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périale & defira la Thiare, parce qu'il ne la poffédoit pas, & parce qu'il étoit réellement plus propre à la dignité de Pape, qu'à celle d'Empereur Jules II. difoit que les Electeurs & les Cardinaux s'étoient également trompés; qu'on eût dû lui déférer l'Empire, & à Maximilien la Papauté. Il eft für que le dernier entama une négociation relative à ce projet; il devoit fe dépouiller de l'Empire en faveur de l'Archiduc Charles fon petit-fils, fi le Pape Jules II vouloit le prendre pour Coadjuteur, & lui faire affurer la furvivance par le Sacré Colége. On a de lui une lettre du 18 Septembre 1512, adreffée à Marguerite d'Autriche fa fille, Gouvernante des Pays-Bas, dans laquelle il lui fait part de fon plan.

» Et ne trouvons point, lui dit-il, » pour nulle refun bon, que nous nous » devons franchement marier, mais » avons plus avant mis nôtre délibé>ration & volonté de jamais plus » hanter faem ( 1 ) nuë, & envoyons

(1) 11 eft aisé de voir que cette Lettre eft d'un Etranger, & que le ftyle en eft trop incorrect pour

» demain M. de Gurec, Evêque, à » Rome devant le Pape, pour trou» ver fachon que nous puyffun accor» der avec ly de nous prenre pour »ung Coadjuteur, afin qu'après fa » mort pourons être affuré de avoer » le Papat, & devenir Prêtre, & après » être Saint, & que yl vous fera de » néceflité que après ma mort vous >> ferez contraint de me adorer, dont » je me trouverai bien glorifioes. «c

сс

Après cette plaifanterie, il explique plus férieusement les mesures qu'il a prifes, & avoue que deux ou trois cens mille ducats lui feroient d'une grande utilité pour acquérir les fuffrages des Cardinaux. Il figne, Votre bon Pere Maximilianus futur Pape.

Cependant, fcit faute de conftance où d'adreffe, foit peut-être faute des deux ou trois cens mille ducats, Maximilien ne fut ni Coadjuteur ni Sucfeffeur de Jules II; & lorfque François I. parvint à la Couronne, on n'avoit plus ce moyen facile d'a

le tems même où elle a été écrite. Cette incorrection ajoûte au ton de plaifanterie qui regne dans la Lettre.

mufer Maximilien en flattant fes efpérances & fes defirs; le Siége Pontifical étoit alors occupé par Léon X, plus jeune de vingt ans que Maximilien.

CORPS HELVETIQUE.

Les Suiffes fembloient devoir être plûtôt ennemis de l'Empereur, que des François. Maximilien étoit le Chef de cette Maifon d'Autriche, dont la tyrannie, en les pouffant au défefpoir, leur avoit procuré la liberté; il étoit le gendre de Charles le Téméraire, qui avoit voulu leur enlever cette liberté fi chere, pour laquelle ils avoient tant combattu. Mais les intérêts changent avec les con jonctures: ils étoient alors protecteurs des Sforces, défenfeurs du Milanès, alliés de l'Empereur, ennemis ardens des François.

Les différens Rois de France n'avoient pas tous tenu à leur égard la Hift. Milit. même conduite. Charles VII avoit par M. le Ba cru devoir s'unir contre eux à Sigifron de Zur- mond, Duc d'Autriche. Le Dauphin

des Suiffes,

lauben, t. I.

c. 2.,& fuiv. Louis eut l'honneur de les vaincre

tica.

par

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Plantin,

5.

près de Bâle en 1444; mais malgré leur défaite, il lui infpirerent tant d'eftime pour leur courage, qu'il fe Simler Ref hâta de conclure la paix avec eux, publ. Helve& qu'il fe promit bien de ne fe com- Phil. de mettre jamais avec des ennemis fi Comines redoutables. Son Pere penfa comme Abrégé de paffim. lui, & en 1451 fit un Traité avec l'Hift.Suiffe, eux; c'eft le premier que la France 1.4&s. ait fait avec les Suiffes, celui de 1444 n'ayant été fait qu'au nom du Dauphin. Louis XI vouloit envain éviter de les combattre. La premiere fois qu'ils parurent en France, ( ce fut en 1464) ils y vinrent contre lui; c'étoit le Duc de Calabre,Jean d'Anjou, qui les amenoit à l'armée de la Ligue du Bien-Public; ils étoient au nombre de cinq cens. Louis XI les renvoya bien-tôt dans leur pays en diffipant la Ligue par des moyens adroits & heureux. Il fçut enfuite se les attacher à force d'égards & de bienfaits. Ils étoient pauvres, il leur prodigua l'argent; ils étoient vains, il flattá leur orgueil par toutes fortes de baffeffes politiques; il ne les appelloit jamais que Meffeigneurs des Ligues.

Il voulut être Bourgeois de Berne. Il fallut que le Duc de Savoye lui cédât le titre de premier Allié des Suiffes. Ils aimoient la liberté, Louis XI en parut le défenfeur. Il s'unit avec Mezeray, eux contre Charles le Téméraire Abr. Chror. leur ennemi commun, dont la puisfance alla se brifer contre ce Corps Helvétique, qui est tout de fer. Les Suiffes commencerent alors à fervir dans les armées Françoifes. Ils continuerent fous Charles VIII, qui, en 1496, établit la Compagnie des Cent-Suiffes. Les Suiffes fervirent très-bien Louis XII dans les deux premieres expéditions du Milanès. La captivité de Ludovic Sforce fut leur ouvrage; mais pour prix de leurs fervices, ils crurent pouvoir en rentrant dans leurs montagnes s'emparer de Bellinzone, qui étoit pour eux la clef du Milanès. LouisXII fentit de quelle importance étoit cette Place, & le fit encore mieux fentir aux Suiffes par les inftances avec lefquelles il la redemanda. L'esprit de Guillaume Tell animoit toujours ces fiers Républicains. L'horreur de la tyrannie

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