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fous main par François I (1). Le 17. Roi qui avoit folemnellement déclaré que bien loin d'être favorable au Duc de Gueldres, il fe joindroit au Roi d'Espagne pour le réduire, s'il ofoit troubler la paix, fçut ces dif

(1) Si le Pere Daniel avoit connu les Lettres originales fur lesquelles on écrit cette Histoire, il n'auroit pas répété d'après Pierre d'Anglerie, à propos de cette prétendue connivence de François I avec le Duc de Gueldres: c'eft un foupçon dont la vérité n'a jamais été éclaircie. Rien n'a été plus éclairci, l'injuftice de ce foupçon a été démontrée ; le Roi d'Efpagne & fes Miniftres l'ont déclaré dans toutes leurs Lettres de la maniere la plus précife. Le Duc de Gueldres avoit profité du défœuvrement où se trouvoient les Bandes-Noires après la conquête du Milanès, pour leur propofer cette invafion, tandis que Charles étoit allé prendre poffeffion du Royaume d'Espagne. Auffi-tôt que François I. en-fut averti par les plaintes de Charles, il fe hâta d'écrire au Duc de Gueldres qu'il retirât fes troupes,s'il ne vouloit voir les armes de la France fe joindre contre lui à celles de l'Espagne; en même-tems il offrit fes fecours au Roi d'Espagne qui le remercia des fervices qu'il lui avoit rendus dans cette occafion. Le Roi d'Angleterre fuivit l'exemple de François I. Le Duc de Gueldres, qui fans doute n'avoit fait cette tentative que dans l'efpérance d'être foutenu, craignit d'attirer fur lui de fi puifans ennemis. Les Comtes de Naffau & de Vaffenaër, qui avoient raflemblé à la hâte les troupes des Pays-Bas, ayant eu quelque avantage fur lui, cette guerre tomba d'elle-même, & ne troubla point l'Europe.

cours & s'en offenfa comme d'un affront fait à la vérité de fon caractère; 1517. il en demanda raifon au Roi d'Efpagne, qui lui en fit d'humbles excufes, & l'affura que ni lui ni fon Confeil n'avoient jamais eu le moindre doute fur fa fidélité à remplir fes promeffes » Nous fçavons, dit-il, ́ » que vous n'avez rien de fi cher que » l'honneur; toutes vos actions l'ont » affez prouvé.

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Le Pape eût pu rendre à François I le même témoignage, mais il jugeoit de la politique des autres par la fienne; il confidéroit que le Duc d'Urbin avoit été l'allié de la France, qu'il avoit paru en coûter au Roi pour le facrifier, que la Ducheffe d'Angoulême lui avoit écrit à lui-même en faveur de la Ducheffe d'Urbin fa parente, pour le prier de foulager la mifere où il l'avoit réduite en dépouillant fon mari de fes Etats. Il fçavoit d'ailleurs que le Connétable de Bourbon, Gouverneur du Milanès, témoin de fes fréquentes contraventions au traité de Bologne, avoit fouvent demandé au Roi la

de François I.

permiffion de l'en punir. Varillas pré 1517. tend même que le Connétable remit le Gouvernement du Milanès par dépit de n'avoir pu obtenir cette permiffion; felon lui, ce Général prédifoit que les ménagemens exceffifs de la France pour le Saint Siége ne feroient qu'entraîner la perte du Milanès. Varillas abuse ici évidemment Varillas,hift. de la liberté de conjecturer que lui Martin Du laiffe la difcordance des Hiftoriens Bellai, Mém. fur la démiffion volontaire ou forcée Brantôme, hom. illuftr. du Connétable. Guichardin, Varil de la France. las & l'Abbé Dubos la difent volonVie du Con- taire; mais Guichardin, Auteur Itanétable de lien, peut avoir été mal instruit des Mém. du intrigues de la Cour de France; VaMaréchal de rillas peut ou avoir menti ou avoir Pafquier, copié Guichardin, & l'Abbé DuRecherches bos peut avoir foiblement exaP. Daniel, miné un fait étranger à fon sujet (1); Hift.de Fran Martin Du Bellai & Brantôme parlent du retour du Connétable en Mezeray, France, fans dire s'il fut rappellé ou grande Hift. s'il fe démit du Gouvernement de Miçois l. lan. Mais Marillac qui avoit été Sécré

Marillac

Bourbon.

Fleuranges.

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de la France.

ce, Vie de

François I.

Vie de Fran

P.Jov. 1. 16.

(1) L'Abbé Dubos, Ligue de Cambrai.

taire du Connétable & qui a écrit fa vie, le Maréchal de Fleuranges, 1517 Pafquier, & après eux le P. Daniel, difent expreffément qu'il fut rappellé. Mezerai, toujours frondeur, ne se refuse point au plaifir de dire qu'il fut rappellé pour avoir trop bien fervi. Ces autorités paroiffent l'emporter fur les autorités contraires, & il eft naturel de penfer que le rappel du Connétable fut l'ouvrage de l'amour ou de la haine de la Ducheffe d'Angoulême. Paul Jove dit qu'il fut rappellé pour être fait Connétable; cet Auteur oublie qu'il a dit dans le quinziéme Livre que Bourbon fut fait Connétable dès l'avénement de François I. Mais Beaucaire affure que Bourbon fe démit volontairement, & cette autorité eft la plus embarraffante.

Quoiqu'il en foit, le Maréchal de Lautrec fut mis à fa place; il avoit des titres pour cela (1), mais on pré

(1) Odet de Foix, Seigneur de Lautrec, Maréchal de France, étoit coufin & compagnon d'armes du célebre Gafton de Foix. A la bataille de Ravenne il accompagnoit prefque feul ce brave Gaston, lorf

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tend que dans cette occurrence le 1517. prix de la valeur fut donné à la beauBelcar. liv. té, & que les charmes de la Comteffe

15. n. 23.

de Château-Briant fa fœur furent

plus puiffans que fes fervices. Déja, dit-on, le crédit de cette Maîtreffe balançoit celui de la Ducheffe d'Angoulême, & ouvroit la route des grandeurs à ses trois freres Lautrec, Lefcun & Lefparre (1), qu'on voit en effet pendant plufieurs années, occuper la premiere place dans la fa

veur.

Lautrec étoit déja Gouverneur du Milanès,lorfque le Duc d'Urbin étoit rentré dans fes Etats; le Pape ne put

qu'une ardeur téméraire le précipitoit au-devant de la mort; ayant vainement effayé de le retenir par fes inftances & par fes cris, il l'avoit défendu autant qu'on peut défendre un feul homme contre deux mille; il crioit aux Efpagnols, en les combattant, en les écartant: arrêtez, ne le tuez point, d'eft le frere de votre Reine. Lui-même percé de lus de vingt coups de pique, il fut la ffé pour mort auprès de Gafton. Echappé à ce péril, il avoit depuis fervi avec diftinction dans le Milanès fous le Connétable qui l'aimoit & l'eftimoit. Défiguré par les bleffures qu'il avoit reçues au vifage à la bataille de Ravenne, cette difformité glorieufe lui donnoit une mine arrogante & formidable, que fon caractère ne démentoit pas.

(1) Ou Afparaut.

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