plus étroitement que jamais avec l'E 1518. coffe. Guicciard, Aiv. 13. Depuis la conquête du Milanès, toutes les Puiffances recherchoient à l'envi l'amitié de François I; toutes s'empreffoient à lui fournir des occafions de gloire dont le profit devoit être pour elles. Le Pape l'invitoit à la défense de la Chrétienté contre les Turcs qui la menaçoient alors: l'Empereur offroit de lui céder toutes fes prétentions fur l'Italie moyennant des fommes confidérables, & pourvû que François I. l'aidât à fubjuguer les Princes de Germanie, & à réduire l'Empire en Monarchie abfolue (1). Le Roi de Dannemarck demandoit fon fecours pour opprimer les Suédois. Les remontrances du Pape parurent toucher François I, le titre de vengeur de la Religion flatta fon courage & fa piété. Il convoqua dans (1) Puffendorf fe trompe lorsqu'il dit qu'on ne voit point dans l'hiftoire qu'aucun Emper ur avant Charles-Quint, eût entrepris d'opprimer les Princes de l'Empire, & de fe rendre maître absolus de toute l'Allemagne. 16. n. 1. 2.34 fon Palais une affemblée des Princes & des Grands de fon Royaume (1). 1518, Le Légat Bibiena vint en leur préfence expofer les dangers de l'Europe, la défolation de l'Afie & de l'Afrique, les conquêtes rapides de Se- Belcar. liv. lim Empereur des Turcs,la réduction de la Syrie, l'oppreffion d'Ifmael Sophi, l'extinction entiere de l'Empire des Mamelus, dont Selim avoit fait pendre le Roi, les vaftes projets de ce vainqueur qui embraffoit déja la conquête de toute l'Europe, qui ne parloit que de rétablir dans fa fplendeur premiere, l'Empire de Conftantin (dont il fe difoit fucceffeur) & de redonner à cet Empire fon ancienne étendue; qui prêt à fuivre les traces de Mahomet II, & tournant comme lui fes vues fur l'Italie, faifoit à la Vallone vis-à-vis Otrante des armemens formidables. Ce torrent alloit tout inonder, fi l'Europe réunie ne (1) Les Croisades que les Papes propoferent dans le quinziéme & le feiziéme fiécles, & qui n'eurent point lieu, auroient eu fur celles des onziéme, douziéme & treiziéme fiécles, l'avantage d'être défenfives & par conféquent plus raifonnables, lui oppofoit toutes fes digues. Le zèle 1518. du Roi s'échauffant à ce récit, il offrit au Légat d'aller lui-même attaquer les Turcs à la tête de quarante mille hommes d'infanterie, de trois mille hommes d'armes & de fix mille Chevaux-legers; toute la Cour applaudit à cette généreuse résolution le Peuple en pouffa des cris de joie l'ancien efprit des Croisades fembla fe renouveller en France, toutes les. prédications ne tendoient qu'à échauffer cet enthousiasme; les Confeffeurs étoient chargés de tourner de ce côté la dévotion & les aumônes des Fidéles; les proceffions, les prieres publiques avoient toutes pour objet cette guerre facrée, qui ne fe fit point cependant. Tout le borna pour lors à des vœux & à des cérémonies, foit que la malheureuse expérience du paffé rendît alors les efprits plus réfervés fur ces entreprises plus pieufes que fages; foit que François I ne trouvant pas fes voifins (1) dif (1) Le Roi d'Ecoffe fut le feul qui parut fe portr avec zèle à l'expédition contre les Turcs, il offrit même d'y accompagner François I en qualite de fon Lieutenant. Cezèle étoit de fon âge. pofés à le feconder, craignît de s'engager feul dans une expédition de 1518, cette nature, foit qu'il tournât dèslors fes vues vers l'alliance qu'il devoit contracter un jour avec ces mêmes Turcs qu'on lui propofoit de combattre. Cependant le Pape, toujours plus effrayé, ne ceffoit d'implorer le fecours de Dieu & des hommes; il envoyoit fes Légats remuer toutes les Cours Chrétiennes, & accorder à tous les Souverains des décimes fur leur Clergé; il ordonnoit à Rome des prieres publiques & des proceffions folemnelles, où on le voyoit Guice marchant nuds pieds appeller Belcar. live fur fon Peuple par fes gémiffe-16. n. 3. mens & par fes larmes la protection célefte; fes prieres furent plus efficaces que fes négociations, Selim mourut avant d'avoir pu exécuter fes projets. Ón avoit du moins écouté avec refpect les propofitions du Pape, mais on ne fit que rire dans le Confeil du Roi de celles de l'Empereur. On le pria d'exécuter feul fes vaftes projets Guicciard. contre la liberté Germanique, & de 1518. trouver bon qu'on n'eût point d'argent & encore moins d'hommes à lui fournir en échange des chimeres qu'il lui plaifoit d'appeller fes droits fur l'Italie. Mais tandis qu'on refufoit de prêter les mains à l'oppreffion de la Germanie, on avoit concouru avec un monftre ennemi de Dieu & des hom-. mes à l'oppreffion de la Suéde. Chriftiern II Roi de Dannemark, furnommé le Néron du Nord, avoit mérité ce titre & l'exécration publique par des crimes qu'à peine Néron fe fût Mém. de permis. C'étoit fur-tout contre les Du Bellay, Suédois qu'il exerçoit les plus gran liv. J. des cruautés. Ces peuples combattoient alors pour la liberté que Marguerite de Waldemar, Reine de Dannemark & de Norwege, furnommée la Semiramis du Nord, leur avoit enlevée en 1391, qu'ils avoient recouvrée & perdue deux fois depuis, & que Chriftiern II venoit de leur enlever pour la troifiéme fois. Malheureusement des noeuds politiques que l'oppofition des caractères n'a |