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Evêchés, créés par Léon X à la con 1515. fidération du Duc de Savoye, ou plutôt de Julien de Médicis qui avoit époufé la fœur de ce Duc, étoient formés aux dépens de quelques Evêques François, dont on avoit démembré les Diocèfes, & qui avoient appellé comme d'abus de cette innovation. Le Parlement, toujours attentif à réprimer les entreprises de la Cour de Rome, & plus ardent quelquefois à défendre les Libertés de l'Eglife Gallicane, que l'Eglife Gallicane elle-même ne le défireroit, fe difpofoit à rendre des Arrêts, qui pouvoient être le fignal d'une guerre fâcheufe contre le Saint Siége. Le Roi voulut la prévenir: le Duc de Savoye dévoué alors à la France, fe défifta de fa pourfuite, Julien de Médicis étoit mort, & le Pape qui aimoit mieux mettre le Duché d'Urbin dans fa Maifon que d'établir deux Evêchés en Savoye, confentit qu'ils demeuraffent fupprimés, pourvu que le Roi retirât fa protection au Duc

d'Urbin. Le Roi ne voulut ni l'abandonner ni le défendre; il fe contenta

d'une parole vague que le Pape donna de s'appaifer auffitôt que le Duc d'Ur- 1515. bin lui auroit fait une fatisfaction convenable, & d'afsurances plus vagues encore que la recommandation dur Roi obtiendroit toujours les égards qu'elle méritoit. Après ces conférences, le Pape & le Roi fe féparerent, contens en apparence l'un de F'autre, & peut-être (1) fe croyant amis. Léon X. pour témoigner fon contentement à François I, & pour l'engager à être le défenfeur du Saint Siége & de la Chrétienté contre les Turcs, lui offrit le titre d'Empereur d'Orient qu'Alexandre VI avoit donné à Charles VIII; François I. le refufa, ne voulant point accepter de titres qu'il ne pût réaliser.

Le Pape alla s'occuper des moyens de recouvrer Parme & Plaifance, de conferver Modene & Regge, & d'envahir le Duché d'Urbin.

(1) Beaucaire dit à ce fajet, liv. 15. n. 28. Rex Juvenis, Italicarum artium haud fatis gnarus, Bononia difcedens, magnam de Leonis amicitiâ fpem Gallica fimplicitate concepit, quam Leo mirandum in modum oftentabat.

Le Roi affermit la conquête du 516. Milanès en faifant la paix avec les Suiffes, aux mêmes conditions qui avoient été acceptées de part & d'autres à Galera, avant la bataille de Marignan, & auxquelles le Roi vainqueur eut la modération politique de ne rien changer.

Les Suiffes reconnurent le Roi pour Duc de Milan, Comte d'Aft & Seigneur de Gênes ; promirent de lui fournir pour la défense de ces Etats, ainfi que de tous les autres de fa dépendance, le nombre de gens de guerre dont on conviendroit felon les circonftances, s'engagerent à rendre les Places (1) & Châteaux, qu'eux & leurs Alliés poffédoient dans le Duché de Milan.

Le Roi s'obligea de leur payer dans des termes convenus un million d'écus, tant pour l'exécution du trai té de Dijon, que pour d'autres ob

(1) Sçavoir quatre Bailliages nommésLugan, Lucarne, Magia, Mendry fio, dont ils s'étoient emparés en Is 12.par droit de bienféance,& leComté de Chia venne & la Valteline, dont les Grifons (revenus à Leur alliance) s'étoient depuis faifis à leur exemple.

jets, il augmenta auffi les penfions qu'on leur payoit avant leur rupture 1516. avec la France; c'étoit cette augmentation qu'ils avoient demandée à Louis XII, & que Louis XII mécontent d'eux d'ailleurs, avoit refufée.

Les Suiffes conferverent cette clef du Milanès, cette Place importante de Bellinzone, dont l'ufurpation les avoit brouillés avec la France. Ils fe réferverent aufli le Comté d'Arone.

Les cinq petits Cantons (1) qui étoient en poffeffion des vallées du Milanès que le Roi fe faifoit rendre trouverent cette reftitution fi dure, qu'ils refuferent de figner le traité, & confentirent à ne point toucher leur part du million d'écus; les huit autres Cantons toucherent la leur, mais ils ftipulerent qu'ils ne feroient point obligés d'agir contre leurs Compatriotes, quand on entreprendroit de reprendre fur eux les Vallées: François I trouva qu'elles ne méritoient pas une continuation de guerre ; & fans les abandonner, il ne

(1) Schwits, Uri, Underwald, Zug & Glaris.

fit aucun mouvement pour s'en refai1516, fir. On peut dire au refte que par ce traité, les Suiffes étoient plutôt défarmés à l'égard des François que reconciliés avec eux.

Le Roi donna le Gouvernement du Milanès au Connétable, qui avoir eu tant de part à cette conquête, & il revint en France recueillir les plus doux fruits de fa victoire, l'applaudiffement de fes Peuples.

le

Depuis la conquête du Milanès, le Roi d'Efpagne trembloit pour Royaume de Naples; foit qu'il ignorât l'engagement que François I' avoit pris à cet égard avec le Pape dans l'entrevue de Bologne, foit qu'accoutumé à violer tous fes engagemens, il ne conçût pas qu'un autre Prince pút être Efclave des fiens, il ne négligeoit rien pour fufciter à François I de nouveaux ennemis, il cherchoit à réveiller la haine des Suiffes, il irritoit la jaloufie naturelle du Roi d'Angleterre, il fourniffoit cent vingt mille écus à l'Empereur, pour faire une irruption dans le Milanès, fans fonger que l'indo

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