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Pampelune, ils efperoient même qua leur arrivée les habitans pourroient fe déclarer pour leur Roi; alors l'armée Espagnole privée des reffources qu'elle tiroit de cette Place, & enfermée dans les montagnes par les François & les Navarrois réunis, eût infailliblement péri de mifere. Mais l'activité du Duc d'Albe prévint les François & contint les Navarrois. Ce Général avoit pénétré le deffein des premiers, & s'étoit jetté dans Pampelune; cependant ni ce nouvel inconvénient, ni la rigueur de la faifon déja fort avancée, ni la difette des vivres dans un pays montagneux, aride & couvert de neige, n'euffent peut-être empêché le fuccès de ce fiége important, fi l'irruption de l'Empereur & du Roi d'Angleterre en Picardie, n'avoit précipité par ordre de la Cour, le retour de l'armée de Navarre en France. Le froid, la faim, les maladies, les fatigues, les marches forcées, plus à crain-.. dre que les Espagnols, pourfuivirent cette armée dans fa retraite, & le Duc de Longueville, l'un de fes

Généraux, mourut au milieu de la

route.

1513

Martin du

Bellay, 1. t.

L'année fuivante le Marquis de Rothelin fon frere (1), devenu Duc de Longueville après lui, perdit la liberté à la journée de Guinegaste ou des Eperons; c'étoit la deftinée de Maximilien de battre les François en cet endroit: trente-quatre ans auparavant le même lieu l'avoit vu vainqueur du fameux Defcordes ou Defquerdes, l'éleve de Charles le Téméraire, & le meilleur Général de Louis XI; mais il eut peu de part au fuccès de la journée des Eperons, tout l'honneur de cette victoire appartenoit aux Anglois. Plufieurs Hif- Guicciard, toriens, du nombre defquels eft Gui- liv.12. chardin, difent même que l'Empe- Du Bellay, reur arriva au camp plufieurs jours liv. 1. après la bataille.

Mém. de

I.

Hift. du Chevalier

Louis XII qui avoit éprouvé dans Bayard. la précédente campagne les talens militaires du Duc de Valois, le choifit pour réparer cet échec, pour raffu

(1) Brantôme confond mal à propos ces deux Ducs de Longueville.

Journal de Louise de SaMem. de Du

voye.

Bellay, 1. Ja

rer les troupes allarmées, pour fouf traire la Picardie au joug qui la menaçoit; mais comme il s'agiffoit de faire une guerre purement défenfive, d'obferver feulement les ennemis & de retarder leurs progrès, fans rien entreprendre contre eux, le Roi craignit que le courage impétueux du jeune François ne dédaignât des opérations dont la gloire devoit être peu éclatante, il lui défendit de rifquer aucun combat avec les forces inférieures qu'il alloit commander, il l'exhorta de fuivre en tout les avis des Capitaines les plus expérimentés & les plus prudens.

François faifit le véritable efprit de cette campagne. Ses premiers mouvemens font avouer à tous ces vieux Chefs qu'on lui donnoit pour guides, qu'il étoit digne de les con duire. Il trouve l'armée campée dans un pofte indifférent, il l'en tire, & va fe placer à Encre au-delà de la Somme, pofte avantageux d'où il couvroit toute la frontiere. Il laiffe les Martin Du Impériaux & les Anglois prendre Theroüenne, s'en difputer la poffef

Bellay, 1. I

fion & le brûler par l'impoffibilité de s'accorder il attend paifiblement qu'ils ofent entamer la Picardie, & fe tient prêt à fe porter par-tout où fa préfence feroit néceffaire: mais toute la prudence humaine ne pouvoit deviner l'entreprise où le Roi d'Angleterre alla s'engager. Il poffédoit plufieurs Places dans la Picardie maritime; il n'avoit d'autre intérêt que de s'aggrandir de ce côté-là ; il ne devoit rien à l'Empereur, qui avoit trop peu contribué aux dépenfes & aux travaux de cette campagne, quoiqu'il eût pris à cet égard les engagemens les plus étendus. L'Empereur loin d'aider les Anglois leur étoit fort à charge; fon armée étoit à leur folde, l'entretien même de fa Maison retomboit fur eux & leur coûtoit cent écus par jour; ce pendant quelque dégoûtés qu'ils fuffent de cet allié inutile, infidéle & onéreux, leur jeune Roi fans expérience & fans vûes, faifant la guerre pour le plaifir de la faire, fe laiffa engager par l'adroit Maximilien à faire le fiége de Tournay, Place en

clavée dans les Pays-Bas, éloignée de la mer, inutile par conféquent aux Anglois; mais elle incommodoit la Flandre, devenue le patrimoine de la Maifon d'Autriche, & cette raifon décifive pour l'Empereur feul, détermina le Roi d'Angleterre.

Le Duc de Valois héfita s'il iroit fe jetter dans Tournay, il en étoit éloigné de près de vingt lieues, il en étoit féparé par plufieurs rivieres entre autres par la Scarpe & par l'Efcaut; ce projet demandoit toute la rapidité de Gafton de Foix. C'étoit ainfi qu'on avoit vu ce jeune Héros traverfer plufieurs grandes rivieres & voler de Bologne à Breffe à travers mille obftacles; mais le Duc de Valois confidera que cette entreprise, fi peu vraisemblable de la des part Anglois, pouvoit n'être qu'un stratagême pour le tirer du pofte qu'il occupoit & pour dévafter enfuite à loifir la Picardie; d'ailleurs Tournay étoit une ville attachée à la France, mais libre & qui n'eût peut-être point Mem. deDu voulu recevoir de garnison FranBellay, 1. I. coife: de plus les efforts qu'auroit

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