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nement de François I, les nœuds intimes qui uniffoient la Maison de Savoye à la branche royale d'Angoulême, rendoient le Duc Charles III entiérement dévoué aux intérêts du Roi fon neveu.

Les Ducs de Savoye ne poffédoient alors ni le Marquifat de Saluces ni le Montferrat; ces pays appartenoient à des Seigneurs particuliers, & leur fituation malheureuse les rendoit prefque toujours la proye des grandes Puiffances qui faifoient la guerre en Italie.

ALLEMAGNE. L'Allemagne avoit alors pour Chef Maximilien d'Autriche, que fon mariage avec Marie de Bourgogne avoit rendu de bonne heure ennemi néceffaire des François, en lui impofant le devoir de défendre fa femme & les Etats de la fucceffion de Bourgogne contre les armes & les intrigues de Louis XI. On avoit voulu étouffer cette haine dans fon origine en mariant le Dauphin, depuis Charles VIII, avec Marguerite

d'Autriche, fille de Maximilien & de Marie de Bourgogne; mais Charles VIII monté fur le Trône, avoit renvoyé Marguerite à fon Pere, & avoit enlevé à celui-ci la Princesse

de Bretagne que Maximilien avoit déja époufée par fes Ambaffadeurs. On tenta plufieurs fois fous le regne fuivant de rétablir ces nœuds, en mariant Charles d'Autriche, petit-fils de Maximilien, avec Madame Claude fille aînée de Louis XII. Tous ces traités toujours rompus, parurent à Maximilien autant d'outrages qu'il Guicciard, 'écrivit fur fon livre rouge, fe propoRerum Ger- fant de les venger d'une maniere éclaBibliot. tante, quand la mefure feroit comMarquardi blée; mais le Trône Impérial qu'il Edit. de occupoit avec peu de gloire, ne Burcard Got- lui donnoit pas autant de puiftlef Struve, fance que de grandeur. Les États

liv. 13.

manic fcript.

ex

Freheri.

vol: 2.

Philippe de indociles fe refufoient fouvent à fes

Comines.

fim

Gaguin, paf- projets, lui fourniffoient fort peu de troupes & encore moins d'argent. Les Flamands n'avoient ni plus de foumiffion ni plus de libéralité à fon égard; toujours prêts à fe jetter entre les bras de la France, il falloit

Chronicon Monafterii Mellicenfis.

triacar. Edit.

qu'il les ménageât fans ceffe; il ne put même empêcher qu'ils ne fe révoltaffent fouvent contre lui, qu'ils Scriptores ne lui enlevaffent la tutelle de fes rerum Aufenfans, qu'ils ne l'arrêtaffent lui-même du P. Pez. à Bruges, & qu'ils ne le retinffent neuf mois entiers en prifon. Tout le monde le bravoit impunément. Charles d'Egmont, fils d'Adolphe Duc de Gueldres, s'empara du Duché de ce nom;Maximilien allégua vainement la donation que le vieil Arnoul, pere d'Adolphe, en avoit faite au Duc de Bourgogne Charles le Téméraire ; donation à laquelle il avoit été forcé par la barbarie dénaturée de fon fils, qui l'avoit enfermé dans un cachot, & avoit même attenté à fes jours. Les Etats Provinciaux de Gueldres jugerent qu'il n'étoit pas jufte que le jeune Charles d'Egmont, fils d'Adolphe, fût puni des crimes de fon pere, ils l'aiderent à fe maintenir dans le Duché malgré Maximilien, gendre du Duc de Bourgogne. Le Duc de Gueldres trouva auffi de l'appui du côté de la France avec laquelle il fit alliance en 1498. Ce fut un nou

vel article à inférer dans le livre rouge; mais ce livre auroit dû être brûlé, lorfqu'en 1509 Louis XII exécutant feul les engagemens pris en commun par la ligue de Cambrai, enleva aux Vénitiens toutes les Terres qu'ils avoient conquifes fur l'Empereur, & les lui remit avec une bonne foi alors fans exemple. C'étoit réparer avantageusement les torts que la France pouvoit avoir eus à l'égard de Maximilien; mais cet Empereur en eut à fon tour de plus réels & qu'il ne répara point : il abandonna la France dans les infortunes qu'elle ne s'étoit attirées que pour l'avoir fervi; on le vit même fe joindre aux ennemis de Louis XII pour l'accabler. Ce Prince mourut ennemi de l'Empereur, & réuni contre lui aux Vénitiens.

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Maximilien ne méritoit pas plus de confidération qu'il n'en eut. Inconftant, incertain, irréfolu, formant mille projets, n'en exécutant aucun, d'une avidité infatiable,d'une prodigalité faftueuse, amaffant d'une main, diffipant de l'autre,ne connoiffant d'autre inté

rêt politique, que l'intérêt pécuniaire, rapportant tout à l'argent qui lui manquoit toujours, changeant pour cela feul à tous momens (1) d'ennemis & d'alliés, vendant au plus offrant des fecours toujours trop foibles que fouvent même il ne fournissoit pas, trompant, mais plûtôt par légereté que par fourberie; ami peu fûr, ennemi peu redoutable ; il n'eut d'eftimable que fon amour pour les Arts, & que la protection qu'il leur accorda. (2)

Maximilien qui fe dégoûtoit de tout, fe dégoûta de la Couronne Im

(1) » Il étoit connu fur ce pied-là, dit l'Abbé Dubos dans l'Hiftoire de la Ligue de Cambrai, » & perfonne ne lui propofoit plus de mettre fon » nom au bas d'aucun acte, qu'il n'énonçât que ce » Prince toucheroit une fomme d'argent en quit» tant la plume. Sa pauvreté étoit paffée en pro verbe on l'appelloit Maffimiliano poco denari. » C'étoit, dit l'Auteur de l'Hiftoire du Chevalier Bayard, la chofe en ce monde dont ledict Empe»reur Maximilian eftoit le plus fouffreteux.

teur,

(2) Ce goût pour les Arts, goût fi digne d'un grand Prince, penfa étre étouffé par fon PrécepPierre Engelbert, pédant groffier & brutal, qui ne le nourriffoit que de fubtilités fcholaftiques, & qui employoit les mauvais traitemens, la violence, les coups, pour vaincre la répugnance que le jeune Maximilien oppofoit à fes leçons barbares.

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