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» miffe dans une captivité éternelle; » que fon fort inftruise les François à respecter un état que protege un Peuple de Héros libres, Dompteurs » des Rois, & modeles des Nations. Ces violentes harangues réveilloient dans tous les cœurs l'amour de la guerre & l'avidité du butin ; les Suiffes fe déterminerent à fuivre le plan d'infidélité que le Cardinal leur tracoit étrange pouvoir d'un feul homme fur la multitude! Cette Nation diftinguée dans l'Europe par fa probité, par fon humanité, croyoit s'illuftrer en égorgeant de fang froid des hommes qui lui portoient le prix de la paix, & qui dormoient sur la foi des Traités. S'il eft vrai, comme le dit Varillas, que depuis la bataille de Novare, les Suiffes n'eftimoient plus affez les François pour leur tenir parole, ils devoient du moins fe refpecter affez eux-mêmes, pour ne pas (1) violer le droit des gens d'une maniere fi fcandaleufe.

(1) Quelques Hiftoriens Suiffes prétendent que cette infidélité ne fut point réfléchie de la part des Suifles, que le Cardinal de Sion trompa leurs Chefs,

Cependant

Cependant Lautrec & le Bâtard de Savoye continuoient leur marche 1515 vers Bufalora, & alloient tomber dans le piége inévitable que les Suiffes leur tendoient, lorfqu'un Efpion bien payé avertit Lautrec du danger qui le menaçoit; l'avis étoit trop important pour qu'on s'amufât à douter; Lautrec fe détourna de fa route mit l'argent en fùreté, avertit le Roi de fe tenir fur fes gardes.

Le Duc de Savoye défefpéré de l'infidélité des Suiffes, avoit effayé vainement de renouer la négociation; il avoit prié cent de leurs principaux Officiers de fe rendre à Turin, fous prétexte de fêtes & de plaifirs, efpérant ramener par eux la Nation entiere à des fentimens plus juftes. Fleuranges (1) fe figna

qu'il leur cacha fon projet, qu'il fit engager le
combat par les Suiffes de la garde du Duc de Mi-
lan, & par ceux des Suiffes qui lui étoient d'ailleurs
dévoués, qu'alors les autres prirent les armes tu-
multuairement pour dégager leurs compatriotes &
fans autre deffein. (Voyez Simler Répub. Helvet.
liv. 1.) Mais comme l'obferve P'Hiftorien de la
Ligue de Cambray, ce récit n'eft pas conforme à
celui des Hiftoriens de toutes les autres Nations.
(1) Fleuranges étoit un des fils de Robert de la
Tome I.

L

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de Fleuran

loit alors en jeune avantureux : titre 1515. qu'il prend par-tout avec complaifance dans fes Mémoires. Il fçut que les Suiffes ne vouloient plus exécuter le Traité de Galera, il prit la réfolution indifcrète d'aller enlever pendant la nuit ces cent Officiers que le Duc de Savoye amusoit à Turin. Mémoires Fleuranges fait couler fes gens un à un du Maréchal dans la Ville; les Suiffes accablés par gese le fommeil & par le vin, ne peuvent fe défendre, ils font pris dans leur lit, & Fleuranges crut avoir rendu à fon Maître un fervice agréable; mais le Roi qui déteftoit jufqu'aux moindres apparences de la mauvaise foi, entra dans une généreuse colere, lorfqu'il apprit cette nouvelle; il envoya ordre à Fleuranges de mettre les Officiers Suiffes en liberté, de leur faire même des excufes. Fleuranges obéit à regret; les Suiffes plus fenfibles à l'injure qu'à la réparation, retournerent animer leurs Compa

Marck Seigneur de Sedan; il fut fait Maréchal de
France le 23 Mars 1526,à la place du Maréchal de

Foix.

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triotes à la vengeance, & feconder ▬▬▬▬▬▬▬ la fureur du Cardinal de Sion. (1) 151S. Les conjonctures n'étoient plus fi favorables aux Suiffes; on avoit prévenu leur projet, l'argent n'avoit point été porté à Bufalora, ils ne s'en étoient point emparés, le Roi veilloit fur fon Camp, l'Armée Vénitienne alloit s'approcher; mais les Suiffes étoient trop avancés pour reculer, ils fe déterminerent au combat, & marcherent vers Marignan. Guicciard Le Roi s'entretenoit avec l'Alviane, qui étoit venu de Lodi pour prendre des arrangemens avec lui, lorfque

le Connétable de Bourbon lui fit dire qu'on voyoit les Suiffes s'avancer en ordre de bataille. A cette nouvelle, l'Alviane remonte à cheval, & court

(1) C'est ainfi du moins que des Hiftoriens ont rapporté ce fait d'après le Maréchal de Fleuranges, mais ils ont un pea altéré fon récit. Fleuranges ne parle ni d'ordre du Roi ni de réparation faite aux Suiffes, il dit qu'il ne mit ceux-ci en liberté que fur les remontrances du Duc de Savoye, qui l'aflura qu'ils étoient à Turin pour affaire du Roi à bonne intention; il ajoute que le Roi fut très-fâché qu'il ne les eût pas retenus, parce que comme c'étoient les principaux Chefs, il n'y auroit point eu de bataille.

liv. 12.

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· à toute bride vers fon Camp de Lodi, pour hâter la marche de l'Armée Vénitienne. Le Roi demande fes armes & va fe mettre à la tête de fes Troupes, charmé de voir la gloire qui s'offroit d'elle-même à lui, & qui le contraignoit de recevoir fes faveurs, dans le tems où il fe faifoit l'effort d'y renoncer par amour pour fon Peuple & par refpect pour l'huma-nité. Ses Soldats partageoient fajoye; ils voyoient avec tranfport arriver le moment de laver l'affront reçu à Novare. Le Connétable fi digne de vaincre avec fon Roi, rangea promptement l'Armée en bataille, confia la garde de l'Artillerie auxLanfquenets, Rivaux redoutables, Ennemis mortels des Suiffes, & difpofa autour des Lanfquenets fa Cavalerie fur deux aîles. Les Suiffes s'avançoient avec un filence farouche vers l'Artillerie; pour mieux furprendre les François, ils n'avoient ni trompettes ni tambours; leur deffein étoit de s'emparer d'abord de l'Artillerie, de l'enclouer ou de la tourner contre les François. C'étoit par cette manoeuvre

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