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lant point perdre fa Légation. Le 1515. Pape ne prit d'autre parti que celui d'attendre les évenemens & de traiter toujours avec les François, afin que leurs fuccès, s'ils continuoient d'en avoir, le trouvaffent en négociation ouverte.

P. Jove, liv:

Le Cardinal de Sion & les Suiffes frémissant de rage de voir les François échappés à leurs coups, rentrerent précipitamment dans le Milanès pour en défendre les reftes; fur leur chemin ils pillerent également & Chivas qui leur ferma fes portes, & Verceil qui leur ouvrit les fiennes; ils s'avançoient vers Milan, mais bien-tôt leurs Chefs fe brouillerent ils n'étoient pas tous dans les mêmes difpofitions à l'égard de la France, & le Cardinal de Sion, dont le tems fembloit enflammer la fureur, au lieu de l'amortir, fe plaignoit de la froideur de quelques-uns d'entr'eux ; il pouffa même l'imprudence de fes emBelcar. liv. portemens, jufqu'à reprocher au Colonel Albert de la Pierre, qui commandoit les Suiffes du Canton de Berne, qu'il étoit trop ami des Fran

15. n. 12.

çois, pour avoir ignoré leur marche à travers les Alpes. La Pierre repouf 1515, fa l'infulte par la brutalité, il donna un démenti au Cardinal. Celui-ci montra auffi-tôt des Patentes de Général, fignées du Pape & de l'Empereur & fit arrêter la Pierre, mais il fut obligé de le relâcher au bout de vingtquatre heures; le lendemain la Pierre, pour le venger, lui demanda la folde fe à la téte de fa Troupe, dont le Cardinal faifoit la revue; le Cardinal qui n'avoit point d'argent, prit le ton de la douceur,c'eft-à-dire, de la foibleffe; Albert, d'autant plus fier que le Cardinal étoit plus fouple, infifte, menace, fa Troupe l'appuye: le Cardinal fe croit en danger, & s'enfuit avec fes amis à Pignerol; la fin de Paul Jove; cette querelle fut qu'Albert de la Pierre quitta l'Armée, & ramena dans gler. Epik le Canton de Berne une grande partie de fa Troupe, ne voulant ni fervir fous le Cardinal, ni mériter fes reproches en paffant dans l'armée françoife.

Le Chevalier Bayard, qui obser

lib. 15.

Petr. de An

5509

15.11. 12.

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voit & inquiétoit les Suiffes, fut inf 1515. truit de leurs divifions, il en avertit Belcar. liv. le Connétable de Bourbon, qui écrivit au Roi pour lui demander la permiffion d'en profiter, & pour l'affurer que les Suiffes feroient infailliblement défaits, fi on les attaquoit dans ces momens de trouble. Le Roi étoit encore à Lyon avec le Corps d'armée, il jugea qu'il feroit plus prudent d'attendre la réunion de l'Armée entiere; 'il vouloit d'ailleurs avoir part à la gloire; il auroit été fâché que fans lui les Suiffes euffent été battus & le Milanès conquis; il hâta fa marche malgré les remontrances du Roi Guicciard. d'Angleterre, qui, jaloux de fes preAiv. 12. miers fuccès, l'envoya prier de ne Belcar. liv. point troubler la paix de la Chré

15, n. 8.

tienté; il pafla les Alpes fans obftacle; il traverfa rapidement le Piémont, où le Duc de Savoye, fon Oncle, lui rendit tous les honneurs qu'un petit Souverain doit à un grand Roi; il continua fa marche, & prit plufieurs Places fans s'arrêter; Novare lui préfenta fes clefs; ce fut là que

le Duc de Gueldres le joignit avec ses bandes noires : (1) enfin il vint 1515. avec fes forces réunies camper à

Marignan. (2)

Il reftoit une jonction importante P. Jov. 1.15. à faire, & une jonction importante à empêcher;il falloit que l'Alviane avec l'Armée Vénitienne joignît les François ; il falloit que Laurent de Médicis avec les Troupes de l'Eglife, & Raimond de Cardonne avec les Trou pes Espagnoles, ne joigniffent point les Suiffes. Nous avons laiffé Laurent de Médicis fous le canon de Plaifance, & le Viceroi de Naples, Cardonne, autour de Verone, ayant en téte l'Alviane avec les Vénitiens; Cardonne part du Veronez, & va trouver Laurent de Médicis, pour lui perfuader de venir avec lui joindre les Suiffes. L'Alviane qui ne perdoit point de vue le double objet de tra

(1) C'étoit un corps de fix mille Allemands tous vieux Soldats, d'un courage éprouvé, qui avoient long-tems fervi le Duc de Gueldres contre l'Empereur. Ce nom de bandes noires leur avoit été donné à caufe de la couleur de 1.urs drapeaux.

(2) Le vrai nom cft Melegnano, mais nous fuivrons l'ufage.

Paul. Jov.

liv. 5

verfer cette jonction, & de faire la 1515. fienne avec les François, côtoyoit le Pô dans ce deffein, & s'avançoit Guicciard. du côté de Crémone; Médicis & Carliv. 12. donne n'étoient guères en état de l'arvit. Leon. 1o. rêter; des défiances mutuelles qui s'augmentoient de jour en jour, les tenoient enchaînés dans le Plaisantin. Le Pape continuant de traiter avec François I, lui avoit envoyé Cinthio de Tivoli, un de fes Domesti ques; les Efpagnols ne connoiffant point Cinthio, ou feignant de ne le point connoître, l'arrêtérent à fon retour, & apprirent par les dépêches dont ils le trouverent chargé, que le Pape étoit à peu près d'accord avec le Roi; le Pape de fon côté ne doutoit prefque point que les Efpagnols n'en fiffent autant que lui. Cardonne Belcar. liv. craignant une défection de la part de Médicis, ne vouloit plus quitter le canon de Plaisance; Médicis, qui fauvoit encore les apparences, le força pourtant de paffer le Pô, pour s'oppofer àla jonction des Vénitiens & des François; mais les Confédérés ayant appris que quelques Com

P. Jove.liv.

15.

ss. n. 15.

1. 16.

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