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réchal de Gyé lui avoit donnée, l'ém porta près d'Amboife à travers la campagne, avec une fougue que rien ne put retenir. On crioit, on se dé fefpéroit, tout le monde croyoit le Prince perdu mais Dieu, dit la Comteffe d'Angoulême, ne me voulut abandonner, cognoiffant que fi cas fortuit m'eût fi foudainement privée de mon amour, j'eufe été trop infortunée. Sept ans après, François fe promenant dans un jardin à Fontevraud, une pierre lancée apparemment avec une fronde par-deffus les murs, lui porta au front un coup dont la violence fit craindre pour les jours..

Le Comte d'Angoulême fon pere étoit mort dès 1496. Louis XII fon coufin étoit parvenu à la Couronne: en 1498. Ce bon Roi, non moins Pere des Princes orphelins que Peredu Peuple, fe croyoit refponfable des vertus & des lumieres que l'édu cation pouvoit leur procurer. L'Archiduc Philippe, fils & gendre de fes ennemis (1), qui avoit peut-être cone

(1) Maximilien I Empereur, & Ferdinand le. Catholique Roi d'Espagne.

Mémoires

de Martin'

ouru quelquefois avec eux à le from per,mais qui refpectoit fa vertu & qui aimoit fon caractère, lui déféra en mourant (1) la tutelle de fon fils aîné, Charles d'Autriche (2). Louis ré- Du Bellay pondit généreufement à cette con- liv. fiance, en donnant pour Gouverneur à fon Pupille, Guillaume de Crouy-Chievres (3); l'homme le plus capable de former un Monarque. If ne cultiva que trop bien dans fon Eleve des talens qui devoient être

(1) Nous rapportons ce fait d'après Du Bellay, plufieurs autres Auteurs: nous ne le difcutons point, parce qu'il eft étranger à l'Hiftoire de Frangois Is mais nous exhortons nos Lecteurs à voir ce que le Pere Daniel en dit (à l'année 1507), peut-être préféreront-ils le témoignage de Godefroy à celui de Du Bellay; nous continuerons cependant de fuivre l'opinion la plus ancienne & lə plus établie:

(2) On le nommoit alors Duc de Luxembourg, on le nomma depuis Prince d'Espagne. C'est le fămeux Empereur Charles V.

(3) D'une des plus illuftres Maisons de Flandre, attachée depuis long-tems aux Ducs de Bourgogne, & après eux à la Maifon d'Autriche, depuis le mariage de Maximilien avec Marie de Bourgo gne. Chiévres lui-même avoit été employé par l'Archiduc Philippe en diverfes négociations importan res, & il y a grande apparence que Louis XII fit pour Charles le choix que fon pere lui-même aurojas ffauc

fi funeftes à la France: ce fut en po litique, en homme d'Etat qu'il lui fit étudier l'hiftoire; il l'accoutuma de bonne heure à tout voir fes par yeux, à tout régler par lui-même; il lui faifoit ouvrir, lire, dif cuter, rapporter au Confeil toutes les dépêches; il l'exerçoit à délibérer, à prendre les voix, à les compter, à les pefer.

L'éducation de François fut auffi confiée par Louis XII à un fage c'étoit Artus de Gouffier-Boify (1), Gentilhomme qui ofoit être éclairé dans un fiécle où la Nobleffe mettoit encore l'ignorance au nombre des titres dont elle étoit jaloufe. Cet excellent Instituteur trouva dans fon Eleve un tempérament plein de feu, capable de toutes les vertus & de toutes les paffions. Il falloit diriger ce feu utile & dangereux, tantôt l'animer, tantôt l'amortir ; c'eft, dit-on, ce que Boify voulut fignifier par la devife qu'il fit prendre à François;

(1) D'une des plus anciennes Maifons du Poitou

c'étoit une Salamandre dans le feu avec ces mots affez peu intelligibles

Nutrifco & extinguo.

On fe réserve d'examiner à la fin de cette Hiftoire, dans une differtation particuliere, ce qui concerne cette devife.

L'éducation de François ne fur pas tournée du côté des affaires comme celle de l'Archiduc Charles, foit parce que Louis XII ayant ou pouvant avoir des fils, le Comte d'Angoulême paroiffoit moins deftiné à porter la Couronne; foit parce que ce même Louis XII, & fur - tout Anne de Bretagne, étant trop jaloux du Gouvernement pour en communiquer les myftères, les occafions manquoient à Boify pour inftruire fon Eleve dans ce genre. Il fit prendre une autre route à fa péné tration, à fa vivacité, à cet inftin& curieux, avide, qui voloit au-devant de l'inftruction, qui dévoroit tous les objets. Il tourna ces difpofitions du sôté de l'amour de la gloire; il cul

tiva en lui cette vérité, cette valeur cette générofité, caractères héroï ques de la Chevalerie Françoife; il fui apprit à répandre fur toutes fest actions, fur toutes fes manieres le vernis de l'affabilité; il lui fit fentir fur-tout, que la barbarie feule avoit pu attacher del'honneur à l'ignorance & de l'aviliffement aux talens; il lui fit aimer tous les Arts, il le difpofa de bonne heure à cette protection éclatante qu'il leur accorda dans la fuite, & en faveur de laquelle les Arts reconnoiffans lui procurerent l'immortalité.

Les exercices de l'efprit ne nuifoient point aux exercices du corps toujours fi utiles, alors abfolument néceffaires. Le jeune Prince adroit, leger, d'une taille élégante, d'une phyfionomie haute & majeftueuse, d'un tempérament robufte, brilloit dans les tournois, excelloit à la courfe, à la joûte, au maniement des armes, &c. perfonne ne conduifoit un cheval avec tant de grace..

L'élite de la Nobleffe Françoife, élevée avec lui, le prenoit pour mo

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