Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Ils terminerent ensemble les deux premieres; la troifiéme ne put être 1515. décidée en fi peu de tems, il fallut l'abandonner au zèle & à la capacité de Commiffaires choifis de part & d'autre. Cette derniere affaire appartient à l'Hiftoire de l'Eglife, & on fe réserve d'en rendre compte, lorfqu'on traitera cette partie du regne de François I.

Il s'agiffoit dans l'affaire de Na ples d'engager François I à différer cette expédition jufqu'à la mort de Ferdinand, que fon âge, fes infirmités & fon amour pour fa jeune femme faifoient regarder comme prochaine. Le motif apparent du Pape pour faire cette propofition, étoit que fes engagemens pour conferver Naples à la Maifon d'Arragon, étant alors rompus naturellement, il pourroit fans fcrupule & fans mériter aucun reproche, fournir aux François tous les fecours néceffaires pour la conquête de Naples. Mais fon but véritable étoit de gagner du tems, afin de pouvoir par fes intrigues exgiter de nouveaux troubles qui tra

1

H

verfaffent l'expédition de Naples, &

1515. qui lui fiffent recouvrer le Parmesan & le Plaisantin. Le Roi, dont les préparatifs n'étoient point faits, confentit fans peine à un délai nécef

faire.

L'affaire des Feudataires du Saint Siége avoit plus de difficulté. Le Roi étoit leur Protecteur naturel, ildevoit les délivrer de l'oppreffion que leur avoit attirée leur dévoue-. ment à fes intérêts. Les principaux. de ces Feudataires étoient le Duc de Ferrare & le Duc d'Urbin.

Jules II n'avoit pu pardonner au Duc de Ferrare (Alphonfe d'Eft ), le préjudice que fes excellentes falines de Comachio portoient à celles de Cervia, il lui pardonnoit encore moins fon attachement à la France, fentiment devenu depuis héréditaire, Guicciard, dans la Maifon d'Eft; il l'en avoit. Liv. 12.

puni en lui enlevant les Places de Modene & de Regge: François I exigeoit qu'elles lui fuffent rendues, & Léon X toujours réparateur involontaire des torts de Jules II, s'étoit. engagé à les rendre, quoiqu'il eût

bien réfolu de n'en rien faire; il ne cherchoit qu'à éluder cette reftitu- 1515. tion, mais les prétextes lui manquant, il fut obligé de confirmer fa promeffe; il se borna donc à demander le remboursement de quelques dépenfes qu'il prétendoit avoir faites, & d'une fomme de quarante mille écus qu'il avoit, difoit-il, donnée à l'Empereur pour être mis en poffeffion de Modène. Le Roi, fans examiner fi cette demande étoit fondée ou non, ne la contefta point, il fe contenta de la promeffe renouvellée par le Pape de remettre ces deux Places au Duc de Ferrare en recevant fon remboursement.

liv. 12.

Le Duc d'Urbin (1) qui fe faifoit, Guicciard protéger par la France, ne méritoit point de fa part les mêmes ménage

mens que
le Duc de Ferrare, il étoit
neveu du Pape Jules II, il avoit
commandé fous fon oncle les armées
de l'Eglife, il avoit fervi d'inftru-
ment aux violences de ce Pontife
contre le Duc de Ferrare & contre.

(1) François-Marie de la Rovere.

Louis XII. Léon X lui ayant ôté le 1515. commandement des armées pour le donner aux Médicis, le mécontentement l'avoit jetté dans le parti des François, il faifoit beaucoup valoir à ceux-ci fon refus de fervir contre eux dans l'armée de l'Eglife, refus qui l'expofoit, disoit-il, à tout le reffentiment du Pape ; ce refus étoit l'effet de fa vanité, non de fon attachement pour les François. Le commandement des troupes de l'Eglife ayant été donné d'abord à Julien de Médicis, frere de Léon X, le Duc d'Urbin avoit promis de fervir fous lui, parce qu'étant ami intime de Julien, il espéroit partager avec lui le commandement; mais après la mort de Julien, Laurent fon neveu lui ayant fuccédé, le Duc d'Urbin qui n'avoit pas avec Laurent les mêmes liaifons d'amitié, crut qu'il lui feroit honteux de fervir fous un jeune homme & de fervir comme fimple Capitaine de Gendarmerie dans une armée qu'il avoit commandée. Sur ce refus, le Pape affectoit de le regarder comme un vaffal coupable de félonie &

infidéle

infidéle aux obligations de fon inveftiture; on l'accufoit d'ailleurs d'a- 1515. voir voulu après la bataille de Marignan, exciter les François à faire une irruption dans l'Etat de Tofcane; mais fon véritable crime étoit de pofféder un Etat trop à la bienséance des Médicis, & qui ajouté à l'Etat de Florence, l'eût étendu de la mer de Tofcane à la mer Adriatique. Le Pape faififfant avec ardeur ce prétexte de félonie, avoit commencé contre le Duc des procédures juridiques, qui devoient amener des démarches plus violentes, il affectoit un courroux févere & implacable; quand le Roi voulut interceder pour le Duc d'Urbin, il le pria de ne point parler en faveur d'un rebelle, dont il falloit abfolument faire un exemple. Le Roi ne difputa qu'autant Belcar. liv qu'il étoit néceffaire pour faire acheter 15. n. 27. le facrifice du Duc d'Urbin par la permiffion de lever une double déci me fur les biens Eccléfiaftiques de fon Royaume, & par la fuppreffion des Evêchés de Chambery & de Bourg-en-Breffe, Ces deux nouveaux Tome I. N

« AnteriorContinuar »