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pagnies françoifes s'étoient avancées jufqu'à Lodi pour faciliter cette jonc- 1515. tion, ils crurent avoir à combattre toute la Cavalerie ennemie, ils repasferent le Pô avec précipitation, & retournerent se mettre à couvert fous le canon de Plaifance. L'Alviane traverfa le Cremonez fans obftacle, & s'avança jufqu'à Lodi, d'où il étoit à portée de donner la main au Camp de Marignan.

liv. 12.

Belcar. livi

Cependant le Roi traitoit avec les Guicciard. Suiffes, & tout paroiffoit fe difpofer à un accommodement. Les Suif- 15. n. 13. fes demandoient pour eux une fomme d'argent, à la vérité exorbitante, & pour Maximilien Sforce une penfion de foixante mille ducats; à ce prix le Duché de Milan devoit être remis entre les mains du Roi. C'étoit encore le Duc de Savoye qui ménageoit ce Traité à Galera. Quelque onéreux qu'il fût, le Roi voulut bien y foufcrire. » Un Roi, écrivoit-il à Lautrec, » ne doit point ha→ farder le fang de fes Sujets, ni ver>>fer le fang de fes ennemis, lorfqu'il → peut racheter l'un & l'autre avec

Mém. de Du Bellay liv. 1.

сс

» de l'argent. « Paroles admirables 1515. dans un jeune Roi paffionné pour la gloire!

Guicciard. liv. 12.

Sa conduite ne les démentoit point; il accorda aux Suiffes tout ce qu'ils voulurent, il fut attentif jusqu'au fcrupule à leur ôter tout prétexte de rupture ; & quoiqu'ils obfervaffent affez mal la trève, pendant qu'on travailloit à la paix, il défendit de traverfer la jonction de leur Corps principal avec un autre Corps de vingt mille hommes que le Colonel Roft leur amenoit; il donna tous les paffeports néceffaires, afin qu'étant réunis, ils puffent tous ensemble envoyer à Galera des députés, qui ne fuffent point fujets à être défavoués.

Enfin le 8 Septembre, on étoit convenu de tout; la fomme demandée étoit prête, grace au zèle héroique des principaux Officiers qui vendiPetr. de An- rent leur vaiffelle, & donnerent tout gler. Epift. leur argent;le Bâtard de Savoye (1) &

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(1) René de Savoye, Comte de Villars & de Tende, fils naturel du Duc Philippe & de Bonne de Romagnan, Dame Piémontoife. La Ducheffe d'Angoulême sa fœur, lui procura en France une

Paul. Jov.

Belcar. liv.

le Maréchal de Lautrec furent char- 1515. gés de mener ce convoi à Bufalora, où les Suiffes devoient fe trouver pour le recevoir. Mais la haine du Cardinal de Sion ne s'endormoit point; cet implacable ennemi des François & de la paix, devenu plus abfolu par la retraite du Colonel de la Pierre, couroit dans tout le Camp, y ré- lib. 15. pandoit fes fureurs, animoit les Of ficiers Suifles à la guerre, avec cette éloquence impétueufe que la paffion infpire, & qui infpire la paffion. (1) » Amis, leur difoit-il, foyez fidèles à la protection généreufe liv. » dont vous honorez le Duc Sforce, » n'abandonnez pas un Souverain qui » n'efpere qu'en vous, confervez-Îui » la Couronne que vous lui avez don» née, & qu'il vous la doive une fe» conde fois; n'oubliez pas fur-tout

fortune & des honneurs diftingués. Il a été la tige des Comtes & Marquis de Villars.

(1) Le fond des idées dont on a formé ce difcours, eft tiré d'un difcours à peu près pareil que Beaucaire met dans la bouche du Cardinal de Sion, & d'une autre harangue que Guichardin fait faire auffi à ce Cardinal, liv. 12. Paul Jove a fourni auffi quelques idées.

15. n. 14.

Mém. de Du Bellay a

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» les outrages que vous avez reçus » des François, & que vous avez déja commencé à venger avec tant » d'éclat à la bataille de Novare. Voyez les Lanfquenets, vos odieux » ennemis, marcher fous leurs éten» darts: voyez les Ligues grifes, pré» férées à vos ligues indomptables. » Si vous pouvez oublier ces injures, foyez fûrs que lesFrançois ne les oublieront jamais, qu'ils y ajouteront tous les jours quelque injure nou» velle; fur-tout ils fe fouviendront » toujours avec horreur qu'auffi-tôt » que vous avez-paru, non-feulement » vous les avez chaffés du Milanès, » mais encore vous les avez ren» voyé confternés & détruits jusqu'au Guicciard.» fond de la Bourgogne, où vous » les avez forcés à un Traité honɔɔ teux, qu'ils n'ont ofé long-tems ni » avouer, ni violer. Vous les voyez » tremblans recevoir à vos pieds les

v, 12,

Loix que vous daignez leur impo>> fer; la haine eft cachée fous cette » docilité perfide, ils fentent leur » foibleffe actuelle, ils veulent se mé➜nager des occafions plus favora

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>>bles de nuire ; mais vous, où trou» verez-vous jamais une fi belle oc- 1515. » cafion de vous combler de gloire, » de vous regorger de butin, de vous baigner dans le fang de vos enne» mis? Leur Roi eft à leur tête, jeune imprudent qu'une folle effervefcen» ce précipite au devant de vos fers; › ne perdez aucun de vos avantages » prévenez leurs perfidies par une » rufe que leurs procédés & les conjonctures autorifent; faififfez cet argent qu'on porte à Bufalora; que Lautrec & le Bâtard de Savoye » foient les premieres victimes im» molées à votre politique : marchez » à l'inftant vers le Camp des Fran»çois, leur imprudence prépare leur » défaite; ils croient vous avoir » aveuglés fur vos intérêts; ils >>> croient vous avoir extorqué la paix, ils s'en applaudiffent, ils » ont contremandé l'Armée Vé>nitienne, ils n'obfervent ni ordre » ni difcipline; vous les furprendrez » comme ils ont furpris Colonne » dans Villefranche; qu'ils tombent fous vos coups, que leur Roi gé

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