15. n. 39,407 époux moururent en moins de deux ans, laissant pour seul fruit de leur 1517 mariage cette célebre Catherine de Médicis, qui devoit être un jour l'ornement & le fléau de la France. Laurent, en faveur de tant de bienfaits , jura pour la Maison de Médicis un attachement inviolable aux intéréts du Roi, & le Roi abandonna le Duc d'Urbin (la Rovere.) Mais le Duc d'Urbin ne s'abandon- Belcar. liv: na point lui-même; il profita de la pa- 41. cification de l'Europe pour prendre à fa solde les troupes qui avoient été licentiées de part & d'autre , les Vénitiens lui fournirent de l'artillerie. Avec ces secours , non-seulement il recouvra en peu de jours le Duché d'Urbin, mais encore il fit trembler Guicciard, à leur tour les Médicis pour leurs propres foyers ; il alla jusqu'à ravager les terres de l'Eglise & de la Toscane. Le Pape en jetta des cris lamentables dans toute la Chrétienté; il ne tint pas à lui qu'on ne regardât cette querelle particuliere comme une guerre sacrée, dans laquelle toutes les Puissances Chrétiennes devoient liv, 134 ! se réunir contre l'oppresseur de l’E 15.17. glise. Le Roi d'Espagne se hâta d'é crire à François I qu'il étoit touché des justes plaintes de Sa Sainteté, & qu'il le conjuroit de rappeller tous les François qui fervoient dans l'armée du Duc d'Urbin; François I lui répondit qu'il étoit touché des justes plaintes de Sa Sainteté, & qu'il le conjuroit de rappeller tous les Espagnols qui fervoient dans l'armée du Duc d'Urbin. Malgré ce badinage d'assez mauvais augure pour le Pape, les deux Rois se piquerent de le servir à l'envi & l'Empereur les imita , du moins il défendit comme eux à tous ses fujets sous les peines les plus rigoureuses, de porter les armes pour le Duc d'Urbin. Les Rois de France & d'Espagne ne se bornerent point à cette défense; Charles envoya au fecours de l'Etat de l'Eglise le Comte: de Potenza , avec une partie de la cavalerie destinée à la garde duRoyau+ me de Naples; François I chargea aufli Lautrec d'envoyer à l'armée Ecclésiastique l'élite des troupes dy. Milanès; mais Léon X qui n'avoit pu rassembler de si grandes for- 1 sous main par François I (1). Le 1117. Roi qui avoit solemnellement décla bien loin d'étre favorable au Duc de Gueldres, il se joindroit au Roi d'Espagne pour le réduire, s'il osoit troubler la paix, sçut ces dif ré que (1) Si le Pere Daniel avoit connu les Lettres originales sur lesquelles on écrit cette Histoire, il n'auroit pas répété d'après Pierre d'Anglerie , à propos de cette prétendue connivence de François I avec le Duc de Gueldres : c'est un foupçon dont la vérité n'a jamais été éclaircie. Rien n'a été plus éclairci, l'injustice de ce soupçon a été démontrée; le Roi d'Espagne & les Ministres l'ont déclaré dans toutes leurs Lettres de la maniere la plus précise. Le Duc de Gueldres avoit profité du dé?cuvrement où se trouvoient les Bandes-Noires après la conquête du Milanes, pour leur proposer cette invalion , tandis que Charles étoit alié prendre poster sion du Royaume d'Espagne. Auffi-tôr que François I. en-fut averti par les plaintes de Charls , il le liara d'écrire au Duc de Gueldres qu'il recirât sestroupes,s'il ne vouloir voir les arınes de la France se joindre contre lui à ceiles de l'Espagne; en mêine-tems il offrit ses secours au Roi d'Espagne qui le remercia des services qu'il lui avoit rendus dans cette occasion. Le Roi d'Angleterre suivit l'exemple de François Le Duc de Gueldres , qui sans doute n'avoit fait cetre tentative que dans l'espérance d'étre soutenu , craigoit d'attirer sur lui de li puissans ennemis. Les Comtes de Nassau & de Vassenaër , qui avoient raslemblé à la hâte les troupes des Pays-Bas , ayant eu quelque avantage sur lui, cette guerre tomba d'elle-même, & ne troubla point l'Europe. cours & s'en offensa comme d'un affront fait à la vérité de son caractère; 1517. il en demanda raison au Roi d'Elpagne , qui lui en fit d'humbles excuses , & l'assura que ni lui ni son Conseil n'avoient jamais eu le moindre doute sur sa fidélité à remplir ses promesses : » Nous sçavons, dit-il, » que vous n'avez rien de fi cher que 9l'honneur; toutes vos actions l'ont » assez prouvé. Le Pape eût pu rendre à François I le même témoignase, mais il jugeoit de la politique des autres par la fienne ; il considéroit que le Duc d'Urbin avoit été l'allié de la France, qu'il avoit paru en coûter au Roi pour le sacrifier, que la Duchelle d'Angoulême lui avoit écrit à lui-même en faveur de la Duchesse d'Urbin sa parente , pour le prier de soulager la misere où il l'avoit réduite en dépouillant son mari de les Etats. Il sçavoit d'a:lleurs que le Connétable de Bourbon, Gouverneur du Milanès, témoin de ses fréquentes contraventions au traité de Bologne, avoit souvent demandé au Roi la |