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Galeas Marie

Jean Galeas

Le mauvais exemple qu'il avoit Sforce. donné de ne point prendre d'inveftiMarie Sforce. ture, fut fuivi par Galéas Marie Sforce fon fils, & Jean Galéas Marie Sforce fon petit-fils.

Ce dernier fut empoisonné par Ludovic Marie Sforce fon grand oncle, qui regnoit déja depuis long-tems à Milan fous le nom de Jean Galéas Ma rie, & qui voulut enfin regner fous le fien propre. Ludovic artificieux, perfide Sforce. fanguinaire, n'avoit ni le couravitellii Cre- ge, ni la politique des Avantumonenfes an- riers célebres dont il étoit né : il

Ludovic

Ludov. Ca

nales.

irritoit par fes crimes & par fes violences des peuples qui s'étoient donnés à la valeur & à la fageffe de fon Pere; il oublioit qu'un pouvoir encore fi récent avoit befoin d'être af-. fermi par les mêmes qualités qui lui avoient donné naiffance ; il crut avoir pourvu à tout en prenant l'inveftiture de l'Empereur Maximilien, il défavoua baffement les titres de Souveraineté de fon Pere, de fon Frere & de fon neveu, il affecta de les retrancher du nombre des Ducs de Milan, de faire commencer à lui fa Dynastie

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& de s'intituler quatrième au lieu de feptiéme Duc, en comptant feulement avant lui les trois Ducs du nom de Visconti. Cependant malgré les crimes qui le rendoient odieux à fa nation & la bassesse qui le rendoit méprifable à toute l'Europe, il fe glorifioit avec quelque raison d'avoir fait le deftin de l'Italie, parce que Charles VIII, qu'il y avoit appellé, fut heureux tant que Ludovic le feconda, & tomba dans le malheur, lorfque Ludovic entra dans la ligue ennemie. Il fe piquoit de prudence, & fut furnommé le More, non comme l'ont dit tant d'Hiftoriens, à caufe de la couleur de fon visage, fymbole de la noirceur de fon ame, mais parce qu'il avoit pris pour emblême le Mûrier (1) qui s'appelle en Italien Moro, & qu'il regardoit cet arbre comme le fymbole de la prudence.

Les liaifons de Louis XI avec François Sforce & celles de Charles VIII avec Ludovic, n'avoient pas

(1) Mém. de l'Acad. des Belles-Lettres, Tome 46. page 238.

permis à la Maifon d'Orléans de s'armer contre ces ufurpateurs, mais lorfque Ludovic, dans l'expédition de Charles VIII en Italie eût trahi les intérêts de la France, Louis XII, alors Duc d'Orléans, faifit peutêtre avec un peu trop d'ardeur l'occafion de faire fes propres affaires en vengeant fon Maître ; il furprit Novare, bien-tôt il y fut furpris à fon tour par Ludovic, & fe trouva trop heureux d'en pouvoir fortir avec les reftes languiffans d'une garnison demi-morte de faim. Mais lorfque parvenu à la Couronne, il put difposer pleinement des forces de la France, il prit toutes les mesures capables de faciliter l'expédition qu'il ne manqua pas de tenter dans le MiGuicciard, lanès; il contint par des traités les Puiffances jaloufes ou intéreffées; il s'unit d'une alliance étroite avec les Florentins & les Vénitiens, ennemis déclarés de Sforce; il partagea même d'avance avec ces deniers le pays qu'il alloit conquérir, comme dans la fuite il partagea le Royaume de Naples avec Ferdinand le Catholique;

liv. 1.

il paroiffoit perfuadé que pour affurer une conquête, il falloit la partager & par conféquent la borner."

L'événement ne juftifia point cette politique, puifque dans la fuite il eut toujours à combattre les aflociés qu'il s'étoit donnés.

Premiere con

Louis XII.

Sforce voyoit l'orage fe former, quête du Mail l'entendoit gronder fur fa tête & lanès fous ne fongeoit point à le détourner; où étoit donc alors fa prudence? on l'attaque, & bien-tôt il fe voit abandonné de tout le monde. Il comptoit fur l'Empereur qu'il croyoit intéreffé à défendre l'honneur de fon investiture; l'Empereur fut défarmé par une tréve & ceffa de vendre à Sforce fes foibles fecours. Quinze jours fuffirent aux François & aux Vénitiens pour envahir tout le Milanès. Sforce fe retira auprès de Maximilien avec fes enfans & fes tréfors, après avoir muni le Château de Milan, dont il confia la défense à Bernardin de Corté, qu'il croyoit fon plus fidéle fujet, & Guicciard, qui rendit lâchement aux François

cette Fortereffe.

Le Roi fit fon entrée à Milan en

liv. 4.

habit Ducal; il fignála fa bonté envers fes nouveaux Sujets par la fuppreffion d'une partie des impôts & par la conceffion de divers privileges; il donna le Gouvernement du Duché à Trivulce (1), Gentilhomme Milanois, qui, mécontent de Sforce,avoit trouvé un afyle en France, & avoit été un des Généraux de l'armée victorieuse; le Roi crut que les Milanois feroient touchés d'une fi noble récompenfe accordée à un de leurs Compatriotes, & que cet exemple attacheroit la Nobleffe du pays à fon fervice; mais le caractere dur & fier de Trivulce, la fupériorité choquante qu'il affecta fur fes égaux, la protection imprudente qu'il accorda aux Guelphes, & qu'il pouffa jufqu'à perfécuter les Gibelins; d'un autre côté la liberté exceffive des François auprès des femmes Italiennes, liberté fi contraire aux mœurs du pays, tout concourut à ébranler la nouvelle domination & à favorifer le rappel de

(1) Jean-Jacques Trivulce, depuis Maréchal de France.

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