16.1. Si être le prix de tant de services; il 1518. envoya' visiter Trivulce , & lui fit faire quelques excuses : Je suis bien sensible aux bontés du Roi , répondit Trivulce , mais je l'ai trop été à ses rigueurs. Il n'y a plus de remede. Il mourut , laissant à François I le reBelcar. liv. gret éternel d'avoir causé la mort d'un de ses meilleurs sujets. Il fut enterré au Bourg de Châtres sous Montlehery , où il avoit trouvé la Cour & où il étoit mort, on grava sur sa tombe une épitaphe qui exprimoit son caractère actif: Híc quiescit qui nunquam quievit. Cette avanture mit dans le cæur des Milanois des dispositions fàcheuses à l'égard du Gouverneur , à l'égard du Roi même & de la Nation Françoise; sur-tout lorsqu'on vit la mort du malheureux Trivulce procurer le bâton de Maréchalà Thomas de Foix, dit Lefcun, (1) frere du (1) Le Maréchal de Châtillon avoit écé nominé extraordinairement le s Décembre 1516 , à condition que cet Office créé pour lui , seroit éteint dès qu'il en vaqueroit un autre; cependant la mort de Maréchal de Lautrec ; mais ces dil- CHAPITRE V. Traité avecl Angleterre. Projet avorté d'une Croisade contre les Turcs. Trivulce ayant donné au Maréchal de Châtillon la les armes à la main à l'Empereur , 1518. c'étoit le Roi d'Angleterre , mais cet ennemi étant seul, ne demandoit qu'à traiter , & on traita plus utilement avec lui qu'on n'avoit fait avec le Pape. Les François voyoient avec chagrin depuis 15 13.la ville de Tournay entre les mains des Anglois. Les An glois de leur côté étoient assez emGuicciard. barrafles de cette Place. Sa situation kv, 13. au milieu d'un pays étranger & ennemi , loin des Places qu'ils possédoient sur la côte maritime de Picar: die, les obligeoit à entretenir une garnison considérable, & les avoit engagés dans de grandes dépenses pour la construction d'une citadelle: Mém, de fls paroissoient donc assez disposés à Du Bellay, liv. .. rendre cette ville, moyennant de l'argent. Tout dépendoit de gagner le Cardinal Volsey, on le gagna. Le jeune Amiral de Bonnivet, frere de Boisy, qui partageoit alors avec les de Foix la faveur de son Maître, partit pour Londres en qualité d'Ambassadeur extraordinaire. De tous les jeunes Seigneurs qui avoient été élevés auprès du Roi, aucun n'étoit plus fait pour plaire & 15 n'y réussit mieux que Bonnivet. Aufli aimable que ce Brandon, Duc de Suffolk, favori & beau-frere de Henri VIII, il dut comme lui sa fortune aux graces de la figure, aux agrémens de son esprit plus qu'à des fervices utiles; il ofa , dit-on, comme lui, aimer la fæur de son Maître, mais sa passion fut moins heureuse. On examinera dans la suite ce qui concerne cette passion & les incidens qu'elle produifit. Bonnivet n'étoit encore que Favori du Roi, lorsque Jean Mallet de Grayille, Gentilhomme Normand, que la faveur de Charles VIII avoit comblé d'honneurs & de biens , laissa par sa mort arrivée à la fin de l'année 1515 , la dignité d'Amiral vacante. Le Roi consulta le Chancelier sur le choix du succefseur ; Duprat fut assez bon courtisan pour proposer Bonnivet ; le Roi qui ne cherchoit qu’un fuffrage dont il pût autoriser son inclination secrete, se hâta de le nommer, & Bonnivet Içut que le Chancelier l'avoit pro: posé. Ce fut encore par le conseil 28. de Duprat que Bonnivet fut nommé à l'Ambassade extraordinaire d’Angle- Il est difficile de décider s'il avoit d'Auteurs l'attribuent toute entiere Boat, liv. à Villeroy , qui étoit alors Ministre, & qui gouvernoit les finances. Quoi Octobre 1518 qu'il en soit, en moins de six semaiGuicciard. nes on fit conclure le mariage du Dauphin avec la Princesse Marie, 16, n. 4, Traité du 4. liv. 13• |