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dangereux, n'étoient après tout 1516. qu'une jufte punition de l'imprudence des Princes, qui les employant en trop grand nombre dans leurs armées, les mettoit en état d'y faire la loi, & qui joignoient à cette premiere faute l'injuftice de ne les pas payer exactement.

Belcar. liv. 15. n. 33.

Les François ainfi délivrés de Maximilien & de fon armée, retournerent au fiége de Breffe avec les Vénitiens. Les affiégés vivement preffés, firent une nouvelle capitulation, par laquelle ils demandoient encore du tems pour attendre un nouveau secours, on ne leur accorda que deux jours & on prit des ôtages. Le fecours n'arriva point, & les Breffans fe rendirent, après avoir mis quelque tems en danger la vie de leurs ôtaBelcar. liv. ges, en paroiffant vouloir fe défenBelcar. liv. dre & rompre la capitulation. On

15. n. 37.

alla enfuite faire le fiége de Vérone

où commandoit Marc-Antoine Colonne, digne neveu de Profper, plus vigilant, & plus heureux que Profper ne l'avoit été à Villefranche; rien ne putl e forcer de fe rendre, quoiqu'ik

1516.

Guicciard. liv. 12.

Mém. de

liv. I.

fût dangereufement bleffé d'un coup d'arquebufe, quoique la Ville fut dépourvue de munitions & de guerre & de bouche, quoique les François du côté de Mantoue & les Vénitiens Du Bellay, du côté de Vicence la foudroyaffent par de fortes batteries, quoiqu'enfin le Maréchal de Lautrec eût déja livré l'affaut par deux brêches confidérables: fur ces entrefaites le Comte de Roquendolf arrive au fecours de la Place avec huit mille Allemands. Son arrivée & un accident horrible qui furvint alors, obligerent Lautrec à convertir le fiége en blocus. Huit cent barils de poudre avec d'autres provifions venoient par la plaine de Vérone au camp des affiégeans; les Conducteurs par l'empreffement d'arriver, forcerent les bœufs qui trainoient ce convoi, de faire violence à leur lenteur naturelle; les bœufs trop vivement preffés, s'effaroucherent & coururent avec tant de rapidité que les roues s'enflammerent, le feu prit aux poudres. Les voitures, les bœufs, les conducteurs, l'escorte, tout fut mis en pieces.

Paul Jove raconte auffi que Marc 1516. Antoine Colonne, ayant gagné un Laboureur des environs de Vérone, qui alloit fouvent au camp des Vénitiens pour y vendre fes denrées, cet homme, dont on ne se défioit point, s'approcha de l'artillerie, sans que les Gardes l'en empêchaffent, & mit le feu aux poudres, qui furent toutes confumées en un inftant. L'incendiaire qui s'étoit retiré, après avoir mis la mêche à portée d'embrafer les poudres, fut arrêté, appliqué à la torture & brûlé vif.

P.Joy.1.18.

Lautrec fe retira vers Villefranche (1), pofte avantageux, qui féparant le Mantouan du Véronez, lui donnoit la facilité de couper les vivres aux affiégés.

Pendant que les François aidoient ainfi les Vénitiens à recouvrer leurs Etats de terre - ferme, l'Archiduc Charles devenu héritier des Royau

(1) Cette Villefranche n'eft point celle où Profper Colonne avoit été furpris; cette derniere eft au pied des Alpes dans le Piémont, l'autre est audelà du Milanès fur les confins du Veronez.

mes

mes d'Efpagne par la mort de Ferdinand fon ayeul, n'en recherchoit 1516. que plus ardemment l'alliance de François I, afin que fa prise de polfeffion ne fût point troublée par ce voifin redoutable, placé entre l'Efpagne & les Pays-Bas. Ces deux Princes avoient ensemble de grands intérêts à regler. Charles venoit d'hériter des droits de la Maison d'Arragon fur le Royaume de Naples, & François I. brûloit de reconquérir ce Royaume. François I ne prétendoit point d'ailleurs trahir la caufe du Roi de Navarre fon protégé, & Charles trouvoit cette portion de l'Efpagne trop précieuse par fa fituation vers les Pyrenées, pour consentir à la reftituer; mais fon intérêt le plus preffant étoit alors d'être fans ennemis, & fur-tout d'avoir la France pour amie. Il preffa donc François I de nommer un Plénipotentiaire, & de Belear. liv: choifir un lieu pour les Conférences, 15. 36. François I choifit Noyon & nom- liv. 12. ma le Grand-Maître de Boify. Char- Mém. de les nomma le Plénipotentiaire le liv. 1. moins fufpect à la France; ce fut le Tome I.

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Guicciard

Du Bellay a

Seigneur de Chiévres, ami particu1516. lier de Boisy ( 1 ). Ainfi les deux Gouverneurs eurent entre leurs mains les intérêts de leurs deux illustres éleves; ils étoient dignes de cet honneur par la droiture de leurs intentions & par leur amour pour la paix; mais il paroît que dans ces Conférences, Chiévres fut plus habile que Boify; celui-ci ne profita pas affez de l'avantage des circonftances: il eft certain qu'alors le nouveau Roi d'Espagne auroit fubi la loi qu'on auroit voulu lui impofer; on ne pouvoit retrouver une fi belle occafion de l'obliger à rendre la Navarre & le Royaume de Naples. Charles avoit tout à craindre; l'Arragon & la Caftille pouvoient lui préférer le jeune Ferdinand fon frere; la Caftille pouvoit au moins refufer de le reconnoître pendant la vie de fa mere; la France pouvoit exciter ou fomen

(1) Il y avoit encore d'autres Négociateurs, tels que l'Evêque de Paris Etienne Poncher & le Premier Préfident du Parlement de Paris, Pierre Mondot de la Marthonie pour le Roi; le grand Chancelier de l'Empereur pour le Roi d'Espagne,

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