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les conférences pour la Paix étoient 1521. ouvertes à Calais. le Roi d'Angleterre vouloit absolument être l'arbitre de l'Europe, il ne ceffoit de menacer celle des deux Puiffances qui réfifteroit à fes décifions, de fe déclarer contr'elle. Volfey dépofitaire de fon autorité, ne fe bornoit plus à l'exercer fur des Sujets, dans le fein de l'Angleterre, le fils d'un Boucher d'Ipfwik jugeoit à Calais les Empereurs & les Rois ; il s'étoit rendu dans cette ville, fuivi d'une Cour nombreuse & de prefque tout le Confeil d'Angleterre. Charles & François y avoient envoyé des Plénipotentiaires, à la tête defquels étoient les Chanceliers de France & d'Efpagne qui devoient difcuter les plus grandes queftions de Droit Public.

Les Plénipotentiaires François étoient, outre Duprat, le P. Préfident de Selve, le Maréchal de Chabannes & Robert Gédoyn (1).

(1) Nommés fuivant cet ordre dans le pouvoir du 18 Juillet 1521, Bibliotheque du Roi, Manuscrits de Béthune, n°. 8492, fol. 122.

Les Efpagnols (1), outre le Chan

celier Gattinara, étoient de Ber- 1521. gues, l'Abbé de Saint Bertin fon frere, un Touloufain homme de Loi, nommé Joffe, un Arragonnois, nommé May.

Trois grands objets devoient principalement être agités dans les conférences; la reftitution de la Navarre, la reftitution du Royaume de Naples, les droits fur la Bourgogne; nous fommes obligés d'en renvoyer la difcuffion à une differtation particuliére qui fera placée à la fin de cette Hiftoire.

Le résultat général fut que les Rois d'Espagne ne pouvoient le laver du crime de l'ufurpation à l'égard de la Navarre & du Royaume de Naples. Mais le Juge étoit prévenu', Volfey donnoit à tout moment des marques de la plus grande partialité. Charles-Quint lui avoit, dit-on, promis d'employer tout fon crédit

(1) Lettre d'Olivier de la Vernade au Roi, du 2 Août 1521, Bibliotheque du Roi, Manufcrits de Béthune, no. 8491, fol. 168.

pour le faire élire Pape à la pre1521. miere vacance; d'ailleurs Volley n'aimoit point le Chancelier Duprat dont il craignoit le génie transcendant; il avoit témoigné des répugnances affez fortes à négocier avec lui, il auroit mieux aimé qu'on eût envoyé à Calais l'Amiral de Bonnivet (1), avec lequel il avoit traité autrefois de la reftitution de Tournay. On avoit propofé une fufpenfion d'armes pendant les conférences de Calais; au mépris de cette propofition l'Empereur commettoit toute forte d'hoftilités & exeitoit fous main des troubles dans le Milanès & ailleurs ; quand les Ambasfadeurs de France s'en plaignoient, Volfey répondoit en fouriant: Il eft piqué des pertes qu'il a faites, il cherche à s'en vanger, mais fes intentions font bonnes, & ne tendent qu'à

la Paix.

Pendant ces mêmes conférences,on

(1) Lettre d'Olivier de la Vernade du 2 Août 1521, Bibliotheque du Roi, Manufcrits de Béthune, n. 8491. fol. 133.

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eut lieu de foupçonner les Impériaux d'avoir formé une entreprise fur Ar- 1521. dres; Duprat en parla au Cardinal, qui lui répondit: Ils n'ont garde d'y toucher. Cependant l'entreprise éclata; les Impériaux vinrent pour furprendre la ville pendant la nuit, ils furent répouffés avec honte, grace à la vigilance & au courage des François, parmi lefquels on vit une

vieille femme arracher la hallebarde d'un Soldat ennemi & lui en porter au vifage un coup dont il mourut fur le champ; tous ceux des Impériaux, qui avoient pénétré jufques fur les remparts, furent précipités dans le foffé, les autres prirent la fuite. Duprat se plaignit au Cardinal de cette infidélité; le Cardinal fe contenta de répondre froidement : Ils n'y retourneront plus. (1) Quelques jours après Ardres fut pris & rafé par les Impériaux, beaucoup d'Anglois eurent part à cette expédition.

(1) Lettre écrite au Roi par fes Plénipotentiaires à Calais le 7 Septembre 1521, Manuscrits de Béthune, vol. cotté 8492, fol. 56.

Théroüenne penfa auffi être furpris, 1521. fans que tant d'infractions de la Trève propofée paruffent émouvoir Volley.

Quelquefois les Anglois laiffoient éclater des défiances injurieufes pour les François. Un jour le Cardinal Volfey dit aux Plénipotentiaires François de l'air d'un homme qui annonce une nouvelle confidérable. >> On a cru devoir arrêter un hom» me qu'on a trouvé fur les murail» les, muni d'un plomb & d'une »corde avec lefquels il les nivelloit » & les mefuroit. Il feroit affreux » que tandis que nous fommes ici » occupés à défendre vos intérêts, >> à concilier vos différens, vous euf >> fiez l'ingratitude de former des entreprises contre une Place qui » appartient au Roi d'Angleterre. Je n'ai garde de vous en croire capables, mais enfin l'homme » qu'on a arrêté eft un domeftique » de M. de la Baftie.

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La Baftie étoit l'Ambaffadeur de France en Angleterre, qui avoit futvi le Cardinal Volfey à Calais. II

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