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Ludovic: il revint à la tête d'une armée de Suiffes, & fes peuples qui le haïffoient moins que Trivulce, le reçurent avec joie ; là Ville de Côme chaffa les François; Trivulce fortit de Milan, furieux & humilié, il fe retira dans Mortare avec fa cavalerie. Ludovic rentra dans prefque toutes fes Places.

Seconde con

fous

Louis XII.

Guicciard

Mais un Général plus prudent & quête du Miplus habile Trivulce, la Tremoil- lanois que le, arrêta bien-tôt les progrès de Ludovic; il le joignit près de Novare, les Suiffes qui fervoient dans fon armée gagnerent ceux de Ludovic; ceux-ci fe mutinent, refusent de combattre, veulent reprendre la route de leur pays. Ludovic fe jette à leurs pieds, leur rappelle leur devoir, les liv. 4. conjure avec larmes de ne point l'abandonner; ils ne lui répondent que par de nouveaux outrages, ils y mettent le comble en livrant Ludovic ; il s'étoit déguisé pour échapper aux François; les Suiffes le leur défignerent. Ludovic enfermé à Loches, fans avoir pu obtenir la permiffion de voir le Roi, paffa le reste de fes

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Maximilien. Sforce.

jours dans la captivité, il y languit entcore dix ans; le Cardinal Afcagne Marie fon frere tomba entre les mains des Vénitiens, qui le livrerent aux François; il fut enfermé dans la Tour de Bourges, où Louis XII avoit été enfermé lui-même fous le regne précédent. Quelques châtimens temperés par la clémence, punirent la révolte des Milanois, & tout rentra dans l'obéiffance.

On vit avec étonnement Maximilien Sforce rétabli douze ans après dans le Milanès par ces mêmes Suiffes qui avoient livré fon pere. L'hif toire du Milanès fous Louis XII & fous François I, reffemble à une longue fuite de parties de jeu, toujours alternativement gagnées & perdues. Troifiéme Louis XII renvoie en Italie la Treconquête du Milanès fous moille, & pour la troifiéme fois le Louis XII. Milanès eft reconquis par les François. Sforce s'enferme dans Novarre, la Tremoille mande au Roi qu'il va lui envoyer le fils prifonnier comme il lui avoit envoyé le pere, & que le même lieu aura été funefte à tous les deux; mais les Suiffes fe

piquerent d'expier leur infidélité dans le même lieu où ils l'avoient commife, ils remporterent une victoire complette fur la Tremoille, qui, forcé d'évacuer le Milanès, fut encore repouffé jufqu'au milieu de la Bourgogne. Les Suiffes demeurerent les véritables maîtres du Duché de Milan, & permirent à Maximilien Sforce d'y regner fous leur protection. Louis XII laiffa cet affront à venger à François I.

Il réfulte de ces événemens trois différentes prétentions, celles des Sforces, celles de la Maifon d'Arragon, & celles de la Maifon d'Orléans.

PRETENTIONS D'ES SFORCES.

Celles des Sforces n'étoient fondées que fur un mariage avec une bâ tarde, & fur une inveftiture donnée au hafard comme tant d'autres.

PRETENTIONS DE LA MAISON D'ARRAGON.

Celles de la Maison d'Arragon se tiroient d'un teftament de PhilippeMarie, dernier Duc de Milan du nom

de Visconti, par lequel Alphonfe Roi d'Arragon & de Naples, étoit inftitué héritier du Duché de Milan.

Mais la fubftitution faite dans le contrat de mariage de Valentine de Milan, par Jean Galéas pere de Valentine & de Philippe - Marie, ne privoit-elle pas ce dernier du droit de difpofer de fes Etats? De plus, Philippe-Marie pouvoit-il les tranfporter à un Etranger, au préjudice de fes héritiers légitimes, iffus de fa fœur ?

Au refte, la Maifon d'Arragon elle-même paroît n'avoir pas affez eftimé fes droits pour les faire valoir.

PRETENTIONS DE LA MAISON D'ORLEANS.

Les prétentions de la Maifont d'Orléans étoient les feules qui fuffent fondées à la fois fur les droits de la nature & fur la foi des traités.

On objectoit cependant que les Fiefs de l'Empire n'étoient point héréditaires; que quand les héritiers n'étoient pas nommément compris dans l'inveftiture, il falloit une inveftiture nouvelle à chaque mutation; que par conféquent le contrat

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de mariage de Valentine de Milan, n'ayant point été confirmé par l'Empereur, la fubftitution qu'il contenoit, ne pouvoit avoir lieu.

Deux raifons détruifoient cette objection. 1°. Le contrat de mariage de Valentine de Milan avoit été confirmé par le Pape, l'Empire vacant (1), parce que l'imbecille Venceflas, abruti par la débauche, & réduit à une espece de démence, étoit alors retenu en prison par les Barons de Bohême.

2o. Ce droit d'inveftiture prétendu par l'Empire fur divers Etats d'Italie, fembloit ne mériter qu'une foible confidération, il avoit dégénéré en une affaire de Fifc. La Chancel lerie Impériale vendoit à tous ré

(1) II paroît qu'on avoit choifi avec un peu d'affectation le tems de la prifon de Venceslas pour obtenir la confirmation du Pape, & pour profiter du prétexte de la vacance de l'Empire; car le contrat de mariage eft de 1386, le mariage de 1389, & la prifon de Venceflas de 1393 feulement. On peut penfer d'après ces dates, que fans l'emprisonnement de Venceflas, on n'eût fait confirmer le contrat de mariage par perfonne, & vraisemblablement les droits qu'il donnoit, n'en euffent pas été moirs bons.

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