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Guicciard

12.

'étoit point arrivé jufqu'à l'Empereur, & de ce qu'il s'étoit arrêté en 1516. chemin fous prétexte de maladie; » n'étoit-ce pas là une preuve fenfi »ble que le Pape n'avoit rendu à liv » l'Empereur qu'un hommage frivole. >> & involontaire, dont il s'étoit mê» me dispensé autant qu'il l'avoit pu ? Il ne difoit pas que le Cardinal Bibiena ne s'étoit arrêté dans fa courfe que quand il avoit appris la retraite de l'Empereur.. A l'égard du fecours: non livré, il répétoit que l'impuiffance feule l'avoit empêché de remplir cet engagement, & pour prouver, quoiqu'après coup, la droiture de fes intentions, il offroit de faire: payer comptant par les Florentins,. la moitié de la fomme à laquelle auroient pu monter les frais du fecours s'il eût été fourni, & de donner des fûretés pour l'autre moitié ; mais dans. le même tems où il fe difoit trop foi-ble pour fecourir fes Alliés, il s'étoit trouvé assez fort pour dépouiller en vingt-deux jours du Duché d'Urbin, François-Marie de la Rove

re (1), & il avoit donné cet Etat à 1517. Laurent de Médicis fon neveu. Paques le 12 Avril.

Du Bellay,

liv. I.

Le Roi croyoit avoir befoin du Pape, non-feulement pour s'affermir en Italie, mais encore pour d'autres projets qu'on verra éclore dans la Mém. de fuite, il agréa donc toutes fes excufes, il s'unit plus étroitement enBelcar. liv. core avec la Maifon de Médicis. La Reine étant accouchée à Amboise de fon premier fils (2), Laurent de Médicis vint en France pour le tenir au nom du Pape. Pendant fon féjour dans ce Royaume, le Roi lui fit époufer Madeleine (3) de Boulogne une de fes parentes. Les deux

16. n. 5.

(1) Voyez le Chapitre fecond de ce premier Livre.

(2) Nommé François comme fon pere. Il naquit le 28 Février 1519 à fix heures du foir.

(3) Elle étoit fille de Jean Sire de la Tour Comte d'Auvergne, de Lauraguais & de Boulogne & de Jeanne de Bourbon, fœur de feu François de Bourbon Comte de Vendôme, pere de Charles Duc de Vendôme, & bifayeul de Henri IV Madeleine de Boulogne avoit une fœur aînée qui avoit épousé le Duc d'Albanie; mais elle mourut fans enfans, & Catherine de Médicis, fille de Madeleine de Boulogne réunit toute la fucceffion de la branche aînée de la Tour d'Auvergne.

15. n. 39,402

époux moururent en moins de deux ans, laiffant pour feul fruit de leur 1517. mariage cette célebre Catherine de Médicis, qui devoit être un jour l'ornement & le fléau de la France. Laurent, en faveur de tant de bienfaits, jura pour la Maifon de Médicis un attachement inviolable aux intérêts du Roi, & le Roi abandonna le Duc d'Urbin ( la Rovere.) Mais le Duc d'Urbin ne s'abandon- Belcar. liv. na point lui-même ; il profita de la pa- 41. cification de l'Europe pour prendre à fa folde les troupes qui avoient été licentiées de part & d'autre, les Vénitiens lui fournirent de l'artillerie. Avec ces fecours, non-feulement il recouvra en peu de jours le Duché d'Urbin, mais encore il fit trembler à leur tour les Médicis pour leurs propres foyers; il alla jufqu'à ravager les terres de l'Eglife & de la Tofcane. Le Pape en jetta des cris lamentables dans toute la Chrétienté; il ne tint pas à lui qu'on ne regardât cette querelle particuliere comme une guerre facrée, dans laquelle toutes les Puiffançes Chrétiennes devoient

Guicciard,

fe réunir contre l'oppreffeur de l'E 1517. glife. Le Roi d'Espagne fe hâta d'é crire à François I qu'il étoit touché des juftes plaintes de Sa Sainteté, &: qu'il le conjuroit de rappeller tous les François qui fervoient dans l'armée du Duc d'Urbin; François I lui répondit qu'il étoit touché des juftes plaintes de Sa Sainteté, & qu'il le conjuroit de rappeller tous les Efpagnols qui fervoient dans l'armée du Duc d'Urbin.

Malgré ce badinage d'affez mauvais augure pour le Pape, les deux Rois fe piquerent de le fervir à l'envi & l'Empereur les imita, du moins il défendit comme eux à tous fes fujets fous les peines les plus rigou reufes, de porter les armes pour le Duc d'Urbin. Les Rois de France & d'Espagne ne fe bornerent point à cette défense; Charles envoya au fecours de l'Etat de l'Eglife le Comte de Potenza, avec une partie de la cavalerie deftinée à la garde duRoyau+ me de Naples; François I chargea auffi Lautrec d'envoyer à l'armée Eccléfiaftique l'élite des troupes dy

Milanès; mais Léon X qui n'avoit point fecouru François I lorfqu'il 1517 l'avoit vu attaqué par l'Empereur, ne pouvoit croire que François I youlût fincérement le fecourir ; il foupçonnoit même ce Prince d'avoir Levorifé en fecret l'expédition du Duc d'Urbin, & par ce foupçon, il juftifioit peut-être celui qu'on avoit conçu contre lui au fujet de l'irruption de Maximilien; le Roi devoit être au-deffus de ces défiances : les voies fouterraines & détournées lui étoient trop odieuses, il fouffroit même impatiemment qu'on pût l'en croire capable; il donna vers ce tems une preuve éclatante de fa délicateffe à cet égard. Le Duc de Gueldres, allié naturel de la France, parce qu'il étoit l'ennemi néceffaire de la Maifon d'Autriche, venoit de faire un armement confidérable pour s'emparer de la Frife. Les Miniftres de Charles, étonnés qu'un fi petit Prince eût pu rassembler de fi grandes forces, tinrent quelques difcours qui tendoient à infinuer qu'il étoit assisté

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