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contrefaite, incapable d'avoir des enfans: il fallut fubir ce joug, une vengeance terrible eût fuivi de près

le refus.

Sous le regne fuivant, la foibleffe de Charles VIII, le pouvoir exceflif de la Dame de Beaujeu, la néceffité de foutenir les droits de premier Prince du Sang, l'ardeur de la jeuneffe, la fougue des paffions, la fatalité des conjonctures, emporterent le Duc d'Orléans au-delà des bornes légitimes, & il n'en fut que plus malheureux. Ses intentions étoient pures, mais fa conduite fut quelquefois irréguliere; il fe révoltoit, il fe foumettoit; il fe révoltoit encore, it bravoit la Dame de Beaujeu, qui le haïffoit d'autant plus qu'elle l'avoit peut-être aimé, il regrettoit cette célebre Anne de Bretagne qu'il avoit eu le courage de céder au Roi ; il fouffroit, il faifoit des fautes, c'étoit apprendre à regner & à pardonner.

BRANCHE D'ANGOULEME.

Jean, Comte d'Angouleme,

liere de cette

Lorfque Charles, Duc d'Orléans, tige particu touché du repentir d'avoir attiré les branche.

Hift de Char

les VI, année 1412.

Anglois en France, fut contraint, en les renvoyant, de leur payer les fervices qu'ils ne lui avoient pas rendus, il ne put fournir qu'une partie Jean Juvenal de la fomme qu'ils exigerent, & leur des Urfins, donna pour ôtage du refte, fon jeune frere Jean (tige de la branche d'Angoulême) qui, plus malheureux que lui, refta trente-deux ans entre les mains des ennemis. Charles prifonnier lui-même, ne pouvoit le délivrer; mais il fut libre le premier par la générofité de Philippe le Bon, & il femble qu'alors le Comte d'Angoulême eût dû trouver dans un frere qui l'avoit livré à la captivité, les mêmes fecours que ce frere avoit trouvés dans un ennemi qui n'avoit pas contribué à fon malheur. Quoiqu'il en foit, il fallut que le Comte d'Angoulême vendît le Comté de Périgord, & qu'il engageât une partie de fes biens pour recouvrer la liberté, le plus précieux de tous. On ne l'entendit fe plaindre ni de la rigueur du fort, ni de l'oubli de fa famille, ni de l'indifférence de la Cour ; il dédaigna de s'illuftrer dans les agi

tations brillantes de l'intrigue & de l'ambition, il chercha une gloire plus folide dans la retraite, dans la pratique des vertus, dans l'amour de fes fujets. Sa mémoire est encore chere Papyre Maf& vénérable aux habitans de l'An- fon, Vi: de goumois ils le bénissent comme le Comte d'Anbienfaiteur de leurs peres, ils le ré- gouleme.

Jean le Bon

vérent comme un Saint; on a même Vie de Jean ́ imprimé un livre de fes vertus & de Comte d'An. goulême, par fes miracles; mais s'il n'a pas fait pré- Jean Duport, cifément de ces miracles trop multipliés par la fuperftition, trop légerement niés par l'incrédulité, il en a fait un toujours trop rare, celui de rendre fes peuples heureux. Son goût pour la retraite ne nuifit point à fa valeur; il fe fignala dans l'expédition qui enleva aux Anglois la Guyenne en 1451 & 1452.

Charles,

Il eut de Marguerite de Rohan fa femme, Charles Comte d'Angoulê- Comte d'An me, qui ne dégénéra point de la ver- goulême. tu de fes ancêtres ; il parut avec éclat à la Cour, il obtint le Gouvernement de Guyenne. La politique jaloufe de Louis XI lui enleva l'occafion d'une Brillante fortune. Marie de Bourgo

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Philippe de gne, la plus riche héritiere de l'Eu Comines, 1 rope, recherchée par tous les Prin-ces ambitieux, offrit fa main au Dauphin, ou au Comte d'Angoulême. Louis XI rejetta ces deux propofitions fi avantageufes à la France. Le Comte d'Angoulême épousa Louise, fille de Philippe Duc de Savoye. On verra dans la fuite le bien & le mal que cette femme célébre fit au Royaume.

NAISSANCE DE FRANÇOIS.

Le Comte d'Angoulême, fimple & modefte comme fon Pere, avoit puifé à la Cour le goût de la retraite ; on eût dit que ce goût étoit naturel à la jeune Louise de Savoye, tant il parut lui en coûter peu pour s'y conformer. Elle vivoit avec fon mari à Coignac dans la plus étroite union. C'eft-là qu'elle mit au monde le 12 Septembre 1494, ce Prince dont le regne eft une des plus glorieuses époques de la Mo narchie Françoife.

ÉDUCATION DE FRANÇOIS. La Comteffe d'Angoulême, qui

Jorna

voye.

comme femme & comme mere, de-” voit être frappée des moindres détails qui intéreffoient celui qu'elle appelloit fon Roi, fon Seigneur, fon Céfar, & fon Fils, tient dans fon Louife de Sajournal un registre fidéle de tous les petits dangers auxquels l'enfance de François a échappé, de tous les accès de fiévre qu'il a eus, &c. Elle nous apprend que le petit chien Hapeguay, qui étoit de bon amour & loyal à fon Maître, mourut le 24 Octobre 1502; mais elle ne nous dit pas un mot des progrès de l'éducation de François, du développement de fes bonnes qualités, des mefures prifes pour étouffer les mau. vaifes. Ces objets ne lui ont point paru affez importans.

Au refte, il faut convenir qu'à tra vers les périls dont toute enfance eft affiégée, & dont François ne pou-. voit être exempt, elle en remarque deux qui dûrent faire frémir une mere, & que l'hiftoire peut ne pas dé-. daigner.

Ce Prince n'avoit encore que fix ans, lorfqu'une haquenée que le Ma

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