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Toufe, parce qu'il avoit la réputation d'être le plus févere du Royaume; mais ce Parlement fi févere ne fit que manifefter l'innocence duMaréchalde Gyé par la douceur des peines qu'il lui infligea; il fe contenta de le fufpendre pendant cinq ans des fonctions de Maréchal de France, & de le bannir à dix lieues de la Cour : le Public trouva encore ce jugement trop rigoureux; on en rit au lieu de s'en indigner, c'est le génie François : on joua dans un Collége de Paris une farce dans laquelle on disoit, fuivant le goût de plaifanterie du tems: Qu'un Maréchal ayant voulu ferrer un áne, en avoit reçu un fi grand coup de pied, qu'il avoit été jetté par dejus Brantome, les murailles de la Cour jufques dans le Verger. La fin de cette groffiere allégorie (1) s'explique par la retraite du Maréchal de Gyé dans fon Château du Verger en Anjou.

(1) Du même goût eft le prétendu fonge de Marguerite d'Autriche, qui étant venue en France pour époufer Charles VIII, & ne l'ayant point époufé, parce qu'il préféra l'alliance d'Anne de Bretagne, rèva, dit on, qu'elle étoit dans une prairie sà un ane lui coupoit l'herbe jeus le pied. Tome I.

B

Homm. il

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Mezerai, Grande Hift

Du 9 Févr.

Nous apprenons par fon Arrêt & 1506, Preu par l'extrait de fon procès, qu'il avoit ves de l'Hift. été Gouverneur du jeune Comte D.Lobineau, d'Angoulême ; que dans l'exercice par D. Mo- de fes fonctions il avoit déplu à la

de Bret. de

<vice.

Comteffe, qui s'unit avec Anne de Bretagne pour le perdre ; qu'il récufa même expreffément la Comteffe, lorfqu'elle voulut dépofer dans fon procès, tant il la jugeoit mal difpofée à fon égard. Comment eût-il pu réfifter au crédit de ces deux femmes, redoutables même l'une pour l'autre, & qui ne s'étoient jamais réunies que contre lui?

L'Arrêt du Maréchal de Gyé le dépouille nommément de la dignité de Gouverneur du Comte d'Angoulême, & ce fut apparemment alors qu'elle fut donnée à Gouffier-Boify. Varillas qui aime mieux deviner les faits que de les examiner, suppose que le Maréchal de Gyé, étant perfécuté par la Reine, devoit être défendu par la Comteffe d'Angoulême. et en effet cela étoit naturel; il pouffe plus loin cette fuppofition, il veut que le Maréchal de Gyé n'ait arrêté

les bateaux d'Anne de Bretagne fur la Loire, qu'à l'inftigation de la Comteffe d'Angoulême; il raconte que cette Princesse, enveloppée dans la difgrace de fon ami le Maréchal de Gyé, fut obligée de fe retirer à Coignac, pour éviter, ajoute-t-il, un traitement plus rude; il ne fçait trop enfuite comment la faire revenir à la Cour, où on la voit paroître vers ce tems avec le plus grand éclat, accom pagnée de fes deux enfans, dont l'efprit & les graces féduisent tous les cœurs, excepté celui de l'implacable Reine.

Louis XII conçut beaucoup de tendreffe pour le jeune Comte d'Angoulême; il lui donna le Duché de Valois (1), & déformais ce jeune

(1) Mezerai, en rapportant cette donation, ajoute: Voilà pourquoi (ce que peu de gens remar· quent) ce jeune Prince porta le nom de Valois qu'il a laiffe aux fiens. Mezerai a raifon, mais fon idée a befoin d'être un peu développée. Philippe de Valois eft la tige commune de tous les Rois qui ont occupé le Trône depuis la mort de Charles le Bel jufqu'à l'avenement de Henri IV; il tumble donc que tous ces Rois pourroient être indiftinétement appellés du nom générique de Valois, à caufe de Philippe. Cependant, fi Louis XII eût eu des file

En 104. · 1503.

Prince, & Gafton de Foix Duc de Nemours, tinrent lieu à ce bon Roi des deux fils qu'il avoit perdus.

Cependant, un nouveau Traité conclu à Blois, avoit confirmé le Traité de Lyon, renouvellé la promeffe faite au Prince d'Efpagne de lui donner Madame Claude en mariage, & fembloit achever d'ôter toute espérance à la Comteffe d'Angoulême & à fon fils; car pour donner plus de poids à ce Traité, on le faifoit figner aux Grands du Royaume, aux Princes du Sang & au Duc de Valois lui-même. La Comteffe d'Angoulê

qui lui euffent fuccédé, fa branche feroit défignée, par le nom d'Orléans, qu'il portoit avant de parvenir à la Couronne. La Branche dont François I a été la tige, eût pareillerent porté le nom d'Angoulême, fans le changement de nom qu'opéra la donation du Duché de Valois : c'est donc de François I & non de Philippe de Valois que les defcendans de François I ont pris le nom de Valois qu'ils ont porté. On voit donc pourquoi dans la Race Capétienne, quoique le Sceptre ait paffé fix fois en collatérale, on ne diftingue du tronc princi. pal par des noms particuliers que les deux branches de Valois & de Bourbon ; c'eft que Philippe le Long, Charies le Bel, & Louis XII, n'ont point fait de branche, étant morts chacun fans enfans mâles, & que la Branche de Philippe de Valois & celle de François I iffues l'une de l'autre, ont porté Le même nom de Valois.

me ne fut point découragée. Elle vit
d'abord quel remede il falloit appli-
quer à un tel mal; elle devina que le
Roi n'avoit pas foufcrit bien volon-
tairement ce Traité ; que fa complai-
fance pour la Reine & les conjonc-
tures avoient tout fait, & que le Roi
fçauroit gré à qui le mettroit dans
l'heureufe impuiffance d'exécuter
une convention fi.défavantageufe à
l'Etat. En effet, par ce mariage,
Claude alloit transporter à la Mai-
fon d'Autriche, non-feulement la
Bretagne du chef de fa mere, mais
encore le Milanès du chef de fon pe-
re, ce Duché, comme on le verra
dans la fuite, étant le patrimoine de
la Maifon d'Orléans ; c'étoit renou-
veller la faute énorme qu'avoit faite
Louis XI, de laiffer paffer la fuccef-
fion de Bourgogne à la Maifon d'Au- s. Gelais
triche. On vit donc tout-à-coup les de Montlien
Grands du Royaume & les Dépu- XII.
tés des Villes s'affembler à Tours de
leur propre mouvement, difoient- sevffel, Hift.
ils, faire au Roi les remontrances les de Louis XII,
plus fortes fur les fuites de l'alliance "Jean d'Au-
propofée, & demander que Madame

Vie de Louis

Claude de

année 1506.

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