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affaffins impunis qui rempliffoient la Ville de meurtres & d'incendies; des Marchands effrayés qui fe refferroient dans l'intérieur de leurs maisons ; le commerce anéanti; toutes les boutiques, toutes les banques, tous les bureaux fermés; des Bourgeois puiffans qui fe faifoient la guerre de rue en rue; des tours élevées dans tous les palais; des Citoyens affiégés par d'autres Citoyens ; des factions mal étouffées, & toujours prêtes à fe ranimer, &c. La vigilance & la fermeté du Maréchal arrêterent tous ces défordres; il fe fit apporter les armes, il défendit les affemblées, il fit trancher la tête aux plus factieux, il punit avec plus de rigueur ceux qui avoient commis de plus grands crimes; des Compagnies exactement entretenues firent la garde dans toutes les Places; deux châteaux élevés, l'un à l'entrée du Port, l'autre dans la Ville, continrent les habitans ; les Génois fe firent pendant douze ans l'effort d'etre heureux & tranquilles ; mais en 1409. ils fe jettent fur les François & les maffacrent; le Maré

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liette hiftor.

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chal de Boucicaut échappe à peine à leur fureur. Ils appellent le Marquis de Montferrat & le chaffent peu de tems après. Ils fe jettent entre les bras du Duc de Milan, qu'une fédition chaffe à son tour en 1436. Les Uberti Fc- Génois fe replongent dans l'AnarGenuenf. chie. En 1444 ils parurent vouloir revenir à la France, mais ce n'étoit qu'un artifice de Jean Frézofe, qui voulant enlever la Seigneurie à Barnabé Adorne, fe fervit de l'argent & des armes des François & leur manqua de parole. La difcorde continue fes défordres dans Gênes. Enfin en 1458, ces Peuples éclairés par leurs malheurs, tombent fincerement aux pieds de Charles VII, lui demandent pardon de l'infraction des traités précédens, le conjurent d'être leur Maître, & de leur ramener les jours heureux dont ils avoient joui fous le Gouvernement du Maréchal de Boucicaut; le Roi leur pardonne, & nomme pour leur Gouverneur Jean d'Anjou, Duc de Calabre & de Lorraine. C'étoit le tems des plus brillans fuccès de ce jeune

Héros en Italie, mais lorfqu'il eut fuccombé fous les armes de Scanderberg (1), fa difgrace fournit à ce peuple infidéle l'occafion d'un foulevement général, & d'un nouveau maffacre des François : ces furieux crurent se remettre en liberté, mais ne pouvant fixer leur inconftance, ils revinrent quelques années après demander des fers à Louis XI. De pareils fujets méritoient peu qu'on voulût être leur maître; Louis XI leur fit cette dure & indécente réponfe qu'ils ne s'étoient que trop attirée: Vous vous donnez donc à moi, moi je vous donne à tous les diables. Il fe ré

ferva cependant les droits qu'il avoit fur eux, mais il fe déchargea du fardeau de les gouverner fur François Sforce Duc de Milan, auquel il donna en fief les Villes de Gênes, de Savone, & leurs dépendances. Cette inféodation fut renouvellée en faveur de tous les Sforces fucceffivement, & tous prêterent ferment de fidélité, foit à Louis XI, foit à Charles VIII.

(1) Voir dans ce même Chap. l'art. de Naples.

Guicciard, Lorfque Louis XII eut conquis le Milanès, pris Ludovic Sforce, & abforbé tous fes droits, il fut reçu

liv. 4.

En 1502. dans Gênes en Souverain & reçut le ferment de fidélité des habitans. Mais

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le trouble étoit l'élément des Génois; ils fe révolterent, ils fe foumirent, on leur pardonna ; ils se révolterent encore, élurent un Teinturier, nommé Paul de Nove, pour leur Doge, exercerent mille infolences & mille cruautés. Louis XII fut contraint de faire violence à fon caractère indulEn 1507. gent, il paffa en Italie avec une armée formidable, les Génois lui oppoferent une réfistance opiniâtre, mais inutile; ils furent forcés de fe rendre à difcrétion ; ils perdirent leurs immunités, payerent de fortes amendes, virent punir du dernier fupplice leurs principaux Chefs, & bénirent encore la clémence du Vainqueur, qui vouloit bien s'appaifer à ce prix. Depuis ce tems ils écrivoient au Roi: Regi Chriftianiffimo Domino noftro, & foufcrivoient Fideliffimi fubjecti. Tout cela n'empêcha pas que ce peuple toujours entraîné à la révolte par

un penchant malheureux & invincible,ne fecondât quelques années après les vûes turbulentes de Jules II contre la France, ne changeât encore plufieurs fois la forme de fon Gouvernement, & ne détruisît prefque entiérement la domination Françoise à Gênes.

La mort de Louis XII laiffa tous ces affronts impunis; on verra quelle fut la conduite de François I à l'égard de cette Nation indocile.

Pour ce qui concerne les prétentions, on fent bien que les Génois s'étant donnés à tout le monde, tout le monde croyoit avoir des droits fur eux; mais la multitude même de ces prétentions en montroit la foibleffe. L'Empereur réclamoit très-mollement de vieux droits acquis par Charlemagne, confervés quelque tems par fes premiers Succeffeurs, abandonnés & perdus par les autres. Les François étoient les feuls, qui produififfent une multitude de traités tous authentiques, tous modernes, tous exécutés, con

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