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cés probabilités font puiffantes par leur union. Les grandes découvertes de Newton, qui toutes repofent fur cette base, y ont mis le fceau de la vérité; elles ont porté jufqu'à l'évidence le systême de Copernic, qui est le véritable systême du monde. Mais cette évidence exifte principalement pour les philofophes, pour ceux qui ont approfondi les fciences, qui font en état de juger leurs témoignages. Il est des efprits qui veulent des preuves directes & fenfibles; les probabilités les plus puiffantes n'ont de force que pour l'homme qui en connoît le calcul, & qui a le génie de les apprécier. Bradley donna ces preuves demandées : Roemer avoit déjà annoncé le mouvement de la lumiere; c'eft ce mouvement combiné avec celui de la terre qui produit l'aberration des étoiles. Ces étoiles ne changeroient point de lieu dans l'année, fi la terre étoit immobile ; & ce mouvement qui les déplace, fe diftribue à toutes les étoiles, de maniere qu'il leur imprime à chacune des apparences & des variations différentes. Ces variations répétées par l'infinité des étoiles, s'accordent pour justifier la cause suppofée. Ces milliers d'étoiles ne fe concertent point pour nous abufer, elles font évidemment affujetties à la cause apperçue par Bradley. Cette cause eft réelle, la lumiere se meut, & la terre avec elle, pour produire l'aberration. L'arrangement des corps célestes, renouvelé par Copernic, n'eft plus un fyftême, c'est l'ordre de l'univers dans fa vérité.

S. X I X.

CETTE grande découverte termine glorieusement Pintervalle que nous nous fommes propofé de parcourir dans ce volume; une infinité de fecours étoient préparés pour, des progrès nouveaux. On avoit élevé des obfervatoires à

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Leyde (a), à Nuremberg (b), à Berlin (c), à Bologne (d), å Altorf (e), à Cassel (ƒ), à Lisbonne (g), à Petersbourg (h), à Utrecht (i). Les princes & les philofophes, frappés des progrès qui furent dûs aux Académies de France & d'Angleterre, affocierent pour les mêmes travaux, des Sociétés savantes à ces compagnies célebres. Leibnitz, fous les auspices de l'Electeur de Brandebourg, fut en 1710 le fondateur de l'Académie de Berlin, destinée à devenir un des corps les plus éclairés de l'Europe, à s'illuftrer par les noms d'Euler & de la Grange, & fur-tout par le philofophe couronné qui en est le protecteur. Un particulier, le comte Marfigli, a fondé, ou plutôt a fait revivre l'Académie des fciences établie à Bologne fa patrie, il lui donna une nouvelle forme, & un éclat qui a été durable fous le nom d'Inftitut des fciences & des arts. La Suede avoit une Société favante à Upsal (k). Enfin le Czar Pierre I, qui avoit bien faifi toutes les fources de gloire, & tous les moyens d'utilité, commença à Petersbourg une Académie foutenue & élevée par la protection des deux Impératrices qui lui ont fuccédé (7).

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lemagne eut Eimmart, Veigel, Kirch, Wurtzelbaur, déjà cités plufieurs fois pour des obfervations aftronomiques. Ce fuc ce dernier, qui reconstruifit en 1692 un observatoire à Nuremberg, dans cette ville où Waltherus & Regiomontanus avoient fondé l'astronomie pratique, renouvelée par cur en Europe. Wurtzelbaur eut une conformité avec un aftronôme célebre, avec Hévélius; il refufa, comme lui, l'ufage des inftrumens garnis de lunettes ; il croyoit que la direction du rayon vifuel y étoit moins fure que dans les alidades (Weidler, p. 569). La France eut Sedileau, Chazelles, Lieutaud ; l'Italie · Bianchini & Manfredi ; l'Angleterre Keil & Whifton, dont le premier nous a laille une introduction à l'Aftronomie, où des élémens clairs & faciles de cette fcience

Mais l'astronomie avoit fait de grandes pertes; Hévélius étoit mort en 1687, Huygens en 1685, Flamsteed en 1719, Newton, dont la vie fut longue comme fa gloire, en 1722, âgé de quatrevingt-cinq ans. Cette longue vie ne fut furpaffée que par celle de Dominique Caffini, qui étendit fa carriere jusqu'à quatrevingt-huit ans, & mourut en 1713. Le philofophe, qui compare les faits amaffés avant lui, pour en tirer de grands résultats, a toujours affez de tems, pourvu qu'il ne foit pas venu trop tôt & qu'il ait affez de génie. Le moment de paroître fut favorable à Newton, & le génie ne lui manqua pas; auffi vingt ans lui fuffirent pour fonder une gloire éternelle. Mais ce n'est pas trop d'un fiecle pour un aftronôme curieux de connoître la nature céleste, qui fe meut & fe développe fi lentement. Ce seroit même infiniment peu, fans la précision moderne qui compenfe le tems, qui faififfant les petits effets de plus près & avec plus d'exactitude, peut en conclure les grands que la nature avoit réservés pour des générations accumulées. Caffini, dans fes dernieres années, perdit la vue comme Galilée, mais il dût mourir content; fa longue vie avoit été dignement employée à la vertu & à la gloire les annales de la science sont

traduits en François par M. le Monnier. Le fecond s'eft diftingué par une opinion finguliere. En remontant aux différentes apparitions préfumées de la comete de 1680, il en trouve une affez voisine de l'époque affignée au déluge univerfel; & il penfe que les vapeurs de la queue de cette comete rencontrées par la terre, avoient été la caufe de l'inondation générale : mais Newton a fait voir qu'il y a bien peu d'eau dans le volume dilaté de ces queues immenfes, & furtout trop peu pour un déluge. Enfin le Danemarck avoit Horrebow, qui obferva conjointement avec Roëmer, dans l'efpérance de découvrir la parallaxe annuelle des fixes. Roëmer & lui trouverent la

parallaxe des fixes, & en particulier celle de la Lyre de 30". Horrebow, qui continua les obfervations après la mort de Roëmer. arrivée en 1710, publia un ouvrage intitulé Copernicus triumphans, où il a toujours cru avoir démontré le mouvement de la terre par la parallaxe des fixes. Nous n'avons point vu cet ouvrage, mais M. de la Lande à qui on peut s'en rapporter, juge que les obfervations étoient défectueufes (Aftron. art. 2779). Il cft évident que cette parallaxe de 30 fecondes ne peut être qu'une erreur d'obfervation, les aftronômes modernes M. de la Caille, qui a tant obfervé ces deux étoiles de la Lyre & de Syrius, auroient apperçu cette parallaxe qui feroit très-fenfible.

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pleines de fon nom & de fes titres. Maraldi fon neveu, lui furvéquit & mourut en 1729. Halley, Bradley, Jacques Caffini & M. Delisle reftent à l'époque où nous fommes, pour inftruire les nouveaux aftronômes, pour lier à cette génération signalée & respectable par tant de fuccès, la génération actuellement vivante, qui s'avançoit pour augmenter de ses idées & de fes travaux la maffe de nos connoiffances, & pour élever encore cet édifice auguste de l'astronomie, fondé par le tems & rendu inébranlable par le génie.

DISCOURS

DISCOURS

SUR LA NATURE

DES CORPS LUMINEUX ET DES CORPS OBSCURS

DE L'UNIVERS.

IL eft un corps qui luit par lui-même, qui est la source de la

lumiere & de la chaleur; il éclaire, il féconde, il vivifie tous les corps affemblés autour de lui. Ce vafte corps, douze cent mille fois plus gros que celui qui nous fut donné pour demeure, est un foyer immense & inépuisable de tous les biens qu'il verse fur nous. Le globe que nous habitons, les planetes qui, comme nous, ont fubi l'affujettissement, qui partagent avec nous les biens difpenfés par le Soleil, font des corps effentiellement obfcurs; fans le Soleil, ils exifteroient dans la nuit ils feroient folitaires, mutuellement inconnus. C'est par la correfpondance de la lumiere qu'ils se manifestent; ils peuvent renvoyer la lumiere, mais pour donner, il faut qu'ils reçoivent : ils n'ont en eux rien d'actif pour porter au loin le figne de leur existence. Le Soleil eft unique dans notre systême des planetes, mais eft-il unique dans l'univers ? L'univers a-t-il d'autres Soleils destinés à répandre des biens semblables dans différens cantons de l'espace ? Quelle est la nature de ces corps effentiellement Tome II.

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