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clu par le traité précédent entre ce même Charles & Madame Renée, fœur de la Reine. Charles avant de fe marier, fut promis, ou fe promit lui-même à toutes les Princeffes de l'Europe.

Un des objets du Roi d'Espagne dans le traité de Noyon, étoit encore de réconcilier l'Empereur fon ayeul avec la France, & d'affurer ainfi la paix à toute la Maifon d'Autriche. Mais comme François I ne vouloit point abandonner les Vénitiens, on fe contenta de laiffer vaguement une place dans le traité de Noyon à l'Empereur.

Les Rois de France & d'Efpagne fe prodiguerent les témoignages d'eftime & d'amitié, ils s'envoyerent le Collier de leurs Ordres ; ils convinrent d'une entrevue prochaine à Cambray (1). Le Roi d'Espagne dans

(1) Le Pape l'empêcha, mais le traité de Noyon fut depuis confirmé par deux autres traités conclus, Fun à Cambray, l'autre à Bruxelles. Le motif du Pape pour empêcher cette entrevûe, étoit la crainte que les Rois de France & d'Espagne ne s'accordaffent à fournir du fecours au Duc d'Urbin contre le Saint Siége.

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1516

1516.

toutes fes lettres appelloit François I fon bon pere, François I l'appelloit fon bon fils (1). Ils fe combloient à l'envi de préfens; Charles envoyoit à François de beaux chevaux de Na-, ples, au lieu de lui rendre Naples même, & il lui écrivoit: » Je n'ai » rien de plus à cœur que de Vous com

plaire, comme tout bon fils doit faire → à fon bon pere. Il lui faifoit part comme à fon ami de tous les événemens heureux qui lui arrivoient : » Pour continuation de la fervente » amour que je vous porte, lui écrivoit-il, j'ai voulu vous faire part que » j'ai été proclamé Roi dans mes Royau» mes de Caftille, Léon & Grenade, & » que j'espere l'être de même en Ar» ragon.

(1) Il ne paroît point que ces titres de Pere & de Fils annonçaffent une liaison auffi étroite qu'on pourroit le croire. Ils étoient prefque d'étiquette. Parmi les souverains, les plus âgés prenoient affez communément le titre de Peres, en écrivant aux plus jeunes. Maximilien I, lorfqu'il n'étoit point en guerre avec François I, l'appelloit dans fes lettres fon bon Fils, & fignoit: votre bon Frere & Pere. Le Roi d'Angleterre appelloit auffi le Roi d'Espagne fon bon Fils.

Tout cela n'empêchoit pas que vers le même tems à peu près, le Roi d'Ef 1516. pagne, attentif à fe procurer des Alliés en tout événement, ne fe fut ligué avec les ennemis déclarés ou fecrets de François I. Il y avoit eu un traité conclu à Londres le 29 Octobre 1516. entre l'Empereur, le Roi d'Efpagne & le Roi d'Angleterre. C'étoit une véritable Ligue défenfive contre quiconque attaqueroit l'une des trois Puiffances, & par conféquent contre François I, qui en fecourant les Vénitiens, attaquoit néceffairement l'Empereur. On régloit le nombre de troupes que chacun devoit fournir; on laiffoit la liberté à toutes les autres Puiffances d'entrer dans cette Ligue; on y comprenoit tous les Cantons Suiffes, même fans les confulter; il eft vrai qu'on leur affignoit de penfions, & que ce motif pouvoit être déterminant pour eux. Mais l'Empereur, à qui on n'affignoit point de penfions, & de qui les Vénitiens confentirent d'acheter la reftitution de Vérone, se dégoûta bien-tôt de la Ligue de

iv. 12.

Londres, une Place à fes yeux ne 1516. valoit pas de l'argent; Vérone que Lautrec réduifoit à la famine, alloit être forcée de capituler, la néceffité alloit triompher de la conftance de Colonne & de Roquendolf,. l'Empe1 Guicciard, reur voulant toucher cent mille écus Belcar. liv. que les Vénitiens lui offroient, fe hâta de leur remettre cette Place, qu'ils auroient prife. Maximilien ayant reçu fon argent, accéda pleinement au Traité de Noyon, il conclut la paix avec les François & avec les Vénitiens, par le Traité de Bruxelles du mois de Décembre 1516, & parcelui de Cambrai du 11 Mars 1517.

15. n. 39.

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CHAPITRE IV.

Affermiffement de la Paix. Traité de
Fribourg ou Paix perpétuelle. Nou-
velle Alliance avec le Pape. Guerre
d'Urbin. Troubles intérieurs du Mi-
lanes.

L'ALLIANCE des François & des
Vénitiens avoit eu le plus plein fuc- 1516.
cès; les François avoient recouvré
le Milanès, & les Vénitiens leurs Etats
de terre-ferme; ils avoient fait une
Paix glorieufe, l'Empereur en avoit
fait une lucrative, il avoit touché
de l'argent, il étoit content; il con-
fentit que les cinq cantons Suiffes,
qui, autant par égard pour lui que
par le defir de conferver les Vallées
du Milanès, n'avoient point voulu
prendre part au Traité fait entre
François I & les Suiffes, entrassent
avec les huit autres Cantons dans:
l'Alliance de la France. Ce fut alors:
que François I conclut à Fribourg:
avec les treize Cantons, les Ligues

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