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18 Août

voyé contre le Roi d'Angleterre, avoit achevé de flétrir la réputation des armes Françoifes à la bataille de Guinegafte; le Roi d'Ecoffe Jacques IV, foible & généreux allié 1513, d'une Puiffance accablée, ayant voulu faire une diverfion en faveur des François en Angleterre, y avoit été tué, & fon armée taillée en pieces. 17 Sept Que ne peut une femme aimée! Louis XII dévoroit ces affronts & ces défaftres; Anne de Bretagne le confoloit par fon amitié, le fortifioit par fon courage; cette reffource fi néceffaire lui eft encore enlevée, & ce qui mettoit le comble à la douleur du Roi, fon peuple alloit fouffrir.

1513.

Malgré fon accablement, il jugea que ce qu'il devoit à la mémoire d'Anne de Bretagne, étoit fubordonné à ce que l'Etat & fa famille exigeoient de lui. Le tems étoit venu de lever l'injufte oppofition que cette Reine avoit eu la foibleffe de mettre à l'union de la Princeffe Claude avec le Duc de Valois ; le mariage Du Bellay,

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s'accomplit le 18 Mai 1514 à Saint Germain-en-Laye.

La Princeffe, outre la Bretagne, dont Louis XII la mit dès-lors en poffeffion, outre les droits fur le Milanès, portoit en dot à fon mari les Comtés d'Aft, de Blois, d'Etampes, de Vertus, Coucy & Montfort-l'Amaulry; elle lui portoit une dot plus précieufe encore, un fonds inépuifable d'humanité, de douceur, de fageffe, de piété, enfin toutes les vertus de fon Pere : les Auteurs de fon tems ne balancent point à l'honorer comme une fainte; il y en a même qui defcendent dans le fecret de fa confcience, & qui affurent qu'elle ne pécha jamais mortellement.

Journal de La Comteffe d'Angoulême dans fon Jouife de Sajournal prend l'univers à témoin qu'el le a toujours honorablement & amiablement conduit la Reine fa bru;» chacun » le fçait, dit-elle, vérité le cognoift, expérience le démontre, auffi fait publi» que renommée. De pareilles proteftations font fuperflues quand elles font vraies; ce témoignage que la

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Comteffe a fi grand foin de fe rendre, n'eft pas confirmé par les Hiftoriens; ils prétendent que fes hauteurs exercerent triftement la patience de cette vertueuse Reine. Les infidélités de François l'exercerent auffi, mais en fecret; elle l'aima toujours tendrement, & parut se contenter du froid retour de l'eftime qu'on ne pouvoit lui refufer. Elle étoit boîteufe comme fa mere, & d'une figure auffi commune que celle de fa mere étoit noble: elle n'avoit que les graces peu piquantes de la bonté; François fentit du moins le prix de fon ame & la refpecta jufqu'à déférer fouvent à fes confeils dans les matieres les plus importantes. Ces détails ne peuvent être entierément indifférens dans l'Hiftoire de François I, dont le regne fut celui de la galanterie, autant que de la bravoure & des talens.

PREMIERES

CAMPAGNES

de François, &c. jufqu'à la mort
de Louis XII.

Depuis la mort de Gafton de Fois

la tendreffe de Louis XII s'étoit raffemblée toute entiere fur le Duc de Valois, & le Duc de Valois brûloit de rendre Gafton à Louis XII; la gloire de ce jeune Héros l'enflammoit d'une généreufe émulation. Il fit fes premieres armes dans cette guerre malheureuse, où la France entamée de tous côtés, luttoit difficilement avec des forces inégales contre l'Europe entiere: elle ofoit pourtant encore fournir des fecours à fes Alliés opprimés. Une armée commandée par le Duc de Longueville, & par ce Charles de Bourbon fi fameux dans la fuite, marchoit vers la Navarre pour rétablir Jean d'Albret dans le Royaume dont il avoit été injuftement dépouillé; mais une méfintelligence funefte divifant les deux Généraux arrêtoit les progrès de cette armée. Le Roi qui s'étoit fi bien Bellay, 1. 1. trouvé d'avoir confié au jeune Gafton le foin de l'Italie, envoya le jeune Valois prendre le commandement de l'armée de Navarre. Toute difcorde finit à fon arrivée. Le refpect dû à son rang, fa politesse, fes

Martin Du

Petrus de

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Mariana.

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égards pour les deux Généraux qu'on lui fubordonnoit, fur-tout cette ardeur pour la gloire, ce germe d'héroifme impatient d'éclorre, qui brilloit dans les yeux, qui animoit toutes fes démarches, réunirent tous les cœurs fous fes loix: on courut aux Efpagnols, qui campés alors à Saint Jean de Pied-de-porc, défendoient Angleria Epift. 501 l'entrée des Pyrenées; on préfenta la feq. bataille à ce Duc d'Albe (1), qui venoit de s'illuftrer par la conquête de Navarre, rapide, mais facile de la Navarre. Le Duc de Valois fe propofoit d'égaler la gloire que Gafton de Foix avoit acquife à Ravenne, dût-il périr comme lui dans le fein de la victoire, mais le Duc d'Albe répondit prudemment, que le Roi fon maître lui avoit défendu d'expofer fa nouvelle conquête au hafard d'une bataille; on le força cependant d'abandonner Bellay, 1. 1. le paffage des montagnes & de reculer au-delà de Roncevaux. Le defir de l'amener à la bataille qu'il évitoit, engagea les François au fiége de

(1) Frederic de Tolede

Martin d

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