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du Pape à une expédition dont le ------fuccès lui paroiffoit infaillible. Pour 1515 mériter le Comté de Carmagnole, il alloit joindre les bataillons des Suiffes, & accabler avec eux les François enfermés dans les Alpes;

taines étran

Fabrice &

Profper Colonnes, &

vies des hom illuftr

il alloit, difoit-il, les tenir come pi- Brantôme pioni in la gabie; mais les Piémon- Vie des Cap tois, qui avoient fi bien caché la gers, art. marche des François, révèlent encore à ceux-ci celle de Profper & fon arrivée à Villefranche, petite lustr Franç ville du Piémont, fituée fur le Pô, at. Imberà quelques lieues de fa fource. Auffi- court. tôt les Maréchaux de Chabannes & d'Aubigny, Bayard, d'Imbercourt, Montmorenci, &c. tous les Capitaines les plus propres à un coup de main, font monter à cheval leurs hommes d'armes & marchent à leur tête. Le Comte de Morette & le même Payfan les guident à travers le Mont de l'Epervier, qui n'avoit ja mais vu de Cavalerie traverser fes âpres finuofités. Il falloit paffer le Pô; les Guides indiquerent un gué peu connu, & d'Imbercourt qui conduifoit l'avant-garde de ce détacheKy

ment, arrive à midi à la vue de Vil 1515. lefranche. La fécurité y avoit produit la négligence les poftes étoient abandonnés, les Soldats difperfés, les portes ouvertes. Cependant l'ennemi eft fous les murs; on le voit, on l'entend, on ne peut le croire (1), & on ne peut en douter; on court en tumulte aux portes, on s'empreffe pour les fermer, on eft prévenu par l'impétuofité des François; deux Gendarmes de la Compagnie Mém de de d'Imbercourt, Hallençourt GenDu Bellay, liv, 26 tilhomme Picard & Beauvais Gentilhomme Normand, pouffent leurs chevaux contre une des portes avec tant de violence, que du choc Hallencourt eft précipité dans le foffé;

(1) Suivant l'Hiftorien du Chevalier Bayard, la furprife fut moins grande, Profper étoit averti qu'une partie des François avoit paffé les Monts, mais il croyoit qu'il n'y avoit que le Chevalier Bayard avec la Compagnie dont il étoit Lieutenant. Cette fécurité en étoit bien plus inexcufable, car fi une Compagnie avoit bien pu paffer, pourquoi pas dix, pourquoi pas cent? Le même Auteur dit à la vérité que Profper avoit envoyé un détachement à la découverte, que ce détachement ayant rencontré les François, s'enfuit à toute bride vers Villefranche, où les François entrerent en le poursuivant.

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1515.

Petr. de An

mais l'intrépide Beauvais paffe fa lance à travers la porte, l'y foutient avec vigueur, donne le tems à d'Imbercourt & à fa troupe de l'appuyer; gler. Epif la porte eft enfoncée, d'Imbercourt, $49. quoique bleffé au visage, combat toujours, le Maréchal de Chabannes arrive, les François entrent tous enfemble dans la ville; les Italiens confternés n'opposent aucune résistance; la Maifon de Profper Colonne eft environnée; on trouve ce Général à table, ne foupçonnant rien de ce qui fe paffoit; d'Aubigny le fait prisonnier. Colonne prend tout ce qu'il voit pour un fonge, mais trop für à 15. la fin de la réalité de fon malheur, il fe livre au chagrin le plus amer; il accufe & le ciel & les hommes, furtout Ferramufca fon Lieutenant, auquel il prétendoit avoir confié la garde des portes, il s'accufe encore plus lui-même d'avoir flétri tous fes lauriers par un moment de négligence. Un Général furpris à table, à midi, fans aucune intelligence dans la ville, liv. 12, par le feul effet de fon inattention, quel reproche! Il veut du moins di

Belcar. liv.
P. Jove liv.

Is. n. 1o.

Guicciar

minuer cette honte aux yeux de 1515. l'Europe, en publiant un manifefte dans lequel il expofe qu'à l'exception des paffages gardés par les Suiffes, les Alpes font notoirement impénétrables, que jamais le Pô n'a été guéable aux approches de l'automne, qu'on peut bien prévoir & prévenir les efforts humains, mais qu'on ne prévient point les miracles. Quel éloge des François !

Ils avoient eu d'un autre côté des fuccès moins éclatans, mais non moins confidérables; les Troupes embarquées fous la conduite d'Aimar de Prie étoient defcendues à Gênes, avoient trouvé les Génois fidéles à Mém. de leurs nouveaux engagemens, avoient Du Bellay, été recueillies dans leurs Ports & accrues de leurs Soldats. Quatre mille Génois s'étoient joints à elles ; les villes d'Alexandrie & de Tortone avoient été surprises, prefque toute la partie du Milanès, fituée au-delà du Pô, étoit conquife.

liv. &

Les Confédérés abattus commençoient à fe divifer, ils s'obfervoient avec une défiance mutuelle, chacun

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contribuoit le moins & le plus tard qu'il pouvoit à la défenfe commune; 1515 le Roi d'Espagne avoit envoyé de l'argent pour payer les Suiffes, il différa le payement dans la crainte de payer feul & dans l'efpérance de ne point payer du tout, fi l'on donnoit bataille & que les Suiffes fuffent défaits; le Pape, dont la prise de Colonne avoit confondu la prudence, ménageoit fecretement fa réconciliation avec le Roi par l'entremife du Duc de Savoye. Le Roi bien inftruit de la terreur que fes armes infpiroient à Léon X,voulut en profiter, non pour lui, mais pour fes Alliés. Protecteur généreux des petits Princes d'Italie, il exigea que le Pape rendît Bologne aux Bentivoglio, Modene & Regge au Duc de Ferrare. Le Confeil du Pape fe partageoit, le Pape plein d'une irréfolution timide, flottoit entre le Cardinal Bibiena fon favori, qui confeilloit cette reftitution, & le Cardinal Jules de Médicis fon coufin & fon Légat à Bologne, qui la rejettoit, alléguant l'honneur du Saint Siége, & fur-tout ne vou

Belcar. liv

15. n. II

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