maffent une puiflance redoutable à la France fon ennemie. Sa malheureuse fille Jeanne, mere des deux Archiducs, étoit toujours enfermée dans le Château de Tordefillas. Ferdinand confia le Royaume d'Arragon à l'Archevêque de Sarragoffe fon bâtard, & celui de Caftille, au fameux Cardinal Ximenès, Archevêque de Tolede. 1516, 1516. CHAPITRE III Campagne de 1516. Expédition de l'Empereur dans le Milanès. Traité de Noyon. LE Duc de Milan (Maximilien Sforce) ayant abdiqué, les Suiffes étant appaifés, le Pape étant fatiffait, ou feignant de l'être, le Roi d'Espagne étant mort, il ne reftoit plus de la ligue formée contre la France, que l'Empereur, foible ennemi, qui haïffoit mollement, qui fignaloit encore plus mollement sa haine, & contre lequel les François & les Vénitiens étoient alors réunis pour procurer à ces derniers le recouvrement de leurs Etats de terreferme. Dans cette guerre les François n'étoient qu'Auxiliaires, ils rendoient aux Vénitiens les fecours qu'ils en avoient reçus à la bataille de Marignan, L'Alviane étoit mort, (1) Théo- --dore Trivulce (2) lui avoit fuccé- 1516. dé dans le commandement de l'Ar- P. Jov.l. 16 mée Vénitienne. L'Alviane avoit pris Bergame; Trivulce affiégeoit à la fois Verone & Breffe. Le Maréchal de Lautrec mena contre Breffe quatre cens hommes d'armes commandés par le Bâtard de Savoye, & fix mille Gafcons commandés par Pierre de Navarre. A leur arrivée, les Breffans capitulerent & promirent de rendre la Place, fi dans vingt jours ils n'étoient fecourus. Ils le furent; le Comte de Roquendolf ayant pénétré jufqu'à Breffe, par le Pays des Grifons, introduifit dans cette Place (1) Le Sénat de Venife, voulant lui faire des funérailles dignes de fon rang & de fa gloire, donna ordre à Théodore Trivulce d'envoyer fon corps & de demander un fauf-conduit aux Allemands, alors maîtres de la Ville de Vérone, par laquelle il falloit paffer; les Soldats s'oppoferent à cette derniere démarche, & dirent que leur Général n'ayant jamais demandé de grace à fes ennemis pendant fa vie, n'en vouloit point encore recevoir après sa mort; ils le porterent en pompe à travers le Véronez, tambours battans & enfeignes déployées. (2) Coufin germain du Maréchal de ce nom, & depuis Maréchal de France lui-même le 23 Mars 1526, à la place du Maréchal de Chabannes. fix mille Allemands, qui firent d'abord liv. I. 1516. convertir le fiée en blocus ; ce premier fecours n'étoit que l'avant-coureur d'un autre plus puiffant,porté(qui P. Jov. 1. 16, eût pû le prévoir !) par l'Empereur lui-même. On le vit bien-tôt defcendre des montagnes du Trentin, à la Du Bellay, tête de feize mille Allemands, de quatorze mille Suiffes & d'une Cavalerie nombreuse. On ne s'attendoit à rien moins de fa part; on comptoit trop fur fon irréfolution, fur fon indolence, fur fa pauvreté, fruit de fes dilipations; mais le Cardinal de Sion étoit à fa Cour ; il y a d'ailleurs des conjonctures qui arrachent les hommes à leur caractère. Le Roi d'Efpagne venoit de mourir; l'Empereur déja tuteur honoraire de l'Archiduc Charles fon petit-fils, dans les Pays-Bas, titre vain, efpéroit, dit-on, obtenir l'adminiftration des Royaumes d'Arragon & de Caftille qu'avoit eûe Ferdinand; il crut qu'il falloit la mériter, en flattant par une irruption dans le Milanès, la haine des Efpagnols pour les François, & en fe rendant confidérable aux yeux de ces mêmes Espagnols par une expédition brillante. D'ailleurs fon Ar- 1516, mée ne lui coûtoit rien ; les cent vingt mille écus du Roi d'Espagne avoient fervi à la lever, & c'étoit l'argent du Roi d'Angleterre qui devoit la foudoyer. Ce Roi fi jaloux de la gloire de François I, étoit encore plus mécontent de la protection que la France accordoit contre lui en Ecoffe au Duc d'Albanie, Oncle du jeune Roi Jacques V. Le Duc d'Albanie (1) ayant difputé à la Reine Douairiere, fœur de Henri VIII. la Régence du Royaume d'Ecoffe, l'avoit obtenue par le crédit des François, & les droits de la mafculinité avoient été préférés à l'ordre de la nature, même pour la Régence, dans un Pays qui n'admet point la loi falique. La Reine avoit été réduite à chercher un asyle auprès de Henri VIII. La mort ou le banniffement étoit en Ecoffe le partage de fes amis. Henri VIII (1) Voyez l'Introduction, Chapitre III, article Ecoffe. |