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Une naissance diftinguée aplanit beaucoup le chemin. de la gloire : don précieux, éfet manifeste de la divine Providence! Il semble que de même que l'on hérite des propriétés naturelles, on hérite auffi des propriétés morales; des faveurs & des difgraces de la nature & de la for

tune.

Il y a des familles où le bonheur femble héréditaire, il y en a d'autres que le malheur semble poursuivre. La Maifon d'Autriche (25) a toujours êté très-heureuse, elle a toujours

avoir secoüéle joug des Mores, réfolurent de fe faire un Chef, pour ne pas vivre dans l'Anarchie; mais avant que de le choifir, ils établirent un Chef de l'Etat, nommé el Jufticia, qui eut foin de veiller fur la conduite du Roy & l'autorité de lui faire le procès devant les Etats, lorfqu'il violeroit les loix. Ils mirent ce Jufticia hors de la puiffance du Roy, n'ayant à rendre compte de fa conduite qu'aux feuls Etats du Royaue. Lorfque le Roy êtoit reçû, il falloit qu'il jurât folennellement de conferver les priviléges du Pays, à genoux & tête nue devant le Justicia qui êtoit couvert & affis fur un fiége élevé. La forme de l'installation du Roi êtoit celle-ci, Nous qui valons autant que vous, vous faifons notre Roy & Seigneur, fous condition que vous garderés nos Loix & nos Libertés ; finon, non. Cette coutume dura jufqu'à la fin du xie fiécle, que Pierre I indigné contre cette cérémonie qui aviliffoit fi fort le pouvoir & la Majefté Roïale, fit tant par fes brigues, par fes priéres & par des ofres d'autres priviléges, qu'il en obtint l'abolition dans une Affemblée des Etats. Ferdinand êtoit non feulement de la race des Rois d'Aragon, mais il êtoit encore Aragonois. Il naquit à Sos, petit endroit peu éloigné des frontiéres de la

[Navarre. Le Roy Jean fon pére ayant êté obligé d'aller au Royaume de Valence pour y apaifer quelque fédition, laiffa la Reine pour gouverner en fon abfence: elle alla au Royaume de Navarre, & lorfqu'elle fentit fon terme peu éloigné, elle reprit le chemin d'Aragon, & acoucha aux frontiéres d'Aragon, afin que l'on pût dire l'on pût dire que fon fils êtoit né Aragonois.

(25) Pour fe convaincre de cette vérité, il n'y a qu'à fe rapeller les acroiffemens de cette Maifon, & confidérer par quel tiffu d'accidens heureux, elle eft parvenue à ce point de grandeur où elle fe trouve. Rodolphe I, que l'on doit regarder comme le Chef de cette Maison, êtoit un Comte d'un Chateau nommé Hapfbourg, fitué entre Bâle & Zurich dans l'Argovv; c'êtoit la principale place de fes petits Etats. Il fut élu Empereur en 1273 après un interrégne de 17 ans, & le refus d'Ottocar Roy de Bohéme à qui l'Empire avoit êté ofert. II tira de grandes fommes des principales villes d'Italie à qui il vendit le privilége de fe faire des Magistrats ; il mit dans fa Maison les Duchés d'Autriche & de Soüabe qui vinrent à vaquer durant fon régne; & ce n'est que depuis ce tems, que fa Maifon a êté apellée Maifon d'Autriche. Albert fon

toujours triomphé des éforts & des rufes de fes énemis.

Celle fils fut élu Empereur, & s'affura la a peut-être jamais eu de Prince mieux poffeffion de l'Empire fur fon compé- fervi que lui, & qui ait fi peu mérité titeur Adolfe de Naffau, par douze ba- de l'être par fon peu de reconnoiffance: tailles où il fe trouva en perfonne; & Ferdinand fon ayeul maternel eft le feul quoiqu'il en perdit quelques-unes, il peut-être qui pût fur cet article entrer ne perdit rien de fa réputation de grand en paralléle avec lui. Charles donna à Capitaine. Il époufa Elizabeth fille de fon fils les Etats d'Espagne, & fe déMaynard, Comte de Tirol, de la Ca- mit de l'Empire en faveur de Ferdinand rinthie, & d'une partie de la Carniole: fon frére, en lui donnant en partage cette fucceffion fut recueillie par Ro- pour lui & fa postérité les Etats hérédidolfe fon petit-fils. Albert II,petit neveu taires de la Maifon d'Autriche en Alledece Rodolfe, fut choifi pour Empereur magne : il mit cette condition qui est en 1438. Il étoit déja Roi de Bohéme & remarquable, parce que le cas qu'il deHongrie: Amurat Empereur des Turcs avoit prévu eft fur le point d'arriver; tenant la ville de Belgrade affiégée de- fçavoir qu'au défaut de poftérité mafpuis un an, Albert vint la fecourir à la culine, ces biens pafferoient aux Printête d'une armée; Amurat ne mit point ces iffus par femmes des ainés & non le bonheur de ce Prince en compro- des puinés. Il y a encore d'autres raisons mis,& leva le fiége au feul bruit de fon plus fortes & plus effentielles; mais aproche. Maximilien Empereur, réunit | l'Empereur Charles VI, apuyé du contous les biens de fa Maifon,& y ajouta la fentement de fes Etats, prétend que Bourgogne & les Païs-Bas,par fon maria- toutes ces Loix ne doivent point avoir ge avec Marie héritière de Bourgogne. lieu. Ferdinand eft tige de la Branche Il falloit pour le bonheur de la Maifon Impériale; il époufa Anne, fille & d'Autriche, qu'il régnât alors en Fran- ritiére de Ladiflas Roi de Bohéme & de ce un Louis XI envieux & jaloux de l'é- Hongrie : il acquit par ce moyen ces lévation de fon propre fils; il s'opofa au deux Royaumes, qui bien qu'électifs mariage de ce fils avec cette Princeffe, font toujours demeurés depuis à fa pof& laiffa paffer ces biens dans une mai-térité, ainfi que l'Empire. Léopold Péfon dont on ne craignoit rien alors, &re de l'Empereur d'aujourdhui a porté qui depuis ne s'eft rendue que trop for- plus loin qu'aucun de fes prédéceffeurs midable. Maximilien fut le premier qui les prétentions & les droits de la Maifon prit dans fes lettres le titre d'Archiduc d'Autriche. La France & fes autres éned'Autriche, avec les prérogatives ex-mis l'ont réduit à de rudes épreuves, traordinaires qui y font atachées. Phi- & il en eft forti avec gloire, fans avoir lippe fon fils époufa Jeanne d'Efpagne, expofé fa perfonne aux périls de la dite la Folle, fille & héritière de Ferdi- guerre. Son fils l'Empereur d'aujournand le Catholique; en forte qu'il fem-d'hui a plus agrandi fa Maison par le ble que ce Roy n'avoit réuni prefque Traité de Raftat du 6 Mars 1714 qu'el tous les Royaumes d'Efpagne que pour le ne l'avoit êté depuis l'éclat que lui la Maifon d'Autriche. Charlequint fon avoit laiffè Charlequint, êtant demeufils fut le plus grand Prince de fa Mai-ré maitre du Royaume de Naples & de fon, & le plus grand de fes prédécef- Sicile, du Duché de Milan & des Paysfeurs à l'Empire depuis Charlemagne. Bas qui êtoient auparavant à l'Espagne, Son bonheur a bien paru, puifqu'il n'youtre le Duché de Mantouë qu'il gar

Celle de Valois (26) au contraire a êté afligée par de continuels revers. Les femmes mêmes que leur fexe fembloit

Sang, Charles III Roy de Navare. Les Anglois enlevérent à Charles VI la plus grande partie de la France: ce Prince devint fujet à des accès qui le mettoient hors d'état de gouverner. Les prétentions des Ducs d'Orléans & de Bourgogne à la Régence, firent naitre entre eux des diffenfions qui affigérent l'Etat de mille maux. Le Roy qui fembloit ne vivre que pour continuer d'être malheureux, les connut & ne put y remé

de, ne voulant point en donner l'in- | Guefclin & du Maréchal de Boucicaut veftiture à perfonne. fes Généraux; mais il ne put éviter le (26) Sans entrer dans l'hiftoire dé-poifon que lui donna un Prince de fon taillée de cette Maifon, il fufit pour donner une jufte idée de ses malheurs, de s'arrêter au Prince Chef de cette branche & à ceux de fes defcendans qui ont porté la couronne. Charles de Valois, fils de Philippe le Hardi naquit en 1270. Le Pape Martin IV lui donna l'inveftiture du Royaume d'Aragon; Boniface VIII lui promit l'Empire d'Allemagne ; il fe donna la qualité d'Empereur de Conftantinople du chef de Catherine de Courtenai fa fem-dier. Il fallut à Charles VII pour vainme. Ce Prince eut des titres & n'eut point d'Etats. Il fut fils de Roi, frére de Roy, oncle de trois Rois, & pére de Roy, fans être Roy, êtant fils de Philippe le Hardi, frére de Philippe le Bel, oncle des Rois Louis Hutin, Philippe le Long & Charles le Bel, & enfin Pére de Philippe de Valois. Ce fut fous ce dernier, fecond Prince de cette Maifon, que commencérent les guer- | res des Anglois, foutenus par Robert d'Artois & Jean de Montfort. Le Roy perdit Calais que l'on n'a repris 'que 210 ans après: Cette ville fut prife peu après la bataille de Créci en Ponthieu, où il périt trente à quarante mille François, le Roy de Bohéme, & le Duc d'Alençon frère du Roy; le Roy luimême y reçut deux bleffures, & faillit à y perdre la vie. Jean fon fils & fon fucceffeur fut pris par les Anglois, obligé de faire un Traité honteux, & fut plus malheureux encore par le doute outrageux qu'on fait à fa bonne foy, fi elle procédoit d'amour ou de vertu. Charles V fe rendit fupérieur aux Anglois par fa fageffe & fa prudence, par la valeur & l'habileté de Bertrand du

cre le malheur ataché, pour ainfi dire, à fa Maifon', la main du Toutpuiffant. La valeur de la Pucelle d'Or leans releva la dignité du Trone. Ce Prince eût êté heureux, s'il n'eût point eu un fils qui fe fút révolté contre lui. La crainte qu'il eut d'être empoisonné lui fit garder une fi longue abftinence, qu'il en mourut. Louis XI fut univerfellement haï ; les premiers de fon Etat fe liguérent contre lui, & il fut obligé d'entrer en compofition avec eux: Ĩa défiance le tourmenta encore plus qu'elle ne tourmenta les autres. La crainte de la mort & celle de perdre fon autorité, lui firent faire dans fa derniére maladie des chofes extravagantes. Charles VIII céda à Ferdinand le Catholique, les Comtés de Rouffillon & de Cerdaigne, pour l'engager à ne point [donner de fecours à Ferdinand Roi de Naples; il entre en Italie à grands frais, en fort avec de grands rifques ; il perd en même tems le Rouffillon & Naples. Le gain de la bataille de Fornouë ne le rend point heureux cette victoire l'empêche feulement d'être plus malheureux. Le régne de Louis XII fut

bloit devoir garentir de ces malheurs, n'en furent point éxemptes.

D'autres Races font belliqueufes par nature & par inclination, comme celle de. (27) Bourbon, fource de grands Capitaines:

n'eut point le tems de régner: la jaloufie des Princes que fit naitre la trop grande élévation de la Maifon de Guile furent les caufes de la guerre, à qui la

rempli de guerres qui obligérent ce bon Roy à introduire en France la vénalité des Charges. Ce Prince trop fincére, fut toujours la dupe des fourberies de Ferdinand. François I, qui eut égale-Religion fervit de prétexte. Les troument les vices & les vertus des héros Romanefques, fut fucceffivement compétiteur, énemi & prifonier de Charlequint. Ce fut fous Henri II que commencérent à fe gliffer en France les héréfies qui lui devinrent fi funeftes: Dieu pour le châtier du duel de Jarnac & de la Chataigneraie qu'il avoit autorisé, & dont il avoit voulu être le fpectateur, permit que ce Prince périt dans un combat qui en êtoit l'image. François II

Saint Louis.

MAISON

Robert de Clermont.

bles de la Religion, l'ambition des Guifes, la révolte des Princes, les injuftices, les combats & les meurtres rendirent funeste le cours du régne de Charles IX. Henri III dernier Roy de la branche des Valois, vécut méprisé, & mourut poignardé.

(27) Le plan généalogique de la Maison de Bourbon, fera connoitre avec ordre les héros de cette Maison.

DE BOURBON.

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CHARLES DE BOURBON, Duc de Vendome, eft tige de toutes les branches fubfiftantes,

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Les Espagnols qui font prefqu'ou- | en fervant le Roy, & aïant voulu voir trez en tout, ne le font point lorf- fon corps par un excès de tendreffe qu'il s'agit de louer les François, & verfa un torrent de larmes, & fut fain cette antipathie de Nations, qui re- d'unefi vive douleur, que la fiévre lui jaillit jufques fur les Princes, devient prit & qu'il en mourut. Son petit-fils une preuve de la vérité des éloges qu'ils | Charles de Bourbon, Connétable, ferleur donnent. Robert Comte de Cler- vit fous Charlequint contre la France, mont, fils du Roy Saint Louis, eft la qui regréta de ne l'avoir point affez tige de la Maifon de Bourbon. Louis ménagé. François, Comte de VendoDuc de Bourbon fils de Robert, fau- me bifayeul d'Henri IV, rendit de va les débris de l'armée à la jour- grands fervices au Roy Charles VIII, née de Courtrai en 1302: Sa pru- & fur-tout à la bataille de Fornouë: il dence & fa valeur contribuérent beau- mourut à Verceil, & la Vigne Auteur coup à la victoire de Mons en Puelle contemporain raporte que le Roy en fur en 1304. Un autre Louis petit - fils de fi marri, que nul ne pouvoit le reconcelui-ci, alla faire la guerre en Afri- forter... & voulut que semblable honque, où il affiégea Tunis en 1390, neur fut fait à l'enterrement du corps, que & obligea les Infidéles à faire la paix à fi ce Prince eût été fon propre frére. Frandes conditions avantageuses aux Chré-çois Comte de Saint Paul, fils de ce tiens. On raporte un trait de fon bon | Prince fut un des grands Guerriers de cœur trop remarquable pour être omis. fon fiécle. Il montra une valeur extraorSon Procureur Fifcal lui donnant un dinaire à la bataille de Marignan, & il mémoire de plaintes contre quelques fut fait Chevalier par le célébre Bayart, Gentilshommes, il lui demanda où étoit des mains duquel François I lui-même le mémoire des fervices qu'ils lui avoit voulu être fait Chevalier : il feavoient rendus, & comme il n'en avoit courut la Ville de Mézières affiégée point, ce Prince jetta l'autre au feu. par les Impériaux, prit Mouzon & BaUn autre Louis Comte de Montpen-paume, défit les Anglois au combat fier fignala fa valeur à la prife de Capouë, & de Naples où il fut un des premiers fur le rempart. Ce Prince qui êtoit au-deffus des périls par fa grandeur d'ame, êtant allé à Pouzol vifiter le tombeau de fon Pére, qui êtoit mort

du Pas, & foumit prefque toute la Savoye au Roi. Louis de Montpenfier, bifayeul de Marie de Bourbon, mariée à Gafton de France frére de Louis XIII, fe fignala dans plufieurs actions, & contribua particuliérement au fuccès

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