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firmés par des actes de jurisdiction fuivis & multipliés. Les Rois de France joignoient à ces titres le droit de conquête, & un autre droit encore dont il appartient plus à l'humanité qu'à la politique de fixer la valeur, c'eft que les Génois n'avoient jamais été heureux que fous la domination Françoife.

CHAPITRE

CHAPITRE III.

Intérêts, vues, difpofitions des diverses
Puiffances de l'Europe. Caractère
des principaux Souverains.
IL faut maintenant examiner quels

- étoient les intérêts des diverses Puiffances de l'Europe, dans quelles difpofitions elles étoient à l'égard de la France, quels étoient le caractère, les talens, les ressources des princiраих Souverains que François alloit combattre, ou avec lefquels il alloit

traiter.

ITALI ̃E.

L'Italie où la guerre alloit d'abord être portée, étoit partagée en cinq grands Etats; le Duché de Milan, l'Etat de Florence, l'Etat de l'Egli fe, le Royaume de Naples, & la Seigneurie de Venise.

Les petits Etats qui fubfiftoient à l'ombre de ceux-ci, étoient ou des Villes occupées à défendre leur li

Tome I.

F

berté contre des Citoyens tyrans; comme autrefois la plupart des Villes de la Gréce, ou des territoires particuliers que gouvernoient de petits Souverains, Feudataires du Saint Siége, & pour la plûpart iffus du Népotifme. C'eft ainfi que le Duché d'Urbin appartenoit aux la Rovere ; les diverfes contrées de la Romagne, à différens Vicaires de l'Eglife. L'illuftre Maison d'Eft, qu'il ne faut pas confondre parmi les Maisons iffues du Népotifme, poffédoit le Duché de Ferrare. La Maison de Gonzague non moins illustre, poffédoit le Man

touan.

Les révolutions de ces petits Etats n'avoient qu'une très-légere influence fur le fyftême général de l'Italie; tout dépendoit du fort des cinq grands Etats. Leur intérêt commun étoit d'écarter les Etrangers & d'entretenir dans le fein de l'Italie une balance exacte, qui contînt les grandes Puiffances dans leurs limites & qui procurât la fûreté des petites; déja cependant le Royaume de Naples étoit entre les mains des Arra

gonnois, & il fembloit n'en pouvoir fortir que pour tomber dans celles des François; le fort des armes alloit peut-être encore mettre ceux-ci en poffeffion du Milanès; alors preffant l'Italie par les deux bouts, ils la menaceroient d'une fervitude prochaine. Mais quand les Arragonnois fauroient fe maintenir dans le Royaume de Naples & en défendre l'entrée aux François, l'Italie en feroit-elle plus heureuse, fi les François s'établiffoient dans Milan? Ceux-ci ne respireroient-ils pas toujours la conquête de ce Royaume de Naples auquel ils avoient tant de droit? Cefferoient-ils d'employer l'intrigue & les armes pour le recouvrer? L'Italie ne feroit-elle pas toujours déchirée par les querelles de ces deux Puiffances rivales, ne feroit-elle pas forcée d'époufer leurs haines & de fe divifer au gré de leurs intérêts? Les Etats fitués au centre de l'Italie, inceffamment traverfés des armées ennemies, exposés aux dévaftations inféparables de ces paffages, n'euffentils pas même été trop fouvent le théâ

par

tre de la guerre? La neutralité étoit
impoffible, le repos & la liberté al-
loient fuir pour jamais de l'Italie ; l'é-
tablissement des François dans le Du-
ché de Milan étoit le fignal d'une
difcorde éternelle. Il falloit donc fe
réunir avec Maximilien Sforce contre
cette Puiffance étrangere.

Mais cet intérêt général se modi-
fioit fuivant les vûes particulieres de
chaque Etat.

Les dangers qu'on vient de dé-
crire, fembloient menacer principa-
lement le Pape & les Florentins,
dont les Etats étoient fitués entre le
Duché de Milan & le Royaume de
Naples; mais ces dangers étoient
éloignés, incertains, partagés avec
d'autres Puiffances. Des intérêts par-
ticuliers les occupoient, intérêts pré-
fens & trop forts pour leur laiffer
beaucoup d'attention fur le refte; il
s'agiffoit des deux plus grands objets
politiques, la liberté & l'autorité.
FLORENCE ET ROME.

La puiffance des Médicis, née du
commerce & de l'opulence, s'ac-

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