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regne heureux de Louis XII. Tout promettoit cet éclat fi défiré, qui fait la gloire des Nations & qu'on prend fouvent pour le bonheur. François avoit fait fes preuves; on l'avoit vu aimable dans la paix, ardent & habile à la guerre, orner la Cour, fervir l'Etat, repouffer l'ennemi. La Nobleffe, qui ne refpiroit que la guerre, attendoit tout de cet amour pour la gloire dont elle le voyoit enflammé; les femmes comptoient fur fa jeuneffe & fur fa fenfibilité, les Courtifans fur cette libéralité magnifique qui ne favoit rien refufer; le Peuple étoit enchanté de fa franchife, de fon affabilité; il ne démentit dans la fuite aucun de ces préfages; l'amour de la gloire éclata le premier, & bientôt on vit éclorre des projets dignes de fon courage.

CHAPITRE II.

Objets de Guerre. Droits fur Naples.
Droits fur le Milanès & fur Gênes.
L'ITALIE étoit alors le principal
théâtre des expéditions militaires des
François; deux grands, objets, Na-
ples & Milan, tournoient leur valeur
de ce côté. Il eft néceffaire d'expo-
fer les droits qu'ils réclamoient fur
'ces deux Etats, de remonter à l'ori-
gine de ces droits, & d'en expofer
même l'hiftoire avec quelque éten-
due.

Io. NAPLES.

Giannoné Pendant les querelles du Sacerdohift. civ. du ce & de l'Empire vers le milieu du Royaume de Nap es, liv. treiziéme fiécle, Naples & la Sicile, 9. chap. 3. qui ne formoient alors qu'un feul Royaume fous le nom de Royaume de Sicile, étoient poffedés par les Empereurs de la Maifon de Suabe, irréconciliable ennemie des Papes; Frederic II, & les Papes prétendoient fur ce

MAISON DE

SUABE.

Royaume le droit de fuzeraineté qu'ils prétendent encore aujourd'hui. L'Empereur Fréderic II, qui avoit tant fignalé fa haine contre les Papes, & qui en avoit reçu tant d'outrages, eut pour fucceffeur l'Empe- Ughell.Ital reur Conrad, fon fils.

Conrad.

facr.anonym

der. Conrad'

Odoric. Ray

Celui-ci fut, dit-on, empoisonné de reb. Fepar Mainfroy, bâtard de Fréderic II. & Manfr. Mainfroy avoit auffi été foupçonné aldi annal. d'avoir accéléré la mort de fon pere; Ecclefiaft ad & il fembla autorifer ces foupçons annum 1254 en ufurpant la Sicile fur Conradin fon neveu, fils de Conrad & petitfils de Fréderic II.

& feq.

Conradin.

Usurpateur,

Le Pape Alexandre IV, dont Mainfroy ba Mainfroy ravageoit les terres, voyant tard de Fréde qu'il n'avoit à combattre qu'un Ufur

pateur décrié

par

fes crimes, entre

prit de le détrôner; il propofa la Couronne de Sicile à un Prince d'An

gleterre qui ne put profiter de cette offre.

ric.

Anonyme. Giannone;

1.

18. c. 4. Raynaldi,

annee 1764

&

fuiv.

Giannoné, liv. 19. c. I.

Urbain IV fon fucceffeur, l'offrit 3. 4. à Charles Comte d'Anjou, frere de Saint Louis.

La femme du Comte d'Anjou ne voulant pas être la feule des quatre

Tre. MAISON
D'ANJOU.

filles (1) du Comte de Provence; qui n'eût point le titre de Reine, obligea fon mari d'accepter la Couronne de Sicile ; elle vendit fes pierreries pour lever des troupes ; Charles paffa en Italie, vainquit & tua Mainfroy à la bataille de Bénévent, mais il fouilla fa victoire, en laissant mourir la femme & les enfans de fon ennemi en prifon, & fur-tout en faifant couler à Naples fur un échafaut le fang du jeune Conradin, légitime héritier du Royaume de Sicile, héros naiffant, qu'un courage digne de fon nom avoit engagé à défendre fes droits, & que le malheur attaché aux reftes de la Maifon de Suabe, fit tomber entre les mains du vainqueur. Conradin étant fur l'échafaut, jetta fon gand dans la place, gage d'inveftiture pour qui oferoit le venger. Ce gand fat relevé & porté à Jacques Roi d'Arragon, gendre de Mainfroy,

(1) L'aînée avoit époufé St. Louis Roi de France, la feconde Henri III Roi d'Angleter:e, la troifié. me Richard, frere du Roi d'Angleterre, élu Roi des Romains.

qui crut par ce moyen avoir réuni MAISON les droits de Conradin à ceux de D'ARRAGON Mainfroy fon beau-pere.

Rivalité do la re Mai

La Maison de Suabe fut cruelle- fon d'Anjou ment vengée fous Pierre Roi d'Arra- de laMai gon, fils de Jacques, par ce maffacre find Arragon. général des François, connu fous le nom de Vêpres Siciliennes (1).

ANJOU,

Charles I. Charles le Boîteux.

Jacques.

Pierre.

Raynaldi,

Charles d'Anjou ne voulut pas laifler cette atrocité impunie; les ARRAGON, plus grands armemens annoncerent de fa part la plus terrible vengeance, mais le Roi d'Arragon joignant avec fuccès l'artifice à la force, fçut fe maintenir du moins dans l'Ile de Sicile.

année 1282. Giannoné,

1.20. ch. s.

I 28 4!

Charles le Boîteux, fils de Charles d'Anjou, pris devant Naples par un Amiral Arragonnois, tranfporté à Palerme & condamné à mort, penfa fervir de repréfailles à Conradin; fon danger fit mourir fon Pere de 128 5 crainte & de douleur. Charles le Boîteux devenu héritier des droits de la Maifon d'Anjou au Trône de Sicile,

(1) M. de Burigny a prouvé dans fon Hiftoire de Sicile, tit. 2. part. 2. liv. 8. n. 4. que ce malfacre ne fut point prémédité.

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