, & des efforts de la génération subfistante, c'est sur-tout dans les Académies que les vérités nouvelles s'ajoutent aux vérités connues; c'est là que l'efprit humain réfide: il y eft vivant dans un nombre d'hommes réunis ; il y parle, il y rend fes oracles par leur organe ; & fous cette forme humaine, animé des passions de l'utilité & de la gloire, il est unique comme l'individu, & durable comme l'efpece.

S. I I.

L'ACADÉMIE étoit jadis le lieu où Platon inftruifoit fes disciples: nous nous assemblons encore fous les aufpices de ce philofophe; & ce nom, transmis à nos fociétés modernes, annonce que la philofophie doit être l'efprit de ces affemblées. La premiere, la plus ancienne Académie fut établie par CharlesMagne & par le Confeil d'Alcuin. Ce n'étoit qu'une fociété d'érudition, la philofophie ne s'y montroit pas. La philofophie parut d'abord à Paris dans des fociétés particulieres; Gaffendi, Descartes, Hobbe, Roberval, les Pascal pere & fils se réuniffoient chez le P. Merfenne; on y traitoit des sciences, on y propofoit des questions pour hâter leurs progrès. Ces affemblées fe tinrent enfuite chez M. de Montmort & chez M. Thevenot. M. de Fontenelle raconte que des gentilshommes Anglois voyageant en France, après avoir goûté l'utilité de ces affemblées,

en emporterent l'efprit dans leur patrie (a). Les plaies des guerres civiles faignoient encore; la tyrannie des Cromwel alarmoit les esprits, & ne leur laiffoit de liberté que dans le fein des sciences, dans la culture de leurs vérités paisibles, & fur-tout séparées des vérités morales & politiques, qui font l'effroi des ufurpateurs. Les Anglois formerent de pareilles affemblées à Oxfort bientôt elles donnerent naiffance à la Société royale de Londres, & lorfque le trône eut été rendu à Charles II, l'héritier légitime, la Société royale fut établie par fon autorité; & le génie de la nation donna à cette institution un caractere si mâle & fi puissant, qu'on doit à sa constance & à fes efforts les plus grands progrès des sciences & de la vérité. L'académie del Cimento, fondée en 1657 par le cardinal de Médicis, l'avoit précédée, mais elle ne dura que peu d'années. L'établissement de la Société royale fut commencé en 1659; elle prit une forme réguliere en 1662, & fes mémoires, intitulés Tranfactions philofophiques, ont commencé à l'époque de 1665.

S. II I.

L'ACADÉMIE des Sciences de Paris fut fondée à la fin de l'année suivante. La France, depuis long-tems troublée par la guerre, refpiroit par la paix des Pyrenées; Mazarin n'étoit plus, Louis XIV régnoit déjà par lui-même, & les idées de la nation s'aggrandifsoient avec les fiennes. Il aimoit la domination & la guerre, mais il encouragea les arts de la paix ; il fentit les avantages qui réfultent, pour l'état & même pour les Rois, de la culture des fciences & des lettres, l'encouragement descend du trône, & leur gloire rejaillit sur lui. L'Académie françoise, établie dès 1635 par un grand ministre,

(a) Hiftoire de l'Acad. des Scien. Tome I, p. 3、

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