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Belcar. liv

Guicciard.

liv. 13.

croire qu'il n'eût eu aucune part à cette révolution, & il fe défia tou- 1517. jours du fecours que Lautrec lui envoya par l'ordre du Roi. Laurent de Médicis qui commandoit toujours 15. n. 43, l'armée Eccléfiaftique, en éloigna les François fous différens prétextes, dans la crainte qu'au lieu d'agir contre le Duc d'Urbin, ils n'attiraffent les Italiens au parti de ce Duc. Il prioit les François tantôt de fe rafraîchir dans le Modenois, tantôt de couvrir Bologne; il les fixa enfin à Rimini, afin, difoit-il, qu'ils procuraffent la fûreté de la Romagne. Par cette défiance injufte autant qu'injurieufe, il prolongea une guerre qui eût pu être terminée en peu de tems, elle dura huit mois fans procurer de gloire à aucun parti.

liv. 13

Les plus grands événemens qu'elle, Guicciard. produifit furent des confpirations ref pectives contre la vie ou la liberté du Pape & du Duc d'Urbin. Celuici fit tuer au milieu de fon camp à coups de pique, quatre Officiers accufés d'avoir voulu le livrer aux Médicis. Léon fe crut obligé d'effrayer

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le facré Collège par des emprifon1517. nemens & des fupplices, pour rompre une trame horrible formée contre fa vie. Le Cardinal Alphonfe Petrucci avoit gagné Verceil, Chirurgien du Pape, & un Officier nommé Bagnacavello, qui devoient être les inftrumens du crime; les Cardinaux Bandinello de Soli, Raphael Riario, Camerlingue du Saint Siége, Adrien Corneto & François Soderin appuyoient ou connoiffoient ce projet. Verceil & Bagnacavello furent écartelés, le Cardinal Petrucci fut étranglé en prison; les autres racheterent leur vie & leur dignité par des fommes plus ou moins fortes, felon la part plus ou moins grande qu'ils parurent avoir eûe au complot.

Le Pape ayant ainfi exercé fon defpotifme fur le facré College par la rigueur & par la clémence, voulut encore l'établir plus folidement pour l'avenir, en créant dans un feul Confiftoire jufqu'à trente-un Cardinaux, tous dévoués à fes intérêts, ou qu'il croyoit l'être.

Cependant le Duc d'Urbin en

nuyé

nuyé d'une guerre où il avoit autant à craindre fes propres troupes que fes 1517. ennemis, avoit envoyé propofer un combat fingulier à Laurent de Médicis, qui pour toute réponse fit mettre dans les fers & appliquer à la torture fon Emiffaire. C'eft ainfi que les Puiffances d'Italie fe faifoient la guerre. Heureusement les François n'eurent d'autre part à cette indigne guerre, que d'avoir offert fuivant les Traités un fecours qu'ils ne purent faire agréer. Les Médicis gagnerent peu à peu à prix d'argent la plupart des troupes du Duc d'Urbin. Celui-ci voyant les défections & les confpirations augmenter de jour en jour dans fon armée, craignit enfin d'être livré à fes ennemis, il quitta fon armée qui le quittoit & alla chercher un afyle à Mantoue. Le Duché d'Urbin fut la proye de Laurent de Médicis.

Le Roi traita de nouveau avec Léon X, & comme il falloit toujours qu'il perdît dans ces Traités, il fut encore obligé de facrifier un autre allié, le Duc de Ferrare, & de reTome I.

P

mettre à Léon X l'écrit par lequel 1517. ce Pontife s'étoit engagé à la restituGuicciard. tion de Modene & de Regge, exigée liv. 13. par le Roi en faveur du Duc de Ferrare à la Conférence de Bologne (1).

Graces à tant de fuccès & de facri1518. fices, le Milanès n'avoit plus d'ennePâques le 4 mis étrangers à craindre, lorsque la

Avril.

jaloufie imprudente du Maréchal de Lautrec contre le Maréchal de Trivulce, jetta dans ce pays le germe des révolutions qu'on y vit éclorre dans la fuite. Trivulce iffu d'une des plus riches & des plus puiffantes Maifons de la Lombardie, n'avoit pu autrefois échapper aux fureurs de Ludovic Sforce qu'en fe dévouant au fervice de la France; il avoit acquis beaucoup de gloire fous Charles VIII, Louis XII & François I. Louis XII. l'avoit fait Gouverneur du Milanès fa Patrie. Nul autre Général n'avoit eu fi fouvent les armes à la main & n'avoit vu tant de combats. Des conjonctures dont on a rendu compte dans l'Introduction (2), l'avoient fait

(1) Voir le Cha itre second de ce premier Livre. (2) Voir l'Introduction, Chapitre second, article Milanès,

dépouiller du Gouvernement de Milan. Il paroiffoit fe contenter alors 1518. d'y vivre en Citoyen prefque indépendant; mais ce rang de Gouverneur qu'il avoit eu autrefois & qu'il regrettoit fans doute, cette magnificence royale qu'il se plaifoit à étaler parmi fes concitoyens; la confidé. ration que fes fervices, fes talens, fes vertus lui avoient acquife, & que fon luxe rendoit plus éclatante, blefferent les yeux inquiets de Lautrec. On voyoit encore dans plufieurs villes d'Italie, fur-tout à Milan, quelques reftes des Guelphes & des Gibelins; ils avoient perdu de vue l'ancien objet de leurs divifions, c'est le fort de toute querelle qui vieillit, on ne les diftinguoit plus qu'à une haine aveugle & infenfée qu'ils confervoient les uns pour les autres. Trivulce étoit à la tête des Guelphes, & cette qualité de Chef d'un parti alors affez puiffant, lui donnoit un crédit qui pouvoit quelquefois balancer l'autorité du Gouverneur, Lautrec entreprit de détruire ce rival de puiffance qu'il ne falloit que laiffer

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