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son, ch. 1. Claude fût donnée au Duc de Va

Mezerai

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Abr. Chron. lois. Le Roi fut très-content de leur

1506.

accorder leur demande; on fiança les deux Parties le 22 Mai 1506; la Reine en fut malade de douleur ; mais bien-tôt elle imagina un moyen d'anéantir le triomphe de la Com→ teffe d'Angoulême.

On a déja dit qu'il avoit été stipulé dans le contrat de mariage d'Anne de Bretagne avec Louis XII, que fi l'aîné des enfans parvenoit à la Couronne, le puîné auroit le Duché; la Reine affecta d'étendre cette claufe aux filles, & elle avoit en effet pour elle les termes du contrat. » L'aînée, difoit-elle, va parvenir » à la Couronne, puifqu'elle épouse

l'héritier préfomptif; le Duché » doit donc appartenir à la puînée, » & la puînée époufera le Prince » d'Espagne; par-là on remplira > tout à la fois, & les vœux de la >> Nation qui demande le mariage de » Claude avec François, & les en»gagemens pris avec le Prince d'Ef"pagne. L'inconvénient de tranf→ porter à la Maison d'Autriche le

"patrimoine du pere & celui de la » mere, fera diminué de moitié; les » droits fur le Milanès appartien>> dront à Claude; Renée n'aura que » la Bretagne, & les Bretons au>>ront le Duc particulier qu'ils fou>> haitent.

par

Anne de Bretagne ne vouloit point voir, tant fa haine pour la Comteffe d'Angoulême l'aveugloit, combien ce plan étoit contraire à fes propres vûes pour la liberté de fon pays; que fi les Bretons defiroient un Duc ticulier, c'étoit un Duc réfidant parmi eux & qui les gouvernât par luimême, non par un Viceroi ou un Gouverneur étranger, comme eût fait le Prince d'Efpagne, & qu'enfin s'il falloit que la Bretagne fit partie d'une plus grande Souverainteté, il valoit mieux qu'elle devint Province Françoife, puifque tant de nœuds l'uniffoient d'ailleurs à la France, que Province Espagnole ou Autrichienne. Le Roi fentit bien que fa femme, en voulant transporter la Bretagne à une Monarchie rivale, n'étoit en effet ni Bretonne ni Françoife; qu'el

1

Le 9 Janvier

vove.

le n'étoit qu'ennemie de la Comteffe d'Angoulême: il ne fouffrit point qu'une paffion aveugle décidât ainsi du deftin de fa fille & de celui de l'Etat; il fçut trouver de la fermeté contre fa femme dans cette occafion, & le mariage de Renée avec le Prince d'Efpagne ne fe fit point, mais celui de Claude avec le Duc de Valois ne fe fit point non plus pendant la vie d'Anne de Bretagne, elle fçut y mettre des obftacles que ni le mérite du Duc de Valois, ni la fenfibilité qu'il avoit inspirée à la Princesse, ni les vœux de la Nation entiere, ni les inftances de Louis XII ne purent jamais vaincre.

La mort de la Reine (1) fut le 1514. moyen violent dont la fortune fe ferJournal de- vit pour terminer les divifions de la Louife de Sa- Cour. C'eft aux ames fenfibles à juMartin du ger de la douleur de Louis XII. IL Bellay, 1. Y. s'enferma pour s'y livrer, pour en jouir, pour en dérober les excès aux Courtifans, devant qui les plus malheureux ofent pleurer le moins.

(1) Elle mourut à trente-fept ans.

Rendu par le tems à fes devoirs, il bannit de fa Cour tous les plaifirs & tous les fpectacles, diffipations peut-être néceffaires, mais toujours odieufes à une ame profondément bleffée. L'image de la douleur plaît feule à la douleur. Louis fignala fon deuil par une étiquette extraordinaire; il le porta en noir contre l'ufage, peut-être parce qu'Anne de Bretagne l'avoit porté ainfi de Charles VIII qu'elle avoit très-fincerement regretté, malgré fon goût pour Louis XII: car une ame tendre s'attache par l'habitude aux objets même qu'elle n'aime pas.

Tout fembloit concourir alors à défefpérer Louis XII. Les plus rudes épreuves exerçoient fa vertu; l'injustice de ses ennemis étoit par-tout triomphante; les objets de fon attachement, les appuis de fon Trône lui étoient ravis. Ce Gafton de Foix (1), le Foudre de l'Italie, dont l'activité incroyable avoit puni l'audace des Suiffes, confondu l'orgueil de Ju

(1) Son neveu, fils de Marie-Madeleine d'orléans, fa fœur,

les II, déconcerté tous les efforts de la Ligue Papale, écrafé les forces réunies des Vénitiens, des Romains, & des Efpagnols, Gafton s'étoit enfeveli à vingt-quatre ans au milieu de Ravenne, 11. fes triomphes par le feul trait d'imAvril 1512. prudence qu'on ait pu lui reprocher. Cette mort avoit été le terme des

Bataille de

Guicciard

Mariana,

1582.
Hift. du
Chevalier
Bayard.
Petrus de

fuccès de la France & le fignal de fes infortunes; les Suiffes avoient de nouveau inondé le Milanès, ils en avoient difpofé à leur gré: les François étoient chaffés d'Italie; leur inFavin, Hift. fidéle allié, l'Empereur Maximilien de Navarre s'étoit tourné contre eux; le fourbe Ferdinand, Roi d'Efpagne, après avoir englouti la Navarre, menaçoit la Guyenne; le jeune Roi d'Angleterre Henri VIII, entraîné par une Angleria. inquiétude qu'il prenoit pour l'amour Mem. de de la gloire defcendoit en Picardie; Journal de une nouvelle entreprise des François Louife de Sa- fur le Milanès, plus malheureuse que Brantôme. les précédentes, n'avoit fait que Le Feron. fournir aux Suiffes l'occafion de vainDu Bellay. Alii par cre la Tremoille à. Novarre, & de pénétrer jusqu'au milieu de la Bourgogne. Le Duc de Longueville, en

Fleuranges.

voye, 1513.

fim,

6 Juin 1513.

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