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ter tous ces troubles; elle pouvoit pendant l'absence de Charles, qu'el- 1516. le occuperoit ainfi en Espagne, mettre la main fur les Pays-Bas, toujours affez François dans le cœur. C'étoit donc le moment de tout obtenir du Roi d'Espagne (1). La France n'obtint rien & accorda tout.

On convint que Charles, auffi-tôt Le 13 Août qu'il feroit arrivé en Efpagne, & qu'il 1516. auroit pris connoiffance de l'affaire de la Navarre, fatisferoit Henri d'Albret (2).

Quant au Royaume de Naples, on prit pour base des opérations, le traité de partage conclu en 1501 entre Louis XII & Ferdinand, traité que celui-ci avoit violé; on eut égard auffi au traité de 1505, par lequel Ferdinand, époufant Germaine de Foix, niéce de Louis XII, avoit pris

(1) Nous appellerons déformais ainfi l'Archiduc Charles.

(2) Fils de Jean, fur lequel elle avoit été ufurpée, & qui étoit mort après une tentative malheureufe pour la recouvrer. Varillas qui renverse tout, fuppofe qu'il ne fit cette tentative qu'après le traité de Noyon, qui ne parle pourtant que de fon fils, parce que Jean étoit mort le 17 Juin précédent..

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en dot la portion du Royaume de 1516. Naples, (qu'il avoit ufurpée fur Louis Guicciard. XII); les conditions de ce mariage étoient que fi Germaine de Foix furvivoit fans enfans, cette moitié reviendroit à la France, & que fi Ferdinand furvivoit, foit qu'il eût des enfans de Germaine, foit qu'il n'en eût point, il réuniroit les deux portions du Royaume de Naples. Le premier cas étoit arrivé, Ferdinand étoit mort fans laiffer d'enfans de Germaine; ainfi en adoptant même les traités de 1501 & de 1505, en fuppofant qu'ils euffent été fidélement exécutés par l'Espagne, la moitié du moins du Royaume de Naples revenoit à la France. François I fit ce qu'avoit fait Louis XII, il céda cette moitié au Roi d'Efpagne par le traité de Noyon, en faveur du mariage qui fut auffi arrêté à Noyon entre le Roi d'Efpagne & Madame Louife, fille alors unique de François I, & qui n'avoit encore qu'un an (1). On ne tint aucun compte du mariage con

(1) Elle étoit née le 19 Août 1515.

clu par le traité précédent entre ce même Charles & Madame Renée, 1516. fœur de la Reine. Charles avant de fe marier, fut promis, ou fe promit lui-même à toutes les Princeffes de l'Europe.

Un des objets du Roi d'Espagne dans le traité de Noyon, étoit encore de réconcilier l'Empereur fon ayeul avec la France, & d'affurer ainfi la paix à toute la Maifon d'Autriche. Mais comme François I ne vouloit point abandonner les Vénitiens, on fe contenta de laiffer vaguement une place dans le traité de Noyon à l'Empereur.

Les Rois de France & d'Espagne fe prodiguerent les témoignages d'eftime & d'amitié, ils s'envoyerent le Collier de leurs Ordres ; ils convinrent d'une entrevue prochaine à Cambray (1). Le Roi d'Espagne dans

(1) Le Pape l'empêcha, mais le traité de Noyon fut depuis confirmé par deux autres traités conclus, Pun à Cambray, l'autre à Bruxelles. Le motif du Pape pour empêcher cette entrevûe, étoit la crainte que les Rois de France & d'Espagne ne s'accordaffent à fournir du fecours au Duc d'Urbin contre le Saint Siége.

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toutes fes lettres appelloit François I 1516. fon bon pere, François I l'appelloit fon bon fils (1). Ils fe combloient à l'envi de préfens; Charles envoyoit à François de beaux chevaux de Na-, ples, au lieu de lui rendre Naples même, & il lui écrivoit: » Je n'ai » rien de plus à cœur que de vous complaire, comme tout bon fils doit faire » à fon bon pere. Il lui faifoit part comme à fon ami de tous les événemens heureux qui lui arrivoient : » Pour continuation de la fervente » amour que je vous porte, lui écri– voit-il, »j'ai voulu vous faire part que »j'ai été proclamé Roi dans mes Royau» mes de Caftille, Léon & Grenade, & "que j'efpere l'être de même en Ar» ragon.

(1) Il ne paroît point que ces titres de Pere & de Fils annonçaflent une liaifon auffi étroite qu'on pourroit le croire. Ils étoient prefque d'étiquette. Parmi les souverains, les plus âgés prenoient affez communément le titre de Peres, en écrivant aux plus jeunes. Maximilien I, lorfqu'il n'étoit point en guerre avec François I, l'appelloit dans fes lettres fon bon Fils, & fignoit: votre bon Frere Pere. Le Roi d'Angleterre appelloit auffi le Roi d'Espagne fon bon Fils.

Tout cela n'empêchoit pas que vers le même tems à peu près, le Roi d'Ef 1516. pagne, attentif à fe procurer des Alliés en tout événement, ne fe fût ligué avec les ennemis déclarés ou fecrets de François I. Il y avoit eu un traité conclu à Londres le 29 Octobre 1516. entre l'Empereur, le Roi d'Espagne & le Roi d'Angleterre. C'étoit une véritable Ligue défenfive contre quiconque attaqueroit l'une des trois Puiffances, & par conféquent contre François I, qui en fecourant les Vénitiens, attaquoit néceffairement l'Empereur. On régloit le nombre de troupes que chacun devoit fournir; on laiffoit la liberté à toutes les autres Puiffances d'entrer dans cette Ligue; on y comprenoit tous les Cantons Suiffes, même fans les confulter; il est vrai qu'on leur affignoit de penfions, & que ce motif pouvoit être déterminant pour eux. Mais l'Empereur, à qui on n'affignoit point de penfions, & de qui les Vénitiens confentirent d'acheter la reftitution de Vérone, fe dégoûta bien-tôt de la Ligue de

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