Imágenes de páginas
PDF
EPUB

fitué le Duché de Nochéra, qui aprés diférentes fucceffions eft venu au Prince PIO qui le pofféde aujourd'hui. Il est naturel que Gracian Jésuite Aragonois, apelle le Viceroy d'Aragon fon Mécéne & fon Seigneur. Baltasar Gracian êtoit de Catalayud, autrefois BILBILIS patrie de Martial.

J'ai éclairci par des Notes les principaux traits d'histoire, & je me fuis particuliérement ataché à ceux qui êtoient les plus intéreffans: mon instru&tion a êté l'objet principal de mon travail.

Les éloges généraux que Gracian donne à Ferdinand, lui font une chose commune avec tous les Historiens d'Espagne; c'est au jugement de MARIANA, à qui l'on ne reproche point d'être flateur, un grand Roy. J'ai éxaminé avec critique certains faits particuliers qui feront connoître quel êtoit fon genre de grandeur. Si c'est par les actions que l'on acquiert de la gloire, c'est par elles aussi que l'on doit juger du caractére des hommes : des traits généraux, des éloges outrez font moins propres à fixer le jugement qu'un efprit fage en doit porter, qu'à faire concevoir une jufte défiance de la grandeur qu'un panégyrifte atribuë à son héros ; de grands mots peuvent éblouir des efprits superficiels; leur fauffe lueur s'évanouit aupremier éxamen, ils perdent tout leur mérite a être aprofondis,

RÉFLEXIONS

J'A

AP PROBATION.

"AI lû, par l'ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, le Manufcrit qui a pour titre : Réflexions politiques de Baltasar Gracian fur les plus grands Prin ces, & particulierement fur Ferdinand le Catholique. Ouvrage traduit de l'Espagnol, avec des Notes hiftoriques & critiques du Traducteur. A Paris, ce 12 Mai 1730.

PRIVILEGE

DU

LA SERRE.

ROY.

Υ.

[ocr errors]

OUIS, par la grace de Dieu, Roy de France & de Navarre, à nos aimez & des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand Confeil, Prevôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenans Civils, & autres nos Jufticiers qu'il appartiendra, Salut. Notre bien amé le fieur ALIX Nous ayant fait fupplier de lui accorder nos Lettres de Permiffion pour l'impreffion d'un Manufcrit qui a pour titre : Réflexions politiques de Baltasar Gracian fur les plus grands Princes &particulierement fur Ferdinand le Catholique: traduit de l'Espagnol, avec des Notes historiques & critiques, par le Sieur de S***, offrant pour cet effet de le faire imprimer en bon papier & beaux caracteres, fuivant la feuille imprimée & attachée fous le contre-fcel des Prefentes; nous lui avons permis & permettons par ces Prefentes de faire imprimer ledit Livre ci-deffus fpecifié, en un ou plufieurs volumes, conjointement ou féparément, & autant de fois que bon lui femblera, fur papier & caracteres conformes à ladite feuille imprimée & attachée fous notredit contre-fcel, & de le faire vendre & debiter partout notre Royaume pendant le tems de trois années confécutives, compter du jour de la datte defdites Prefentes. Faifons défenses à tous Libraires, Imprimeurs, & autres perfonnes, de quelque qualité & condition qu'elles foient, d'en introduire d'impreffion étrangere dans aucun lieu de notre obéiffance à la charge que ces Prefentes feront enregistrées tout au long für le Regiftre de la Communauté des Libraires & Imprimeurs de Paris, dans trois mois de la datte d'icelles; que l'impreffion de ce Livre fera faite dans notre Royaume, & non ailleurs, & que l'Impetrant fe conformera en tout aux Reglemens de la Librairie, & notamment à celui du dixiéme Avril 1725; & qu'avant que de l'expofer en vente, le manufcrit ou imprimé qui aura fervi de copie à l'impreffion dudit Livre, fera remis dans le même état où l'Approbation y aura été donnée, ès mains de notre très-cher & feal Chevalier, Garde des Sceaux de France, le fieur Chauvelin, & qu'il en fera enfuite remis deux exemplaires dans notre Bibliotheque publique, un dans celle de notre Château du Louvre, & un dans celle de notre très-cher & feal Chevalier Garde des Sceaux de France, le fieur Chauvelin, le tout à peine de nullité des Prefentes. Du contenu defquelles vous mandons & enjoignons de faire joüir l'Expofant, ou fes ayans- cause, pleinement & paifiblement, fans fouf

frir qu'il leur foit fait aucun trouble ou empêchement. Voulons qu'à la copie defdites Prefentes, qui fera imprimée tout au long au commencement ou à la fin dudit Livre, foi foit ajoûtée comme à l'original. Commandons au premier notre Huiffier ou Sergent de faire pour l'execution d'icelles tous actes requis & neceffaires, fans demander autre permiffion, & nonobftant clameur de Haro, Charte Normande, & Lettres à ce contraires : car tel eft notre plaifir. Donné à Paris le vingt-troifiéme jour du mois de Juin, l'an de Grace mil fept cent trente ; & de notre Regne le quinziéme.

Par le Roy en fon Confeil,
NOBLET.

Regiftré fur le Regiftre VII de la Chambre Royale des Libraires & Imprimeurs de Paris, no 596, fol. 553, conformément aux anciens Reglemens confirmez par celui du 28 Février 1723. A Paris, le 30 Juin 1730. Signé, P. A. LE MERCIER, Syndic.

De l'Imprimerie de CLAUDE SIMON.

[merged small][ocr errors][merged small][merged small]

BALTASAR GRACIAN

SUR LES PLUS GRANDS PRINCES, ET PARTICULIEREMENT

SUR FERDINAND LE CATHOLIQUE. Ouvrage dédié au DỤC DE (a) NOCHÉRA.

J

E METS un Roy en paralléle avec tous ceux des fiécles paffés, je propofe un Roy pour éxemple à tous ceux des fiécles à venir; FERDINAND LE CATHOLIQUE, oracle (b) de prudence, maître dans l'art de gouverner.

Ce n'est point ici, excélentiffime Duc, mon Mécéne

(a) Voyez dans la Préface, ce qu'étoit le Duc de Nochéra.

&

(b) Voyez vers la fin de la Préface, ce que l'on doit juger de ces éloges généraux

A

& Seigneur, le corps de fon hiftoire, c'eft l'ame de fa politique; c'eft moins le récit de fes actions, que l'expofition de leurs motifs & de leurs refforts; c'eft plutot la critique de plufieurs Rois, que le panégirique d'un feul Roy: c'eft un ouvrage que mon refpect & mon zéle confacre au génie fupérieur de vôtre Excélence.

Je commenterai quelques unes des maximes de ce grand Roy, celles qui font les plus faciles : les autres plus élevées & plus cachées, je les cède à ceux qui préfumeront d'y ateindre. Je me fonderai fur des régles fûres, & non fur des paradoxes politiques, dangereux écuëils de la raifon; je préférerai toujours le certain au nouveau.

Ce n'eft point par des traits flateurs, que je caractériserai Ferdinand. La flaterie eft inutile où la vérité fufit c'eft cette vérité dont je ne m'éloignerai jamais. Ma hardieffe eft excufable; elle a êté excitée par un heureux hazard qui m'a procuré des mémoires (1) que la main de ce Roy Catholique a éternifés, plus fpirituels qu'ils ne font bien écrits : vrais oracles, & par le fecret de leurs caractéres, & beaucoup plus par l'élévation de leurs fentimens.

J'envie à Tacite & à Commines leur efprit, leurs plumes; mais non point leurs (2) héros.

Ferdinand fonda la plus grande de toutes les Monarchies, foit qu'on la confidére par la Religion, foit qu'on

(1) On ne trouve ni dans la Biblio- | théque Royale de Madrid, ni dans celle qui eft à l'Efcurial aucun manufcrit de Ferdinand; on n'en connoit même aucun. On reprochera toujours à Gracian den'avoir point donné connoiffance des mémoires qu'il indique.

(2) Cette pensée n'eft point du tout

envilage

à l'honneur de Ferdinand, & Gracian qui dans le refte de cet ouvrage en fait des éloges outrés, a contre fon deffein parfaitement défigné le vrai caractére de fon héros, par le paralléle où il le fait comme entrer avec deux Princes, les plus politiques & les plus fourbes de leurs fiécles, Tibére & Louis XI.

« AnteriorContinuar »