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avoient été élevés auprès du Roi, aucun n'étoit plus fait pour plaire & 15 n'y réuffit mieux que Bonnivet. Auffi aimable que ce Brandon, Duc de Suffolk, favori & beau-frere de Henri VIII, il dut comme lui fa fortune aux graces de fa figure, aux agrémens de fon efprit plus qu'à des fervices utiles; il ofa, dit-on, comme lui, aimer la fœur de fon Maître, mais fa paffion fut moins heureuse. On examinera dans la fuite ce qui concerne cette paffion & les incidens qu'elle produifit. Bonnivet n'étoit encore que Favori du Roi, lorfque Jean Mallet de Graville, Gentilhomme Normand, que la faveur de Charles VIII avoit comblé d'honneurs & de biens, laiffa par fa mort arrivée à la fin de l'année 1515, la dignité d'Amiral vacante. Le Roi confulta le Chancelier fur le choix du fucceffeur; Duprat fut affez bon courtifan pour propofer Bonnivet; le Roi qui ne cherchoit qu'un fuffrage dont il pût autorifer fon inclination fecrete, fe hâta de le nommer, & Bonnivet fçut que le Chancelier l'avoit pro

pofé. Ce fut encore par le confeif 8. de Duprat que Bonnivet fut nommé à l'Ambaffade extraordinaire d'Angleterre pour la reftitution de Tournay.

Il eft difficile de décider s'il avoit pour la négociation des talens qui juftifiaffent ce choix, mais le plus prompt & le plus plein fuccès couronna fes travaux. On ignore, il eft vrai, jufqu'à quel point Etienne Poncher Evêque de Paris, François de Roche-Chouart, Seigneur de Champdenier, & Nicolas de Neuville', Seigneur de Villeroi, qui lui furent affociés dans cette Ambaffade, partagent la gloire de ce fuccès ; beaucoup d'Auteurs l'attribuent toute entiere Bear, liv à Villeroy, qui étoit alors Miniftre, Traité du 4. & qui gouvernoit les finances. Quoi Octobre 1518 qu'il en foit, en moins de fix femaiGuicciard. nes on fit conclure le mariage du

16. 11.4, ..

liv. 13.

Dauphin avec la Princeffe Marie, alors fille unique du Roi d'Angleterre, convention importante, & qui pouvoit ranger un jour l'Angleterre fous les loix de la Maifon de France. Ce qui rendoit le Cardinal Volley fr facile fur cet article, étoit peut-être

d'un côté l'efpérance légitime que le Roi d'Angleterre auroit des fils qui 1518. excluroient Marie du Trône ; de l'autre, la facilité de rompre dans la fuite un engagement dont la confommation étoit renvoyée à un tems trèséloigné, puifqu'alors la Princeffe d'Angleterre n'avoit pas quatre ans, & que le Dauphin avoit à peine un

an.

que

Les Anglois auroient bien voulu Tournay fervît de dot à Marie. C'eût été différer la reftitution de cette Place jufqu'au tems du mariage: Bonnivet infifta pour qu'elle fe fît à l'inftant, moyennant une fomme dont on conviendroit, & il l'obtint. On convint que le Roi payeroit d'abord deux cent foixante mille écus pour la citadelle, que les Anglois avoient conftruite, & pour les munitions de guerre & de bouche qu'ils devoient y laiffer, trois cent mille autres écus dans douze ans, & qu'il reconnoîtroit avoir reçu encore trois cent mille autres écus pour la dot de la Princeffe. On convint aufli d'une entrevue des deux Rois entre Bou

logne & Calais, mais on n'en fixă 1518. point le tems. Les Anglois fe piquerent de procurer à la France toutes les facilités poffibles pour le payement. François I n'avoit point alors d'argent & ne fçavoit où prendre les deux cent foixante mille écus qu'il falloit donner d'abord. Le Roi d'Angleterre fe contenta de prendre huit ôtages des plus illuftres & des plus riches Maifons. C'étoient les Seigneurs de Morette, de Mouy, de la Meilleraye, de Montpezat (1), de Melun, de Mortemart, de Grimault, de Montmorency de la Rochepot & Mém de de Hugueville. Le Maréchal de ChâDu Bellay, tillon, en les livrant aux Anglois fut mis en poffeffion de Tournay, de Mortagne, de S. Amand & de leurs territoires.

Liv. 1.

(1) De Montpezat d'Agenez, qui, felon Brantôme n'a rien de commun avec le Montpezat de Quercy depuis Maréchal de Frances (Homm.Illaftr. de Brant.) il paroît que Brantême a fur tout cela des idées bien confufes. Antoine de Lettes qui prit le nom de Montpezat & qui fut Maréchal de France, étoit de l'ancienne Maison de Montpezat par fa mere, & les de Lettes & Igs Montpezat étoient également du Quercy.

Tandis que les François avoient la fortune pour eux, ils voulurent en profiter & avancer leurs affaires dans ce pays-là. Ils avoient rétabli Thérouanne, que les Anglois & les Impériaux avoient brûlé en 1513; déja ils entamoient une négociation pour la reftitution de Calais. C'eût été fermer entiérement la derniere des playes que les Anglois avoient faites autrefois à la France. Le Roi d'Espagne s'allarma de ces projets d'aggrandiffement des François du côté des Pays-Bas, il fe hâta de gagner Volley que François I venoit de bleffer par le refus de l'Evêché de Tournay fur lequel ce Cardinal avoit compté. Dès-lors il ne fut plus queftion de Calais, mais l'affaire de Tournay heureusement terminée augmenta dans l'Europe la réputation de François I. Les fuccès du cabinet donnerent un éclat folide à la gloire de fes armes; dans le même tems il fe rendoit de plus en plus formidable à l'Angleterre, en faifant bâtir & fòrtifier à l'embouchure de la Seine le Havre-de-Grace, & en s'unissant

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