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breux qui s'y étoit retranché. Les efforts que fit cette généreufe Mai-1521 fon de La Mark (1) abandonnée à elle-même, firent juger de' ce qu'elle auroit pu faire, fi elle eût été appuyée par la France, comme elle s'y attendoit. Elle fut enfin obligée de ceder, Robert de La Mark abaiffa fon orgueil jufqu'à demander une tréve, & il eut bien de la peine à en obtenir une de fix femaines par le crédit de fon ancien ami Sickin

(1) C'étoit pourtant de cette même Maifon que' le Maréchal de Châtillon écrivoit au Roi vers ce tems: Je voudrois re plus foible de cent hommes 'armes, & fi en ai bien affaire, & qu'il n'y euft piéce de leur race ne de leurs ferviteurs jufques à cent lieues d'ici, & fuis feheur qu'il n'y a homme' de bien en cefte compagnie qui n'en voulsist autant. Lettre du 1 Septembre 1521. Manufcrits de Béthune, volume cotté 8492, fol 32.) Le motif de cette injufte fatyre fe trouve dévoilé dans les Mémoires du Maréchal de Fleuranges, où l'on voit qu'il· avoit eu une grande querelle avec le Maréchal de Châtillon.

Dans une autre Lettre le Maréchal de Châtillon' dit: Que files Impériaux attaquent jamais les frontieres de la France, ce ne fera qu'à la follicitation' de Meffieurs de la Marck. C'est toujours la même injuftice & qui provient du même motif; en général toutes les lettres du Maréchal de Châtillon au' fujet de la Maifon de la Marck, font des fatyres violentes contre cette illuftre Maison,

ghen, encore cette tréve ( dans la→ 1521. quelle Fleuranges refufa d'être compris) fut-elle employée à renforcer l'armée de Nassau, à s'emparer des poftes les plus avantageux, à préparer la ruine entiere de la Maifon de La Mark & l'invafion des frontiéres de la France.

Le Roi s'indignoit de voir oppri mer ainfi fon Allié qu'il avoit luimême aidé à défarmer, il voyoit bien que c'étoit à la France que l'Empereur en vouloit & qu'il n'exerçoit ainfi fes forces contre un fi foible ennemi que pour les déployer enfuite contr'elle avec plus d'avantage; il fe Mém. de plaignoit en vain au Roi d'AngleDu Bellay, liv.. terre des violences de l'Empereur ; cet arbitre partial fe contentoit de renvoyer tout à la conférence qui devoit fe tenir à Calais, il trouvoit jufte d'ailleurs que La Mark fut puni de fon infolence, & il répondoit que l'Empereur ne pouvoit être accufé de rien tant qu'il n'attaquoit point les terres de la France.

Il les attaqua enfin, du moins il les fit attaquer; un Seigneur de la

province de Hainault, nommé De Liques, fous prétexte d'une querelle 1521. particuliére avec le Cardinal de Bourbon, Abbé de Saint-Amand, s'empara de Saint-Amand & de Mortagne, mais l'Empereur fe hâta de le défavouer, & il fit bien, pour n'être point chargé du procédé indigne des gens de De Liques, qui ayant accordé aux François enfermés dans Mortagne l'honneur qu'ils demandoient d'en fortir avec armes & bagages, violerent cette capitulation, pourfuivirent les François dans leur retraite, les dépouillerent & s'abftinrent à peine de les paffer au fil de l'épée.

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Vers le même tems des Soldats de la garnison de Damviller, petite Place appartenante à l'Empereur, & fituée vers les confins du Luxembourg & du Pays-Meffin, avoient enlevé deux Bourgeois de Mouzon, avec une grande provifion de bled qu'ils conduifoient; Montmaur Gouverneur de Mouzon pour le Roi avoit réclamé les hommes & le bled; le Commandant de Damyiller avolt ré

pondu que le tout étoit de bonne pri1521. fe, parce que c'étoit un convoi qu'on menoit aux La Mark, & en effet cela pouvoit bien être (1); Montmaur s'adreffa au Comte de Nassau, qui donna ordre au Commandant de Damviller de rendre & le bled & les hommes, & qui affura Montmaur que l'Empereur vouloit obferver inviolablement les traités.

Mém. de

liv. 4.

Cette Place de Mouzon étoit la Du Bellay, plus expofée aux incurfions des Impériaux, qui après l'avoir allarmée chaque jour par des mouvemens menaçans, vinrent camper à Donzy Bourg dépendant en partie du Duché de Bouillon & en partie du domaine de Mouzon. Donzy n'eft féparé des terres de Mouzon que par le Chers, petite riviere qui fe décharge dans la Meufe au-deffus d'Yvoix. Cette fituation équivoque pouvoit exciter les plaintes des François, mais elle ménageoit aux Impériaux une réponfe fpécieufe. Il arrivoit fouvent

(1) Lettre du 1 Juin 1521, Bibbliotheque du Roi, Manufcrits de Béthune, no. 8467、

à ceux-ci de paffer la riviere & de venir faire le dégât jufqu'aux portes 1521 de Mouzon; (1) Montmorenci qui s'étoit enfermé dans cette place avec des Capitaines diftingués & des Troupes d'élite, envoya demander au Comte de Naffau s'il autorifoit ces infractions de la paix, & s'il avoit ordre d'infulter la France, Naffau répondit qu'il ne prétendoit nullement faire la guerre aux François; que fi l'amour du butin attiroit quelquefois fes Soldats fur les terres de France à la faveur du voifinage, il trouvoit bon qu'ils en fuffent févèrement punis par les François; qu'il n'avoit ni ordre ni defsein d'attaquer la France, & qu'il n'avoit choifi le pofte de Donzy, que parce qu'il s'y trouvoit plus à portée de continuer la guerre contre les la Marcks à l'expiration de la trève.

Ces proteftations furent bientôt démenties par une démarche qui ne recevoit ni interprétation ni excufe;

(1) Anne de Montmorenci, depuis Connétable de France.

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