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toujours foumis à l'arbitrage du Roi 1521. d'Angleterre, qui rendroit fa décifion quand il pourroit, quand il voudroit. C'étoit toujours laiffer l'Empereur en poffeffion des Royaumes conteftés. Cette propofition n'étoit que la premiere mal dégui fée; c'étoit une tréve indéfinie à laquelle on donnoit le nom de paix; mais une paix, pour être folide, doit regler les droits litigieux, & celle-ci ne regloit rien.

Mém. de

Du Bellay,

liv. 1.

16. n. 36.

Tandis que le Roi déliberoit fur 'les offres du Cardinal, il reçut la Belcar. liv, nouvelle de la prife de Fontarabie que le présomptueux Bonnivet promettoit de faire fuivre bien-tôt de celle de S. Sebaftien; il s'étoit fait une fi haute idée de l'importance de ces deux Places, qu'il croyoit que l'Empereur feroit forcé de reftituer la Navarre pour les recou~ vrer, il infpira une partie de cette idée à la Cour, la Ducheffe d'Angoulême l'appuya, François I. qui d'ailleurs étoit peu porté à la paix, voulut conferver Fontarabie, l'Empereur exigea qu'on lui rendît cette

Place; le Roi d'Angleterre demanda qu'elle fût mise en fequeftre entre 1521. fes mains, François I. la garda, la paix ne fe fit point, on fit feulement un Traité pour la liberté de la pêche.

que

Le 2 Octo

bre 1521.

Mézerai accuse le feul Bonnivet Abreg.Chrod'avoir fait refufer la Paix, & prend nolog.. de-là occafion d'attaquer durement fa Mémoire. C'eft ainfi dit-il, qu'un Miniftre vifionnaire & ambitieux jetta fon Roi & Ja Patrie dans une fuite infinie de calamités. Il nous femble Mézerai fe livre un peu trop ici à fon zéle amer contre les Favoris; du moins il eft für que Bonnivet ne fut point le feul qui n'approuva pas la Tréve dangereufe qu'on propofoit à François I. fous le nom de Paix. Les Plénipotentiaires François qui négocioient à Calais, lui manderent expreffément: Nous ne ferons jama's affez malheureux, pour vous confeiller d'y foufcrire (1).

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(1) Lettre des Députés pour les Conférences de Calais, au Roi du 9 Août 1521, Bibliotheque du Roi, Manufcrits de Béthune, ns. 8491, fol. 17%

Mézerai fe fert contre Bonnivet 1521. du grand nom du Comte de Guife; il prétend que ce Héros, prévoyant qu'on ne pourroit garder Fontarabie, ou que fi l'on s'obftinoit à garder cette Place, elle feroit un obftacle à la Paix, vouloit qu'elle fût démantelée, & que les matériaux fuffent employés à conftruire une Fortereffe à Andaye, Ville fituée à la droite de la riviere du même nom, du côté de la France; par ce moyen on eût ruiné un boulevard de l'Ef pagne, on eût affuré davantage la frontiere de France, on eût évité l'embarras de reftituer ou de garder Fontarabie; mais Bonnivet enyvré de fa conquête, & croyant qu'elle l'égaloit aux plus grands Généraux, rejetta l'avis du Comte de Guife. Il fit plus, felon Mézerai, il s'endormit à l'ombre d'un fi beau laurier & négligea de s'affurer de plufieurs Places qu'il pouvoit prendre en très peu de jours fans aucun danger.

Au refte Fontarabie fut confervée avec encore plus de gloire qu'elle

n'avoit été conquife, mais cette gloire eft étrangere à Bonnivet; ce fut 1521. le brave Daillon du Lude d'une va-' leur long-tems exercée dans les guerres d'Italie fous Louis XII, qui fut nommé Gouverneur de cette Place; il juftifia bien ce choix par le courage perfévérant avec lequel il la défendit pendant treize mois entiers contre toute l'armée d'Espagne, il foutint quantité d'affauts, il foutint fur-tout les horreurs d'une de ces famines, dont les exemples font même rares dans l'hiftoire des malheurs &

Mém. de

liv. 2.

des fureurs des hommes; il y avoit Du Bellay, long-tems que tous les animaux domestiques étoient dévorés, que les alimens les plus immondes, les plus dégoûtans, manquoient à la faim enragée de la garnison; qu'on s'arrachoit des cuirs grillés, des parchemins bouillis, & du Lude ne parloit Belcar. livi point de fe rendre, quoiqu'il ne recût aucun fecours. Bonnivet depuis long-tems étoit retourné à la Cour, & ne fongeoit plus à Fontarabie que pour exagérer la gloire qu'il avoit eue de s'en rendre maître, la Cour

17. n. 36.

occupée de tant d'autres objets, 1521. étoit forcé de perdre de vûe celuilà. Cependant la belle défense de du Lude fit ouvrir les yeux, on ne voulut point en perdre le fruit, on envoya le Maréchal de Châtillon avec une armée pour faire lever le fiége de Fontarabie, tandis qu'une flotte commandée par Lartigue, Amiral de Bretagne, devoit porter à cette Place les rafraîchiffemens dont elle avoit un fi preffant befoin. Le Maré→ chal de Châtillon ne put arriver que 124 et jufqu'à Dax où la mort l'arrêta (1), le Maréchal de Chabannes prit le commandement de fon armée, il s'avança jufqu'à la riviere d'Andaye, où il attendit la flotte de Lartigue qui devoit le feconder; mais Lartigue fe faifant trop attendre, Chabannes plein d'une généreufe impatience, paffa l'Andaye à la vûe des ennemis, dont l'armée déja fupérieure à la fienne, venoit encore de recevoir un renfort de fix mille Lanf

1522.

(1) Anne de Montmorenci fon beau-frere, fut fait Maréchal de France à fa place.

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