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& promis de recevoir les troupes 1515. françoifes qu'on voudroit y envoyer, moyennant une Compagnie de Gen

Is. n. 6.

Belcar. liv, darmerie, l'Ordre de S. Michel, une forte penfion pour lui, beaucoup de Bénéfices pour Fréderic fon frere, Archevêque de Salerne, & le rétabliffement des privileges des Gênois, abolis par Louis XII. Frégofe écrivit au Pape, comme pour concilier fa démarche avec la reconnoiffance qu'il lui devoit : » Je fçais, lui dit-il, qu'il me feroit difficile de juftifier >> ma conduite aux yeux dire ignorant; mais je parle an Sou» verain le plus éclairé, au plus habile politique de l'Europe, qui fçait » que la raifon d'Etat excufe dans les » Princes, les actions qu'elle exige.

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Le Pape ne répondit rien à cette apologie, dont François I fut réputé l'auteur; on crut que ce Prince ayant rendu au Pape furprise pour ar tifice, avoit voulu triompher de co fuccès, & fe venger encore de Léon par cette ironie.

Le Traité de la France avec Fré gofe, dévoila entiérement les pro

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liv. 12.

jets du Roi; il ne fut plus poffible de douter qu'il ne fe propofât de con- 1515. quérir le Milanès, & qu'il n'y trouvât beaucoup de facilités. Dès-lors Guicciard, tous les projets de la Ligue, pour une guerre offenfive, s'évanouirent; il ne fut plus queftion d'entrer dans la Bourgogne, dans le Dauphiné, dans le Languedoc, dans la Guyenne ; on courut à la défenfe de l'Italie, les Suiffes allerent occuper les paffages des Alpes; le Pape qui prétendoit toujours cacher fon adhésion à la Ligue, fit marcher fes troupes fous la conduite de Laurent de Médicis, fon neveu; il difoit aux Confédérés qu'elles alloient joindre les Suiffes, il difoit aux François qu'elles alloient feulement garder Parme, Plaifance, Modene & Regge, & en effet elles s'arreterent fous le canon de Plaifance. L'Empereur, à fon ordinaire, ne fit rien pour la caufe commune; il lui reftoit quelques troupes confondues avec les troupes efpagnoles, que commandoit ce même Raimond de Cardonne, Viceroi de Naples, qui avoit perdu contre les Fran

çois la bataille de Ravenne ; il avoit 1515. été plus heureux depuis contre les Vénitiens dans le Breffan, le Vicentin & le Veronez. Il étoit alors autour de Verone, où il avoit en tête l'armée vénitienne, commandée par l'Alviane, Général fameux par fes fuccès & grand dans fes difgraces, qui s'étoit illuftré par la bataille même d'Aignadel, qu'il avoit perdue contre Louis XII.

Mém. de

Les Suiffes, en s'avançant vers les Alpes, ravagerent les Etats du Duc de Savoye & des autres Alliés que la France avoit en Italie; ils prétendoient conquérir & conferver ces Etats; ils les partageoient même déja entr'eux & leurs amis.Le Cardinal de Sion étoit Duc de Savoye, fon frere étoit Marquis de Saluces, Profper Colonne qui commandoit la Cavalerie du Pape, devoit être Comte de Carmagnole, s'il fe joignoit aux Suiffes, & s'il les fecondoit bien.

François I n'ayant plus rien à difDu Bellay, fimuler, n'ayant point d'ailleurs de tems à perdre, (on étoit déja au mois d'Août) prit la route de l'Italie avec

liv, I.

la plus belle armée qui eût encore paffé les Alpes. (i) On fent que ces 1515. armemens avoient dû entraîner de grandes dépenses; cependant à la mort de Louis XII, le tréfor étoit vuide; François I ne vouloit point rendre odieuse l'époque de fon avénement, en rétablissant les impôts, dont la fuppreffion avoit fait bénir l'avénement de Louis XII. Il falloit y fuppléer par des refsources extraordinaires, auffi promptes qu'efficaces. Le génie hardi & fécond de Duprat. fut chargé d'en trouver; il propofa une création de charges dans les Parlemens, qui feroient vendues au profit du Roi, fous prétexte de prêt pour les befoins de l'Etat, car on n'ofoit pas encore prononcer le nom de vé→ nalité pour les charges de Judicature. On s'attendoit à de grandes contradictions, le Chancelier ne s'en effrayoit point; perfuadé que l'autorité

(1) La Gendarmerie compofoit un Corps de quinze mille hommes, l'Infanterie un de quarante mille, on menoit auffi trois mille pienniers, dont le fecours devoit être fort utile, & beaucoup d'arFillerie quine devoit pas l'être moins.

devoit toujours porter des coups cer1515. tains, il s'adreffa au Parlement de Paris, afin que quand fa résistance auroit été impuiffante, fon exemple entrainât les autres ; il lui préfenta un Edit portant création d'une Chambre nouvelle, compofée de vingt Confeillers; le Parlement réfifta, fit des remontrances, & n'enregistra enfin qu'avec cette clause peu favorable, du très exprès commandement du Roi. Il commença dès-lors à déplaire au Roi, & le Chancelier à déplaire au Peuple. Cette nouveauté dangereufe, dont Duprat étoit l'auteur, fcandalifa beaucoup, elle inspira les préventions les plus fortes; on ne douta point que ces nouveaux Juges ne portaffent Belcar. liv. dans l'exercice de leurs fonctions des

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ames vénales comme leurs charges, & qu'ils ne vendiffent la juftice après avoir acheté le droit de la rendre ; il fallut pour attirer la confiance du public, que fur les vingt nouveaux Confeillers, dix fuffent répartis dans les autres Chambres & remplacés dans la nouvelle par dix anciens Confeillers. Les autres Parlemens, com.

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