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1516.

- fix mille Allemands, qui firent d'abord convertir le fiée en blocus ; ce premier fecours n'étoit que l'avant-coureur d'un autre plus puiffant,porté(qui P.Jov. 1. 16, eût pû le prévoir !) par l'Empereur lui-même. On le vit bien-tôt defcen

liv. I.

dre des montagnes du Trentin, à la Du Bellay, tête de feize mille Allemands, de quatorze mille Suiffes & d'une Cavalerie nombreuse. On ne s'attendoit à rien moins de fa part; on comptoit trop fur fon irréfolution, fur fon indolence, fur fa pauvreté, fruit de fes ditipations; mais le Cardinal de Sion étoit à fa Cour ; il y a d'ailleurs des conjonctures qui arrachent les hommes à leur caractère. Le Roi d'Espagne venoit de mourir ; l'Empereur déja tuteur honoraire de l'Archiduc Charles fon petit-fils, dans les Pays-Bas, titre vain, efpéroit, dit-on, obtenir l'adminiftration des Royaumes d'Arragon & de Caftille qu'avoit eûe Ferdinand; il crut qu'il falloit la mériter, en flattant par une irruption dans le Milanès, la haine des Espagnols pour les François, & en fe rendant confidérable aux yeux

de ces mêmes Efpagnols par une expédition brillante. D'ailleurs fon Ar- 1516, mée ne lui coûtoit rien; les cent vingt mille écus du Roi d'Espagne avoient fervi à la lever, & c'étoit l'argent du Roi d'Angleterre qui devoit la foudoyer. Ce Roi fi jaloux de la gloire de François I, étoit encore plus mécontent de la protection que la France accordoit contre lui en Ecoffe au Duc d'Albanie, Oncle du jeune Roi Jacques V. Le Duc d'Albanie (1) ayant difputé à la Reine Douairiere, fœur de Henri VIII. la Régence du Royaume d'Ecoffe, l'avoit obtenue par le crédit des François, & les droits de la mafculinité avoient été préférés à l'ordre de la nature, même pour la Régence, dans un Pays qui n'admet point la loi falique. La Reine avoit été réduite à chercher un asyle auprès de Henri VIII. La mort ou le banniffement étoit en Ecoffe le partage de fes amis. Henri VIII

(1) Voyez l'Introduction, Chapitre III, articlę Ecoffe.

pour s'en venger, engagea l'Empe1516. reur à faire une defcente dans le Milanès, promettant d'en faire une en France, qu'il ne fit pas pourtant, n'ayant pas jugé à propos d'enfreindre ouvertement les Traités; mais comme il n'ignoroit pas qu'il falloit que l'Empereur fortît du moins indemne de toutes les expéditions qu'il pouvoit entreprendre, il lui fournit l'argent nécessaire pour entretenir une Armée. L'Empereur tira de fes Etats héréditaires les meilleures troupes qu'il put y trouver; les cinq Cantons Suiffes qui n'avoient pas voulu foufcrire à la paix avec François I, lui fournirent le refte pour une fomme affez modique.

La defcente de l'Empereur dans le Milanès, fut pour la Nobleffe Françoife une nouvelle occafion de fignaler fon amour pour le Roi & pour I'Etat. Un Chambellan du Roi, nommé Imbert de Bafternay, Seigneur du Bouchage (1), courut por

(1) C'est le même qui avoit été un des Plénipotentiaires pour les Traités des 24 & 31 Mars 1515, entre le Roi & l'Archiduc. Voyez le chap. 1、 de ce Livre premier,

ter toute fa vaiffelle à la caiffe militaire. Ces traits de zéle & de généro- 1516 fité qu'on admireroit tant dans l'Hif toire ancienne, font très-communs parmi la Nobleffe fous le regne de François I.

A l'arrivée de l'Armée Impériale, de Maréchal de Lautrec leva le blo-cus de Breffe, & recula vers l'Adda dans l'intention d'en difputer le paffage; mais trop foible pour exécuter ce projet, il fut forcé de fe retirer vers Milan, & toujours pourfuivi par l'Armée Impériale, fa retraite eut l'air d'une fuite. L'Empereur ravagea fans obftacle le Pays fitué entre l'Adda & le Pô.

Lautrec arrivé à Milan, y répan- P.Jov. 1. 16 dit l'allarme; fur fon récit le Connétable de Bourbon défefpéra d'en fauver les Fauxbourgs, & crut devoir les détruire. Ce parti violent pouvoit être dangereux par la terreur qu'il inspiroit aux Habitans; d'ailleurs quel traitement plus cruel pouvoient-ils attendre de l'Ennemi ? les Milanois fe fouvinrent long-tems avec douleur de cette deftruction, ils l'imputerent

aux confeils perfides & à la haine fe 1516. crette de Venife, dont la Ville de Milan étoit la rivale pour le com

merce.

La lenteur de l'Empereur laiffa aux Milanois le tems de fe reconnoître, & l'activité du Connétable pourvut promptement à leur défense. Dans le même tems le Capitaine ALbert de la Pierre, que les violences du Cardinal de Sion avoient jetté dans le parti de la France, arrive à la tête de treize mille Suiffes, avant que l'Empereur eût entiérement invefti Milan. Ce renfort fit renaître l'audace avec l'efpérance, il ne fut plus queftion de fe défendre, on ne parla que d'attaquer l'Empereur & de le forcer à une retraite honteufe. Cependant les Suiffes amenés par Albert de la Pierre, eurent horreur de fouiller leurs mains du fang de leurs Compatriotes qui fervoient dans l'Armée de l'Empereur, ils refuferent de combattre, quoiqu'ils euffent reçu leur montre (ou folde). Le Connétable irrité de leur procédé, n'attendit pas que,quittant d'eux-mêmes l'armée, ils

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