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encore s'il n'accepteroit point la trè 515. ve, fans exiger cette renonciation; mais confidérant que fes fréquentes défections avoient déja irrité contre lui le Roi d'Angleterre, & pourroient encore déterminer le Pape & les Suiffes à l'abandonner au befoin, il declara qu'il ne trahiroit point la cause du Milanès, & que fi ce Pays étoit attaqué, il le défendroit.

Maximilien, que Ferdinand gouvernoit, prit auffi par foibleffe ce parti courageux, & les François s'unirent plus étroitement que jamais avec les Vénitiens; ils jurerent encore de ne pofer les armes, qu'après qu'ils auroient recouvré de part & d'autre tout ce qu'ils avoient perdu en Italie.

Ce Traité ne fut point public, & quoique François eût refufé au Roi d'Efpagne de facrifier fes droits fur les Milanès, rien n'annonçoit encore qu'il dût les faire valoir fi-tôt ; il continuoit toujours fes armemens avec une vivacité fourde, qui n'étoit prefque pas apperçue de ses voifins, qu'il tâchoit de leur dérober.

&

Il falloit d'abord que l'Europe, s'il Etoit poffible, ignorât ces prépara- 1515. tifs; mais comme on devoit peu fe flatter de les lui cacher long-tems, il falloit du moins qu'elle fe méprît fur l'objet. Pour l'amener à cette erreur, on fçut profiter habilement des conjonctures; les Suiffes menaçoient la Bourgogne, parce que le Traité humiliant, conclu par la Tremoille, pour fauver cette Province, après la défaite de Novare, n'avoit point été ratifié par Louis XII. François I, fans le ratifier davantage, affecta les vûes les plus pacifiques, & nomma le Seigneur de Jamets, fils de Robert de la Mark (1) pour Ambaffadeur auprès des treize Cantons; les Suiffes animés par le Cardinal de Sion, refuferent des paffeports, & déclarerent que fi le Traité de Dijon n'étoit pleinement exécuté, ils alloient entrer en armes dans la Bourgogne. C'étoit précisément cette déclaration Franc Gues que François I demandoit; il fut le ciard. 1. 13 premier à la publier, il fe plaignit hau

1) Seigneur de Sedan,

tement de la dureté des Suiffes, i 1515. parut allarmé de leurs menaces, & il fit faire ouvertement en Bourgogne des préparatifs qu'on pouvoit croire uniquement destinés à la défense de cette Province.

Le Pape & les autres Princes d'Italie donnerent dans le piége; en conbinant les conjonctures, ils croyoient qu'en effet le Roi fe borneroit à défendre la Bourgogne, & n'entreprendroit rien en Italie, au moins cette année. Un nouveau regne ne leur paroiffoit point propre à de fi grands projets; »il faut du tems, difoient-ils, pour » que ce jeune Roi foit affermi fur le » Trône où il eft à peine monté, il >>"faut qu'il prenne connoiffance des » différentes branches de l'adminiftation, qu'il rétablisse les Finances épuifées fous le dernier regne, Petrus de >> qu'il répare toutes les bréches que Angler. Ep. » les malheurs des dernieres années » de Louis XII ont faites à la >> France.

343.

Mariana.

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En vain le fage (1) Ferdinand leur

(1) Sagax eft & longâ rerum experientiâ fapiens, dit de lui Pierre Martyr d'Anglerie, Epift. 143

Crioit: " ne vous endormez point >> fur une fi vaine confiance; un mo- 1515 >> ment fuffit aux François pour s'ac>> coutumer à leurs Maîtres. N'exami❞ nez point tant ce que notre ennemi » doit faire, confidérez un peu plus » ce qu'il fait. Eft-ce uniquement pour » défendre la Bourgogne, qu'il ajou»te à fa Gendarmerie quinze cens >> lances? augmentation inouie, exor»bitante, qui annonce les plus vaf»tes projets. Eft-ce pour défendre » la Bourgogne, qu'un train immense » d'Artillerie défile dans le Lyon"nois, & gagne infenfiblement les » Montagnes? Eft-ce encore pour » défendre la Bourgogne, que l'Allemagne lui fournit jufqu'à dix mille » Lanfquenets, que le Duc de Guel>> dres lui raffemble dans fes Etats fix » mille Fantaffins d'Elite, que Pierre » de Navarre, (1) mon Sujet re

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(1) Pierre de Navarre étoit un Espagnol, foldat de fortune, le premier Ingénieur de l'Euro; e & un des premiers Capitaines; fon mérite l'avoit élevé au Commandement en Espagne. A la Barale de Ravenne, où il commandoit l'Infanterie Efpagnole, il avoit long-tems difputé la victoire à Galton de Foix; il en coûta la vie à Gafton & la liberté à

» belle, vient jufques fur les from ISIS. » tieres de mon Royaume, lever dix Belcar. liv. » mille Gafcons ou. Bafques?

15. n. 3.
P. Jove, liv.

S.

Les Princes d'Italie ne vouloient point être frappés de toutes ces démarches qui fe faifoient loin de leurs yeux.

Cependant le Roi d'Espagne, l'Empereur, les Suiffes & leur Duc de Milan, Maximilien Sforce, preffoient le Pape d'entrer dans une ligue qu'ils venoient de former pour la défense de l'Italie. Cette ligue étoit même offenfive; les Suiffes, moyennant

Navarre. Le Duc de Longueville ayant auffi été pris l'année fuivante à la bataille de Guinegafte, Louis XII lui donna Navarre pour que la rançon qu'il en zireroit, l'aidât à payer la fienne; mais le lâche Cardonne, Viceroi de Naples, qui avoit fui des premiers à la bataille de Ravenne, ofà imputer fa défaite à Navarre, objet de fa bafle envie; le Roi d'Espagne par une œconomie imprudente, faifit ce prétexte de refufer la rançon de Navarre qu'il fçavoit n'être pas affez riche pour la payer. Louis XII & François I lui firent les offres les plus preffantes pour l'attirer à leur fervice, il en fit part à fon Maître, qui ne daigna y faire aucune attention; enfin Navarre prit le parti de s'attacher à la Fran ce, en proteftant contre fon ingrate Patrie, qui pour prix de fes fervices, le condamnoit à une capivité éternelle. C'eft lui qui le premier a fait con noître en Europe l'art des mines, fi redoutable dans Jes fiéges.

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