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leur petit-fils commun, les réunissoit.

PAYS-BA S.

Mais l'intérêt de l'Archiduc n'étoit pas toujours le même que celui de fes deux ayeux, Maximilien & Ferdinand. Ceux-ci pouvoient quelquefois gagner à faire la guerre aux François, l'Archiduc ne pouvoit qu'y perdre. Il gouvernoit dans les Pays-Bas des peuples indociles, accoutumés à la révolte, toujours prêts à fe jetter entre les bras des François, avec lefquels ils ne vouloient point de guerre, parce qu'elle eût ruiné leur commerce & autorisé leur Souverain à les charger d'impôts. D'ailleurs le jeune Charles voyoit dans un avenir peu éloigné la Couronne d'Espagne prête à tomber fur fa tête par la mort de fon ayeul Ferdinand; il avoit befoin de la France pour prendre poffeffion de cette Couronne, il prévoyoit des contradictions de la part des Espagnols. La France pouvoit fomenter ces troubles, armer en faveur de la Maison d'Albret fon alliée pour le recou

vrement de la Navarre, redemander le Rouflillon & la Cerdagne, ou fe jetter fur les Pays-Bas pendant l'abfence du Prince: il falloit donc prévenir tous ces inconvéniens par un traité, foit de concert avec l'Empereur & le Roi d'Espagne, foit même fans leur participation. C'étoit à l'Archiduc à defirer ce traité, parce qu'il étoit le plus foible. La France n'avoit intérêt de le ménager que pour l'avenir.

PORTUGAL.

Les Portugais n'étoient alors importans dans l'Europe que par la découverte d'une route par mer aux Indes orientales, & par l'adreffe qu'ils avoient eue d'enlever à la République de Venife le commerce des épiceries; toutes leurs vûes tournées vers la mer & vers le commerce (1), les rendoient un peu étran

(1) Emanuel le Grand, alors Roi de Portugal, prenoit les titres de Souverain de Guinée, Maître de la navigation & du commerce d'Ethiopie, d'Arabie, de Perfe & des Indes, titres d'autant plus

Larrey.

Thoiras.

gers aux affaires politiques de l'Europe: ils n'avoient pour voifins que les Efpagnols qu'ils ne fongeoient point à attaquer, contens d'être en état de fe défendre, fi le défir de joindre ce Royaume à toutes les autres Provinces d'Espagne, engageoit les Espagnols à les attaquer eux-mêmes. Au refte, c'étoit un ennemi qu'on pouvoit dans l'occafion fufciter à l'Espagne, & que des défiances naturelles devoient aifément jetter dans toutes les Ligues contraires à cette Monarchie.

ANGLETERRE.

L'Angleterre, alors étrangere à Rapin de tout, prétendoit que rien ne fe fît Le P.dor fans elle. La balance que les Vénitiens léans, révo- avoient tenue en Italie, les Anglois lut, d'Angleterre, alim, prétendoient la tenir dans toute l'EuAndré Du- rope. Leur jeune Roi, plein d'orHift. Ge- gueil, de paffions & de caprices, vounérale d'An- loit être l'Arbitre de fes voifins. Il gleterre,d'Ecoffe & d'Ir. avoit pris pour devise un Archertenlande, paffim.

chefne.

glorieux qu'il ne les devoit point au hafard de la naiffance, mais à l'induftrie de fes fujets, encou ragés par les bienfaits.

dant fon arc, avec ces mots : Qui je défends eft maître. L'Angleterre, autrefois fi redoutable, fe contentoit alors d'être importante. Les divifions des François l'avoient rendue toutepuiffante en France fous le regne de Charles V I. Ses propres divifions l'avoient affoiblie à fon tour. La race malheureuse d'Edouard III, armée contre elle-même, venoit de remplir toute l'Angleterre de carnage, de crimes & de fupplices. Cette querelle de la Rofe rouge de Lancaftre & de la Rofe blanche d'Yorck, une des plus acharnées que l'ambition ait fait naître, produifit jufqu'à trente batailles rangées, coûta la vie à plus de foixante Princes iffus d'Edouard III. II y en eut encore plus d'égorgés de fang-froid que de tués dans les combats. Les deux Maifons, abufant tour-à-tour de leurs victoires, s'attachoient à tarir jufques dans les derniers canaux la fource d'un fang ennemi.

Catherine de France, fille de notre malheureux RoiCharles VI,femme du Roi d'Angleterre Henri V, & mere

de Henri VI, avoit époufé en fecon des nôces un homme obfcur du Pays de Galles, nommé Owen Tudor. De ce mariage.étoit né Edmond, Comte de Richemont, qui avoit époufé Marguerite de Sommerfet de la Maifon de Lancaftre. Le fils d'Edmond & de Marguerite fut le Roi Henri VII, iffu de la Maifon Royale d'Angleterre par fa Mere, & qui peut-être étoit à peine noble. (1) Il époufa une Princeffe de la Maifon d'York, & les droits des deux Roses étoient réunis dans Henri VIII leur fils; mais il reftoit d'autres rejettons de la branche d'York échappés au carnage des Princes de leur Maifon; c'étoient les Seigneurs de la Maison de Poole. L'aîné étoit le Duc de Suffolk, dont Henri VIII, comme on l'a dit, transmit le titre à Charles Brandon fon Favori. Le vrai Duc de Suffolk, perfécuté ainfi que fes Freres par Henri VII & par Henri VIII, s'étoit réfugié en

(1) Obfervons cependant que depuis l'élévation de la Maifon Tudor, on lui a donné une origine ancienne & illustre.

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