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35. n. 21. 22%

Pape & le Roi s'engagerent à la dé1515. fenfe réciproque de tous leurs doBelcar. liv. maines, le Roi prit fous fa protection la Maifon de Médicis & le Gouvernement de Florence dans l'état où il étoit alors, c'eft-à-dire, tendant à la Monarchie. Il facrifia les Bentivoglio, & Bologne refta au Pape. Le Pape fut obligé de rappeller les troupes de l'Eglife qui fervoient l'Empereur contre les Vénitiens, & de remettre au Roi Parme & Plaifance, à condition que l'Etat de Milan fe fourniroit de fel à Cervia, & non plus, comme auparavant, à Comachio dans le Ferrarois. Telles étoient du moins les principales conditions du Traité que le Nonce com clut au nom du Pape avec le Roi.

Le Pape refufa de le ratifier dans l'état où il étoit, il y mit des modifications qui développent ou fon génie particulier, ou le caractère de la politique Italienne.

Deux articles exprimés avec trop de précifion dans ce Traité, bleffoient fa délicateffe. L'un étoit cette reftitution de Parme & de Plaisance, l'autre

le rappel des troupes qui fervoient

contre les Vénitiens.

Par le premier, le Pape mettoit le fceau lui-même au rétabliffement des François en Italie, il fixoit dans cette terre, les Barbares que Jules avoit tant juré d'en chaffer, il détruifoit l'heureux ouvrage de fon Prédéceffeur; il ne pouvoit confentir à cette honte; il ne voulut point abfolument que ces Places fuffent remifes par fes Officiers aux Officiers du Roi, mais il imagina de faire évacuer ces deux Places par fes troupes & d'en laiffer les portes ouvertes un jour marqué; fi les François avertis de ce jour, alloient s'en mettre en poffeffion euxmêmes, vous voyez bien que ce n'étoit plus la faute du Pape, & qu'on ne peut empêcher les gens d'entrer dans des Places qu'ils trouvent vuides & ouvertes.

1515,

L'autre article qui faifoit de la peine au Pape, étoit celui par lequel on l'obligeoit de rappeller les troupes qui fervoient l'Empereur, c'é- Guicciard toit une attention que le Roi devoit liv. 12

aux Vénitiens fes alliés, mais elle 1515. étoit bien génante pour le Pape, qui avoit précisément promis de ne point rappeller ces troupes, tant que la guerre dureroit. Il réfolut d'être fcrupuleusement fidèle au mot, il ne rappella point fes troupes, il les caffa comme de mauvais Soldats, dont il étoit mécontent, & ordonna ensuite à chacun en particulier de revenir fur les terres de l'Eglife.

Les François rendirent hommage à toute la fineffe de ces ingénieux détours; mais comme fous différens noms ils retrouvoient toujours leur' Belcar. liv. compte, ils confentirent à tout, & le Pape ratifia le Traité à Viterbele 13 Octobre 1515.

IS. no 22.

Il reftoit pourtant encore bien des N. 27. points particuliers à regler. Le Pape & le Roi crurent qu'une entrevue les décideroit plus promptement & plus fûrement que toutes les négociations par Plénipotentiaires. Cette entrevue devoit naturellement fe faire à Rome. La dignité du S. Siége fembloit l'exiger; mais on fe fouvenoit qu'Alexandre VI ne s'étoit pas affez bien trou

vé d'y avoir reçu autrefois Charles VIII. D'ailleurs le Pape fe propo- 1515 foit de détourner le Roi de fes projets fur Naples; mais fi le Roi, en s'avançant jufqu'à Rome, faifoit les trois quarts du chemin de Naples, comment lui perfuaderoit-on d'arrêter fa course?

Il fembloit du moins que fi l'entrevue ne fe faifoit point à Rome, elle ne pouvoit fe faire qu'à Florence, parce qu'il n'y avoit que ces deux Villes où la Cour des Médicis pût briller de tout fon éclat ; mais on fe fouvenoit encore de l'empire que Charles VIII avoit exercé dans Flo rence lorfqu'il y avoit paffé. Les Florentins qui fupportoient impatiemment le joug des Médicis, pouvoient par un coup de défespoir, fe jetter entre les bras des François, il étoit dangereux de mettre à cette épreuve leur foumiffion encore incertaine.

Le Pape choifit donc la Ville de Bologne fituée à l'extrémité des terres de l'Eglife du côté de la Lombardie, il prétendit même fe faire un

Du Bellay, liv. 1.

P. Jov. l. 16.

mérite auprès du Roi de tant de pas 515. qu'il faifoit à fa rencontre, exprès, difoit-il, , pour ne pas l'éloigner de fa nouvelle conquête, mais en effet pour l'éloigner de celle qui reftoit à faire.

Léon X arrive à Bologne le 8 Décembre & François I le lendemain. Les Cardinaux de Fiefque & de Médicis vinrent au-devant du Roi juf ques fur les Frontieres de l'Etat de Milan & des terres de l'Eglife; ils le conduifirent au Confiftoire, où le Roi rendit en perfonne l'obédience que tous les Princes Catholiques doivent au Pape au commencement de leur regne, & qui n'avoit pas encore été rendue au nom de François I. Le Chancelier prononçoit les paroles découvert & à genoux, le Rơi debout & couvert les confirmoit par une inclination de tête. Après ce cérémonial, le Pape & le Roi s'enfermerent pendant trois jours pour s'occuper de leurs affaires.

Ils en traiterent trois principales, celle de Naples, celle des Feudataires du Saint Siége, celle de la Pragmatique & du Concordat.

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