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répondit avec la plus grande ingénuité: Il eft vrai, cet homme eft 1521. » à moi, mais il n'y eft que depuis » huit jours, je ne le connois point, »je fçais feulement qu'il eft Irlan» dois & qu'il m'a été donné par un >> Gentil-homme du Roi d'Angle» terre ; mais puifqu'il eft entre vos mains, je ne le réclame point, je vous prie au contraire de » le faire mettre à la queftion » pour qu'on fçache fi c'eft moi qui lui ai ordonné de mesurer vos » murailles.

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Cependant les têtes Angloifes s'échauffoient, le bruit fe répandoit dans toute la ville que les François avoient voulu furprendre Calais ; enfin quand on eut bien approfondi l'affaire, on trouva que cet homme s'amufoit par défœuvrement à pêcher à la ligne, (1) & qu'il avoit mis un petit morceau de plomb au bout de fa ficelle pour faire entrer l'hameçon dans l'eau.

(1) Lettre des Députés pour les Conférences de Calais, au Roi, dus Août 1521, Manufcrits de Béthune, n. 8491, fol, 3.

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On voit par une lettre du Chan→ 1521. celier Duprat au Roi, (1) de combien de petites circonftances pouvoit dépendre le fuccès des négociations de Calais : » Sire, écrivoit Duprat, » le Cardinal (Volley) en allant à » la Meffe, tiroit peine fur sa Mu» le, & m'a dit qu'il étoit grevé » en façon que ne pouvoit endu>>rer le cheval. Si m'a demandé fi » avoye une lictiere. J'euffe voulu » en avoir une, & qu'il m'euft couf» té deux fois autant qu'elle pour>> roit valoir; Sire, vous lui ferez » chofe fort agréable, fi votre plai» fir étoit de lui en envoyer une, vous congnoiffez le Perfonnaige & » voyez le temps qui court, elle ne feroit pas perdue, & d'autant que® » a Madame (2) en grande vénéra» tion, quand le don fe feroit au » nom d'elle, m'a femblé foubz » correction que n'y auroit que

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(1) De Calais le 1 Septembre 1521, Bibliotheque du Roi, Manufcrits de Béthune, no. 8491, fol. 29.

(2) C'eft ainsi qu'on nommoit la Duchesse d'Ans goulême.

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» biens & que l'en trouveroit meil> leure car fcet que vous n'en 1521. ufez point, & penferoit que fe>> roit de celles de mad. Dame.

» Il n'eft poffible (1), écrivoit » un homme de la fuite des Pléni» potentiaires François, de mieux s fuivre le vouloir & intention du >> Roi que mond. Sr. le Chance»lier a fait en captant la grace du » Cardinal par bons & gracieulx >> moyens, led. Cardinal lui de» manda hier du vin de France, » Monfr. le Chancelier a envoyé » par tout pour en recouvrer du » bon pour fui bailler.

La difcuffion des Droits litigieux n'ayant fait qu'éloigner les efprits au lieu de les rapprocher, le Cardinal arbitre propofa de laiffer toutes ces queftions indécifes & de faire une Trève de fix, de fept, de huit, de dix ans (2). Cette propofition captieuse,

(1) Lettre de Denis Poillot au Tréforier Roberter du 1 Septembre 1521, Bibliotheque du Roi, Manufcrits de Béthune, no. 8492, fol. 129.

(2) Lettre des Députés pour les Conférences dé Calais au Roi du 9 Août 1521, Bibliotheque du Roi, Manufcrits de Béthune, as. 8491, fol. 17a

fuggérée peut-être par les Miniftres 1521. Espagnols, tendoit évidemment à laiffer l'Empereur en poffeffion des Royaumes de Navarre & de Naples & à lui faire acquérir fur ces Etats par le laps de tems une efpéce de droit qu'il n'avoit point encore, elle fut rejettée hautement par les Miniftres François.

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Si on veut fçavoir au refte quef étoit le ton de la difpute dans ces conférences, en voici un exemple affez fingulier le Chancelier de France avoit dit qu'il confentoit de perdre la tête, fi on lui faifoit voir que le Roi fon Maître eût fecouru Robert de La Mark dans fon expédition contre l'Empereur. Le Chancelier de l'Empereur dit je demande la tête du Chancelier de France, car j'ai ici des lettres qui prouvent la connivence de François I. avec Robert de La Mark. Vous n'aurez point ma tête, répondit Duprat, car j'ai ici les originaux des lettres dont vous parlez, & elles ne fignifient point du tout ce que vous dites. Quand on m'adju

geroit votre tête, repliqua le Chan- ——celier Impérial, (1) je n'en voudrois 1521. point, j'aimerois mieux en la place une tête de cochon, elle feroit meilleure à manger. C'eft ainfi que les deux plus grands Miniftres des deux plus grands Monarques de l'Europe traitoient les plus grands intérêts.

Le Cardinal décidé à remporter dans fon Ifle la Couronne d'Olivier imagina de traiter avec François I. directement & fans l'entremife de fes Plénipotentiaires, il depêcha le Lord Grand-Chambellan & le Lord S. Jean pour lui propofer la Paix aux conditions fuivantes : que les Impériaux leveroient le fiége de Tournay, qu'ils retireroient leurs Troupes du Milanès, que les François de leur côté rappelleroient celles qu'ils avoient dans les Pays-Bas & fur les frontieres d'Efpagne; que les autres différens qui reftoient entre les deux Monarques feroient

(1) Manufcrits de Béthune, vol. cotté 8179. Ce volume contient un Procès-verbal des Conférences de Calais, d'où eft tiré en partie ce qu'on vient de rapporter.

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