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n'étoit encore bien conftaté que pour la lune. Albategnius avoit indiqué le mouvement de l'apogée du foleil, ou de l'aphélie de la terre; Newton, qui ne trouva rien de certain à cet égard dans les déterminations aftronomiques, qui douta fi les masses des planetes étoient affez fortes pour agir fenfiblement les unes fur les autres, établit que les aphélies & les noeuds des planetes étoient en repos (a). Les déterminations de Maraldi relativement à l'aphélie & au nœud, montrant dans l'un un mouvement progreffif, & dans l'autre un mouvement rétrograde, comme la théorie de Newton le demande, indiquoient l'universalité de la gravitation.

Quant au moyen mouvement de la planete de Jupiter, Maraldi remarqua que dans l'intervalle de quatre-vingt-trois années complettes Jupiter & le Soleil, vus de la Terre, reviennent au même point (b) du ciel. Mais pour examiner la justesse de cette période, pour connoître exactement le moyen mouvement de la planete, il faut, comme nous l'avons dit, comparer des obfervations éloignées, qui renferment dans leur intervalle un grand nombre de révolutions; Maraldi avoit ses propres obfervations & celles de fes contemporains, qu'il

on les crut immobiles. Quant à Mercure, en examinant certains paffages de cette planete fur le Soleil, on trouvoit un mouyement direct des noruds; d'autres le donnoient un peu rétrograde (Ibid. p. 422). D. Caflini en 1697 fe détermina à les regarder comme rétrogrades, mais non pas conftamment; il y fuppofoit une forte de balancement (Ibid. p. 215). Ces mouvemens étoient fi perits, les obfervations fi rares qu'on avoit bien de la peine à établir quelque chofe de certain. Cependant on peut remarquer que toutes les déterminations fe rapprochoient de la théorie, qui montre que le mouvement des nœuds doit être rétrograde,

(a) Principes mathématiques, Liv. III, Prop. 14.

Cependant Newton a prévenu les déterminations aftronomiques, &. a calculé quel pourroit être le mouvement des aphélies de Mars, de Vénus & de Mercure, en conféquence de l'action de Jupiter & de Saturne fur ces trois planetes. Comme les masses de Mars, de Vénus & de Mercure ne font pas connues, il n'a pu calculer leur réaction fur Jupiter, pour faire avancer fon aphélie, Les mouvemens obfervés par Maraldi prou voient que ces maffes, quoique petites, avoient encore un effet fenfible.

(b) Mém. de l'Acad. des Scien. an. 1719, P. 314.

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pouvoit comparer aux obfervations de Tycho, déjà éloignées de plus d'un fiecle, à d'autres obfervations faites au com-mencement du fixieme fiecle, & enfin aux obfervations chal-, déennes faites trois fiecles avant notre ère. Il trouva que le moyen mouvement de Jupiter étoit alors plus rapide qu'il ne le fut jadis (a).

S. II I.

MARALDI examina enfuite la théorie de Mars; il ne fit que quelques légeres corrections aux élémens établis par Képler dans fes Tables Rudolphines. Ce grand homme avoit employé tant d'efforts & confumé tant d'années pour cette planete, qu'il étoit naturel que fa théorie fût plus exacte (b). Cette planete n'annonça point de dérangement fenfible; il n'en eft pas de même de Saturne, qui fut étudié & fuivi avec le même foin. Flamsteed remarqua en 1683, que la période, qui ramene les conjonctions de Jupiter & de Saturne au même point du ciel, eft plus longue que Riccioli ne le fuppofe. Riccioli ne la faifoit que de 795 ans; Flamfteed la trouve de 853 (c). Maraldi s'étoit apperçu en 1704 d'un ralentiffement dans le mouvement de Saturne (d), Horrox l'avoit même foupçonné avant lui (e); Jacques Caffini entreprit en 1728 de comparer les obfervations anciennes & modernes, pour en déduire les moyens mouvemens & la théorie de cette planete. Il réfulte

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́(a) Mém. de l'Ac. des Scien. année 1718, P. 318.

Horrox avoit déjà remarqué que le moyen mouvement de Jupiter étoit trop lent dans les Tables Rudolphines de Képler (Lettres à Crabtrée, 3 Juin 1637, p. 289) Mais fans doute qu'il regardoit ce changement comme ane correctiondes Tables, plutôt que comine

une accélération réelle du mouvement de la planete.

(b) Ibid. année 1706, p. 66. (c) Tranfac. phil. 1683, No. 149. (a) Mém. Acad. Sc. 1704, p. 306. (e) Lettre d'Horrox à Crabizée, 14 Sep... " tembre 1639, p. 325.

Tranfact, philof. an. 1683, No. 1494

"

de ce travail que l'aphélie de Saturne avance par un mouvement qui lui eft propre, comme l'aphélie de Jupiter; ce qui confirme toujours la théorie de l'attraction. Il en résulte encore que le mouvement de Saturne paroît se ralentir (a), comme Maraldi l'avoit déjà obfervé. Ce ralentissement de Saturne & l'accélération de Jupiter offroient un phénomène bien fingulier, un phénomène entiérement nouveau dans la physique céleste. Qu'auroient dit les anciens qui atribuoient aux astres tant de regle & de fageffe, & fur-tout de constance? Les partifans de Descartes fuppofoient que les tourbillons de ces planetes se gênent mutuellement en gliffant l'un fur l'autre; les partisans de Newton reconnoiffent avec raifon l'effet de l'attraction universelle. Il étoit impoffible que les deux plus groffes maffes de notre fyftême après le foleil, que ces deux planetes dont les cercles font voifins, qui ne se séparent dans leurs révolutions que pour fe rejoindre au bout de vingt ans, n'euffent pas une influence fenfible l'une fur l'autre, foit pour accélérer, foit pour rallentir leurs mouvemens. Cependant il faut avouer que quelques obfervations modernes se refufoient au ralentissement de Saturne. Jacques Caffini, par une timidité qui eft prudence, n'ofa prononcer trop tôt fur ce phénomène nouvellement apperçu il fit comme tout homme fage, qui manque de données fuffifamment sûres, il établit un

(a) Mém. Acad. Scien. an. 1728, p. 67. Le même Jacques Caffini avoit examiné toutes les méthodes employées par fon pere & par tous les aftronômes, pour trouver dans l'orbite des planetes les points de leurs aphélies & de leurs périhélies (Ibid. 1723, P. 143). En 1728 il propofa une méthode plus générale, qui ne fuppofe point une ellipfe, pourvu que quelle que foit la courbe décrite, le mouvement foit femblable de part & d'autre de l'aphélie, avec des varia

:

tions égales de vîteffe. On fuppofe feule ment qu'on connoisse le mouvement moyenAlors, comme le mouvement vrai est le plus lent dans l'aphélie, le plus vite dans le périhélie, il ne s'agit que de choisir dans un grand nombre d'observations celles où le mouvement s'eft écarté le plus du moyen mouvement, foit en excès, foit en défaut. Ces inftans & les lieux obfervés donnent les points du périhélie & de l'aphélic. (Ibid. 1728, p. 67.

mouvement

mouvement moyen entre le plus vite & le plus lent; il dénonce l'irrégularité aux aftronômes, pour qu'ils foient attentifs à observer Saturne dans les circonftances favorables, & il laisse à l'avenir le droit de juger la question.

S. I V.

De tous les phénomènes de Saturne, les plus finguliers font ceux que présente fon anneau: ils avoient été inexplicables jufqu'à Huygens, qui déchiffra cette énigme; fon hypothèse fut univerfellement admife, Maraldi en 1714 développa. dans le plus grand détail cette explication. Il devoit Y avoir cette année une disparition de l'anneau; on se prépara à l'obferver. Les deux anfes diminuerent également de largeur, jufqu'au premier Octobre que l'anfe occidentale parut plus étroite; d'où Jacques Caffini conclut que les deux anfes ne font pas dans le même plan. En effet fi l'œil eft inégalement élevé au-deffus d'elles, une plus grande élévation doit faire appercevoir dans la plus baffe une partie plus large de

l'anneau. Succeffivement les anfes fe raccourcirent, le 9 elles

étoient réduites à moitié. Comme l'anneau eft double, on jugea que la partie antérieure, moins éclairée (a), avoit difparu la premiere. Le 12, l'anse orientale, celle qui le premier Octobre avoit paru la plus large, n'étoit plus vifible; il femble qu'elle auroit dû disparoître la derniere, à moins qu'elle n'eût changé de côté par un mouvement de rotation de l'anneau. Le 14 14 Saturne parut entiérement rond.

De cette obfervation, comparée aux observations précédentes, Maraldi conclut que les noeuds de l'anneau étoient dans le 19° 45' de la Vierge & des Poiffons, & que Saturne

(a) Suprà, p. 402.

Tome II.

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parcouroit 17 c'est-à-dire, 33' & demie de part & d'autre autour de ce point pendant que l'anneau étoit invisible. Les anfes doivent donc ceffer de paroître pendant un mois environ que Saturne emploie à parcourir cet efpace.

Huygens n'avoit montré que deux causes pour la difparition de l'anneau : celle où fon plan prolongé paffe par le foleil, où l'anneau n'est éclairé que par son épaiffeur; & celle où ce plan, également prolongé, paffe par la terre, & où nous ne pouvons voir que l'épaiffeur trop petite pour être apperçue. Maraldi découvrit une troisieme cause, c'eft lorfque le plan de l'anneau prolongé paffe entre le foleil & nous. Le foleil éclaire une furface de l'anneau, tandis que nous ne pouvons regarder que l'autre (a). Cette circonstance n'est pas précisément une cause de nouvelle difparition; mais l'invisibilité, qui a lieu lorfque la terre paffe par le plan de l'anneau, fe prolonge & fubfiste jufqu'à ce que la terre fe foit élevée au deffus de ce plan, & du côté éclairé par le foleil.

Le 10 Février 1715 les anfes reparurent (6), parce que le plan de l'anneau ne paffoit plus par le foleil, qui commençoit déjà à éclairer une des furfaces, mais par des rayons trèsinclinés. Maraldi a calculé que ce jour-là le centre du foleil n'étoit élevé fur le plan de l'anneau que de huit minutes; la lumiere envoyée à ce plan & réfléchie vers nous étoit déjà fenfible. Si

(a) Seit (fig. 34) la Terre en T, & Saturne en S, le plan de l'anneau SP paffant par le Soleil A, alors les anfes ne font pas vifibles. Soit, quelque tems après, la Terre ent & Saturne en K, le Soleil éclaire l'anneau par le rayon AN, & les anfes repazoiffent. Cependant la Terre s'avançant dans fon orbite & paffant en R, fe trouve dans la prolongation du plan de l'anneau KN, & les anfes difparoiffent de nouveau. Elles

zestent invisibles, non feulement parce que la Terre en R ne peut voir que l'épaiffeur de l'anneau, mais encore elles demeurent invifibles tant que la Terre, en conféquence du mouvement de Saturne & du fien, s'a pas atteint & dépaflé la ligne KRX, pour pouvoir confidérer la furface KN, qui eft éclairée par le Soleil.

(b) Mém. de l'Acad. des Scien, an 1756, P. 11.

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