d'avoir enseigné que la naissance , la

CEccd vie , & la mort avoient été dirigées d'Ascolti par leurs influences.

Quelques-uns ajoûtent un autre
chef d'accufation, qui est d'avoir
enseigné que, suivant la doctrine
d'Hermes, quelques esprits , qui
étoient dans la premiere sphere,
étoient soumis aux enchantemens
& qu'on pouvoit par leur moyen
faire des choses merveilleuses ; mais
il n'en est pas fait mention dans
les Actes de la condamnation. Ce-
pendant Ammirato & Villani en par-
lent, & assurent qu'il nia toûjours
constamment d'avoir rien enseigné
de semblable. Apparemment que ce
point parut aux Inquisiteurs fi fri-
vole & si

peu

fondé qu'ils ne juge-
rent pas à propos de le faire entrer

à
dans les Actes de son procès.

Quant à la Magie , sur laquelle
quelques Auteurs veulent qu'ait été
fondée fa condamnation, les Actes
n'en parlent qu'en un endroit , &
d'une maniere fi generale , qu'on
voit bien que les Inquisiteurs n'y
ont pas fait grande attention. En ef.
fet Cecco fait allez connoître qu'il

Cecco méprisoit cette prétenduë science, D'Ascoli

. lorsque dans la préface de fon Com mentaire sur la sphere il declame contre ceux qui y avoient recours, pour connoître l'avenir.

Quoiqu'on ne puiffe nier qu'il n'eût un foible extraordinaire pour l'Astrologie, & qu'il n'eût la tête mal timbrée, comme Naudé le dit dans un passage que je rapporterai plus bas; il faut convenir que les deux accusations, qui le firent condamner, ne pouvoient faire impression que fur des gens prevenus ,

gens prevenus , & refolus par avance à le faire perir. Car quant à la premiere , bien loin de nier la liberté, il censure dans le premier chapitre du fecond livre de fon Poëme, le Dante d'avoir admis une espece de neceflité, & refute dans le fecond chapitre de son Commentaire sur la sphere, ceux qui vouloient que les influences des Astres eussent quelque effet fur notre volonté. D'ailleurs il a toûjours foûtenu que dans tout ce qu'il avoit dit du

pouvoir des astres, il avoit fait abstraction de la puissance Divine & de la liberté de l'homme ausquelles les

influences célestes ne peuvent por- Cecco ter préjudice , comme les Actes de d'Ascolis fon procès le reconnoissent. La feconde accusation n'est pas mieux fondée, puisque dans le chapitre quatriéme de son Commentaire it invective vivement contre les infideles, & entre autres contre Zoroastre, qu'il traite de bête , pour avoir attribué aux altres tout ce que Jesus Christ a fait fur la terre.

Ce fut cependant pour ces chefs que Cecco fur condamné à être brûlé, & cette fentence cruelle & injufte, comme l'appelle le P. Paul Apa piani , Jesuite, Auteur de sa vie, fut executée le ise. Septembre 1327. dans la 70. année de son âge.

Il se trouva à fon supplice une multitude innombrable de peuple, qui s'attendoit à voir un des genies familiers , qu'on lui fuppofuit, l'arracher des flammes.

On montre dans l'Eglise des Carmes de Sainte Marie Majeure de Florence une tête de marbre , qu'on pretend representer celle de Cecco, ou selon d'autres, celle d'un Religieux, qui pendant qu'on menoit ce

a

malheureux au fupplice, empêcha CECCO D'Ascoli. qu'on ne lui donnât à boire. Mais

c'est une tradition fausse; car au-defsous de cette tête, il y a pour inscription Berta , qui est apparemment le nom de la femme qu'elle reprefenter Ferdinand Leopold del Migliore pretend dans la Firenza illuftrata que cette Berthe étoie la mere de Char. lemagne.

On a debité au sujet de Cecco un conte , qu'il faut rapporter ici. On dit

que fon Maître en Astrologie l'avertit un jour d'éviter, s'il aimoit la vie, l'Africo, & le Champ de Flore. Fidele à cet avertissement, il ne voulut jamais aller à Rome , où est le champ de Flore, & il ne fortoie point de sa maison, pendant que le vent de Sud-Ouest, appellé en latin Africus , fouffloit. Mais il ne put éviter sa destinée. Lorsqu'on le conduifie au fupplice hors des portes de Florence , il demanda si le licu, ou il étoit ne s'appelloit point Africo ; à quoi l'on répondit , que ce lieu fe nommoit le Champ de Flore, & qu'A. frico étoit le nom d'une petite riviere, qui couloit près de là. Sur quoi

rer.

it s'écria que c'étoit fait de lui, & Cecco qu'il n'avoit plus de ressource à espe-d'Ascolt,

Il ne faut pas omettre ici un passage de la Cité des Dames de Catherine de Pisan, qui fait voir que cette fçavante fille à cru que Cecco, qu'elle appelle Ceto, avoit été brûlé pour quelque crime honteux; ce qui n'a aucun fondement. Il se trouve dans le chapitre x. qui a pour titre : Com- mert Christine fouisoit en terre , qui est à entendre les questions qu'elle faisoit à Rayson. Voici comment elle y parle.

J'ai vû ung livre d’ung autre Acv teur du pays Italien, je crois du ** pays ou Marches de Touscane,

qui s'appelle Ceto, qui en un cha> pitre en dit (des femmes) moult » de abommations merveilleuses > plus que nul autre , & telles qui so ne font à reciter de personne qui » ait entendement. Réponse. Se Cero w d’Ascoli dir mal de toutes fem's mes, fille, ne t'en émerveille; car so toutes les abominoit, & avoit en Jo hayne & desplefance. Et pour ce. > semblablement parfon orrible wo mauvaistie les vouloit faire desplai